Le père d’un otage aux élus US : Les vrais amis d’Israël doivent presser Netanyahu de conclure l’accord

WASHINGTON – Sept proches d’otages israélo-américains ont rencontré, à l’occasion d’une réunion au Capitole, des membres de la puissante commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis.

Les proches de certains otages américains témoignant devant cette commission ont notamment fait face à un législateur démocrate qui suggérait qu’Israël ne devrait pas libérer des terroristes en échange des otages, et à un autre responsable républicain qui a suggéré que les États-Unis donnent la priorité aux pressions sur l’Iran.

Le député démocrate Brad Sherman a rappelé l’accord approuvé en 2011 par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui prévoyait la libération de plus d’un millier de prisonniers de sécurité palestiniens, dont l’actuel chef du Hamas Yahya Sinwar, en échange du soldat de Tsahal Gilad Shalit, qui avait été enlevé.

Sherman a estimé qu’il était « essentiel de ne pas semer les graines d’un nouveau 7 octobre ».

Répondant au législateur démocrate, le père de l’otage Omer Neutra, Ronen, a déclaré que les services de sécurité israéliens avaient assuré aux dirigeants politiques qu’ils étaient prêts à faire face aux conséquences de la libération de tout terroriste.

Jon, le père de Hersh Goldberg-Polin, a ajouté que l’un des grands rabbins d’Israël avait rendu une décision selon laquelle la loi juive enseignait que sauver une vie en danger était si important qu’il fallait en faire une priorité, même si cela signifiait potentiellement risquer la vie d’autres personnes à l’avenir.

Lors de la table ronde, le représentant républicain Joe Wilson a, pour sa part, largement évité de parler du sort des otages ou de l’accord actuellement sur la table et a plutôt concentré ses remarques sur l’Iran, affirmant qu’il aimerait coopérer avec les familles des otages pour faire pression sur l’Iran, étant donné que certains Iraniens scandent « Mort à l’Amérique et Mort à Israël ».

Les représentants Joe Wilson (à gauche) et Brad Sherman s’expriment lors d’une réunion de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants à Washington avec des familles d’otages américains, le 23 juillet 2024. (Crédit : Capture d’écran/YouTube)

Certains représentants des otages ont semblé quelque peu surpris par les propos de Wilson.

Neutra a répondu en reconnaissant que l’Iran était effectivement une menace à laquelle il fallait s’attaquer, mais a expliqué que la libération des otages était la question la plus urgente, à laquelle il fallait donner la priorité. Une fois les otages libérés, Israël pourra se concentrer sur d’autres menaces.

Polin a comparé la situation actuelle au triage hospitalier, en expliquant qu’aucun bon médecin ne s’occuperait des patients d’un service de cancérologie à l’étage alors qu’il y a des patients qui se vident de leur sang sur le sol sous ses yeux.

Il a reconnu que Netanyahu évoquera probablement, parmi toutes les menaces auxquelles Israël est confronté, l’Iran et ses mandataires. Cependant, il a instamment demandé aux législateurs d’orienter le Premier ministre vers la question la plus urgente, à savoir celle des otages.

D’autres législateurs américains présents à la réunion ont exprimé une solidarité plus nette avec les efforts des familles d’otages pour faire avancer l’accord actuellement sur la table, dont l’un d’entre eux a dit qu’il s’agissait d’un « accord avec Satan ».

Le député démocrate Bill Keating a reconnu qu’Israël n’avait plus rien à accomplir sur le champ de bataille et a estimé que Netanyahu devrait accepter cet « accord durement gagné ».

Le père de l’otage israélo-américain Sagui Dekel-Chen, Jonathan, a déclaré à l’adresse des représentants américains que « tout véritable ami d’Israël doit aujourd’hui faire pression sur notre Premier ministre pour qu’il conclue l’accord dès maintenant ».

Dekel-Chen a fait valoir que les services de sécurité israéliens avaient imploré le gouvernement d’accepter l’accord proposé, expliquant qu’ils avaient atteint les objectifs militaires qu’ils s’étaient fixés.

Il a demandé aux législateurs d’implorer Netanyahu d’accepter l’accord sur les otages.

Daniel Neutra, le frère d’Omer, a par ailleurs déclaré à la commission des Affaires étrangères qu’il avait rencontré Netanyahu et que ce dernier n’avait pas montré qu’il comprenait l’urgence de la situation des otages.

Daniel Neutra, frère de l’otage israélo-américain du Hamas Omer Neutra, s’adresse à la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis, le 23 juillet 2024. (Crédit : Capture d’écran/YouTube)

« Je dois dire qu’il n’a pas semblé comprendre l’urgence de la situation », a regretté Daniel Neutra.

Netanyahu « n’a pas répondu lorsque nous lui avons demandé pourquoi il n’envoyait ses négociateurs pour poursuivre le processus que jeudi, alors qu’il l’avait fait il y a plusieurs jours », a-t-il ajouté.

« Nous devons continuer à faire pression sur toutes les parties concernées, y compris le Hamas, pour qu’elles acceptent cet accord avant que d’autres personnes ne meurent en captivité. »

Le président de la commission, le représentant Michael McCaul, a déclaré à Neutra qu’il rencontrerait Netanyahu demain et qu’il soulèverait la question avec lui.

Au grand dam de nombreuses familles d’otages qui se trouvent actuellement à Washington, Netanyahu a décidé de formuler officiellement de nouvelles exigences dans le courant de la semaine, lorsqu’il enverra l’équipe de négociation israélienne rencontrer les médiateurs. Le Premier ministre affirme que le Hamas commence à plier sous la pression militaire et qu’il peut être contraint d’accepter de nouvelles concessions.

L’ancienne otage Aviva Seigel a raconté devant la commission qu’elle avait vu des filles détenues avec elle après qu’elles ont été « touchées » par leurs ravisseurs du Hamas, dans un témoignage émouvant où elle détaille les conditions difficiles dans lesquelles elle a été détenue pendant 51 jours.

L’ex-otage du Hamas Aviva Seigel s’adresse à la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis lors d’une réunion à Washington avec des familles d’otages américains, le 23 juillet 2024. (Crédit : Capture d’écran/YouTube)

« J’étais affamée alors qu’ils mangeaient devant moi », a-t-elle raconté, ajoutant qu’elle avait constamment soif car les otages ne recevaient que peu d’eau.

Aviva Seigel – dont le mari, l’otage israélo-américain Keith Seigel, est toujours détenu à Gaza – a ajouté qu’elle et les autres otages n’étaient pas autorisés à s’asseoir ou à se lever et que leur seul droit humain en captivité était de décider s’ils devaient s’allonger sur le dos ou sur le côté.

« Il y avait peu d’oxygène et il était difficile de respirer », a-t-elle rappelé, pour faire la lumière sur le sort de ceux qui sont restés en captivité sous terre pendant huit mois de plus qu’elle. Seigel a été libérée dans le cadre de l’accord de libération d’otages conclu entre Israël et le Hamas à la fin du mois de novembre.

Elle a raconté comment elle avait regardé son mari alors qu’ils étaient allongés ensemble dans un tunnel souterrain, luttant pour respirer, et d’avoir prié pour qu’elle meure en premier afin de ne pas avoir à le voir mort.

Seigel a ajouté qu’elle et les personnes avec lesquelles elle était détenue avaient été battues et torturées.

« J’ai vu les filles revenir après avoir été touchées. J’ai vu les filles revenir après avoir été forcées de prendre une douche avec la porte ouverte, alors que c’était la première fois que quelqu’un voyait leur corps », a décrit Seigel.

Ils n’avaient pas le droit de s’enlacer ou de pleurer.

« Maintenant, je suis ici, je pense à Keith et aux filles, et c’est trop pour moi, car je sais où ils sont et avec qui ils sont », a-t-elle poursuivi.

Elle a appelé Netanyahu à accepter l’accord sur les otages qui est sur la table.

« Il est possible de mettre fin à la guerre aujourd’hui, mais si les parties attendent, la situation pourrait devenir incontrôlable et il ne serait alors plus possible de sauver les otages », a mis en garde Aviva Seigel.

Se tournant vers les législateurs américains, elle a imploré : « Je vous demande à tous de nous aider. Je vous en supplie. Il faut qu’ils reviennent le plus vite possible. Je ne veux pas que Keith meure. »