Le procureur général désigné par Trump traite l’ADL de « raciste » et côtoie un négationniste

JTA – Le président élu des États-Unis Donald Trump a désigné Matt Gaetz pour le poste de procureur général, plaçant sur le devant de la scène un incendiaire connu pour ses accrochages avec des groupes juifs, son adhésion à une théorie du complot antisémite, et ses liens avec un négationniste de la Shoah.

Gaetz, 42 ans, a été élu au Congrès en 2016, pour représenter un district de la Panhandle de Floride où il s’est bâti une réputation de l’un des partisans les plus virulents de Trump. Les sénateurs des deux partis ont semblé surpris par cette nomination, ce qui pourrait compromettre ses chances d’obtenir le poste. S’il est confirmé dans ses fonctions par le Sénat, il succédera à Merrick Garland, un ancien juge fédéral juif.

Depuis son élection, Gaetz défraye régulièrement la chronique pour ses prises de bec avec les Juifs et les organisations juives. Il a, de surcroît, fait l’objet d’une enquête pour trafic sexuel.

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Les principaux groupes juifs n’ont pas attendu pour exprimer leur opposition à cette nomination, accusant Gaetz de nourrir l’antisémitisme.

« À une époque où l’antisémitisme atteint des niveaux historiques, il est crucial que le ministère de la Justice soit dirigé par quelqu’un qui combattra l’antisémitisme, et non par quelqu’un qui le propage », a déclaré l’American Jewish Committee (AJC). « Les propos inquiétants tenus par Matt Gaetz dans le passé, notamment ses théories du complot antisémites, devraient suffire à disqualifier toute personne aspirant à devenir le plus haut responsable de l’application de la loi aux États-Unis. »

« Nous exhortons le président élu Trump à reconsidérer cette nomination, sans quoi il incombera au Sénat de la rejeter. »

Le représentant Matt Gaetz se lève pour parler au président américain Donald Trump, assis à droite, alors qu’ils sont assis avec d’autres législateurs républicains lors du cinquième match des séries mondiales de baseball entre les Astros de Houston et les Nationals de Washington, au Nationals Park à Washington, le 27 octobre 2019. (Crédit : Pablo Martinez Monsivais/AP)

Le chef de l’Anti-Defamation League (ADL), Jonathan Greenblatt, a lui aussi dénoncé le « long passif d’antisémitisme du membre du Congrès, depuis la justification de son vote contre la loi bipartisane sur la sensibilisation à l’antisémitisme en invoquant le vieux trope selon lequel les Juifs auraient tué Jésus, à la défense de la théorie du Grand Remplacement en passant par l’invitation d’un négationniste de la Shoah comme son invité pour le Discours de l’état de l’Union en 2018. »

« Il ne devrait être nommé à aucune haute fonction, et encore moins à celle qui supervise l’exécution impartiale des lois de notre nation », a écrit Greenblatt sur X.

En 2018, l’ADL et la Coalition juive républicaine (RJC) ont toutes deux critiqué Gaetz, qui en était alors à son premier mandat, pour avoir invité Charles Johnson, un négationniste de la Shoah au discours de l’état de l’Union. Johnson avait remis en question le nombre de victimes de la Shoah et émis des doutes sur les 6 millions de Juifs assassinés lors de la Shoah pour affirmer à tort que « seuls » 250 000 étaient morts, et de maladie.

Le directeur exécutif de la RJC, Matt Brooks, avait alors déclaré sur BuzzFeed que « l’organisation a été profondément choquée par les propos tenus par Charles C. Johnson, et il est d’une importance capitale que le membre du Congrès reconnaisse que ce dernier est un négationniste de la Shoah, comme l’attestent ses nombreux écrits, et que l’inviter au discours de l’état de l’Union était une erreur ».

L’ADL avait également appelé Gaetz à se distancier des opinions extrémistes de Johnson, écrivant dans une lettre au représentant que son invitation était « une insulte à la mémoire de ceux qui ont été assassinés pendant la Shoah, à leurs familles, et à la communauté juive. »

Charles C. Johnson, négationniste de la Shoah, interviewé sur ABC News en avril 2016. (Crédit : Screen capture/YouTube)

Gaetz a nié que Johnson était un négationniste de la Shoah, expliquant sur BuzzFeed que Johnson « n’est ni un négationniste de la Shoah pas plus qu’il n’est antisémite. C’est un provocateur, j’aurais dû mieux me renseigner avant de l’inviter à l’état de l’Union, et je regrette de ne pas l’avoir fait. C’est ma faute. J’en assume la responsabilité. Mais il n’est pas un négationniste de la Shoah. »

En 2021, alors que le ministère de la Justice enquêtait sur Gaetz pour trafic sexuel, sa relation avec l’homme politique juif Joel Greenberg a fait l’objet d’un examen minutieux. Les procureurs ont finalement renoncé à engager des poursuites contre Gaetz, qui a nié tout acte répréhensible.

Greenberg, ancien percepteur d’impôts du comté de Seminole de 2017 à 2020, et ami de Gatez, avait été inculpé de harcèlement, de trafic sexuel, et d’autres accusations. Il a démissionné à la suite des inculpations.

Joel Greenberg, portant son badge de percepteur et une arme de poing, apparaît dans un reportage télévisé sur ses problèmes juridiques dans le comté de Seminole, en Floride, le 25 janvier 2021. (Crédit : YouTube/JTA)

Plus tard dans l’année, dans un incident distinct, Gaetz a qualifié l’ADL de « raciste » après la demande de l’association à Fox News de licencier l’animateur Tucker Carlson pour avoir prôné la théorie du complot suprémaciste blanc du « Grand Remplacement ».

Gaetz a écrit que Carlson avait « raison de parler de la théorie du remplacement en expliquant ce qui arrive à l’Amérique », ajoutant que « l’ADL est une organisation raciste ».

Et lors d’une audience de la commission de la Chambre des représentants en novembre 2023, Gaetz a interrogé Pamela Nadell, directrice du programme d’études juives de l’American University, pour savoir s’il était encore admissible de critiquer le philanthrope juif et survivant de la Shoah George Soros sans passer pour un antisémite.

Par le passé, Gaetz avait accusé Soros – qui est devenu l’une des principales cibles des critiques, et de l’antisémitisme, de la droite pour son soutien à des causes libérales – de financer la « caravane de migrants » à laquelle les Républicains ont accordé une place centrale lors du vote de mi-mandat de 2018.

Après cette accusation, l’Open Society Foundations de Soros avait exhorté Gaetz à vérifier ses faits, ajoutant : « Nous l’encourageons à ne pas attiser le climat de peur et de haine qui encourage les extrémistes et alimente les menaces de violence. » Trois jours plus tard, un homme tuait 11 Juifs dans une synagogue de Pittsburgh, invoquant la « caravane » comme justification.

Au printemps dernier, Gaetz, aux côtés de la représentante controversée Marjorie Taylor Greene, s’est opposé à un projet de loi définissant l’antisémitisme, car il classait comme antisémite l’idée que les Juifs ont tué Jésus, une position partagée par Gaetz.

« Selon cette loi, l’Évangile lui-même répondrait à la définition de l’antisémitisme ! » a écrit Gaetz sur X, ajoutant : « La Bible est claire. Il n’y a pas de mythe ou de controverse à ce sujet ».

La représentante républicaine Marjorie Taylor Greene (Géorgie) discute avec le représentant Matt Gaetz (Floride) dans la salle de la Chambre des représentants alors que la Chambre des représentants des États-Unis se réunit pour la troisième journée afin d’élire un président et de convoquer le 118e Congrès à Washington, le 5 janvier 2023. (Crédit : Alex Brandon/AP)

Trump a indiqué qu’il considérait le poste de procureur général comme crucial pour son programme. « Peu de sujets en Amérique sont plus importants que de mettre fin à la politisation partisane de notre système judiciaire », a-t-il écrit sur Truth Social, son réseau social, lorsqu’il a annoncé son choix de Gaetz. « Matt mettra fin au gouvernement instrumentalisé, protégera nos frontières, démantèlera les organisations criminelles et restaurera la foi et la confiance des Américains, gravement ébranlées, dans le ministère de la Justice. »