Les Israéliens de New York ne se laisseront pas intimider par la fusillade à Washington

JTA — Lorsque Raif Rashed est arrivé jeudi matin à Taboonia, le restaurant druze dont il est propriétaire à Chelsea, il n’avait pas encore appris que deux employés de l’ambassade d’Israël avaient été abattus devant le Musée juif de Washington.

Quand un journaliste lui a annoncé l’attaque, il a poussé un soupir : « Ouah, ouah, ouah. »

Puis, sur le ton de la plaisanterie, il a ajouté que son restaurant était ouvert à tous ceux qui avaient besoin d’un endroit chaleureux et sûr.

« Je veux dire, quand est-ce que tout ça va prendre fin ? », a-t-il demandé.

« Si vous avez peur, vous pouvez venir nous voir. Ne vous inquiétez pas, nous vous protégerons ! »

Comme une partie non négligeable des Israéliens, Rashed a été personnellement confronté à la violence. Il vit à Jersey City, dans le New Jersey, depuis 2019, mais se trouvait en Israël le 7 octobre 2023. Il a échappé de justesse au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas lors du festival de musique Nova.

Des personnes venues rendre hommage à Yaron Lischinsky et Sarah Milgrim, devant la Maison Blanche, à Washington, le 22 mai 2025. (Crédit : Luke Tress/Times of Israel)

Il n’était pas non plus le seul Israélien à New York à réagir au meurtre de Yaron Lischinsky et Sarah Milgrim avec des réactions bien trempées dans un pays habitué aux attentats terroristes : choc initial, résignation, puis détermination à aller de l’avant.

« C’est effrayant et difficile à ignorer quand cela touche de si près », a déclaré Erela Nornberg, thérapeute familiale et infantile.

« Mais d’un autre côté, ce genre de choses arrive parfois, et les Israéliens savent que la vie doit continuer. »

Tout comme Rashed, Nornberg s’est donnée pour mission de créer un espace accueillant pour les Israéliens. Après le 7 octobre, elle a fondé l’Israeli Hug Center dans l’Upper West Side afin d’offrir des groupes de soutien et des services aux Israéliens.

Elle a prolongé les heures d’accueil le jeudi soir, anticipant que certaines personnes ressentiraient le besoin de se rassembler après l’attaque meurtrière perpétrée à Washington.

Elle a toutefois déclaré comprendre que d’autres puissent ressentir le besoin de rester chez eux.

« Dans le cas d’un traumatisme, il y a toujours un événement, puis des déclencheurs qui vous ramènent en quelque sorte à cet événement », a-t-elle expliqué.

« Cela peut donc susciter des émotions différentes selon les personnes. »

Yaron Lischinsky et sa compagne Sarah Milgrim, tous deux employés de l’ambassade d’Israël aux États-Unis, ont été tués lors d’une fusillade à Washington, le 21 mai 2025, sur une photo non datée. (Crédit : Ambassade d’Israël à Washington)

Nornberg, qui a élevé ses trois enfants à New York, a dit se sentir aussi en sécurité jeudi que n’importe quel autre jour, y compris lorsqu’elle a assisté à la remise de diplôme de son fils à l’Université Columbia mercredi après-midi. Depuis le 7 octobre et le début de la guerre contre le Hamas à Gaza, ce campus est le théâtre de manifestations anti-Israël, de campements et d’allégations d’antisémitisme.

« Est-ce que je me sentais en sécurité ? Je ne le sais pas, mais j’y étais », a commenté Nornberg à propos de la cérémonie.

« Nous vivons vraiment une période insensée. Je ne me sens en sécurité nulle part. »

Se réunir avec d’autres Israéliens est une pratique qu’elle a perfectionnée au cours des dix-neuf derniers mois, depuis l’assaut sanglant du Hamas.

« En tant qu’Israéliens, nous savons que tout peut arriver, et le mieux que nous puissions faire, c’est de rester unis et de nous soutenir mutuellement », a-t-elle déclaré.

Jeudi matin, lors d’une conférence de presse interconfessionnelle au Centre d’histoire juive du centre-ville, le maire de New York, Eric Adams, qui brigue un second mandat en tant que candidat indépendant et sous la bannière « EndAntiSemitism » (Mettons fin à l’antisémitisme), a pris la parole. Il a qualifié la fusillade « d’acte terroriste dépravé » qui « laissera une cicatrice non seulement chez les citoyens juifs de cette ville et de ce pays, mais aussi chez tous ceux qui sont animés de bonne volonté ».

Il a ajouté, faisant écho à de nombreuses autres voix : « Cette violence est exactement ce que l’on entend par ‘mondialiser l’Intifada’. C’est la concrétisation même de ces propos. »

Adams était accompagné de chefs religieux des communautés juive, musulmane et chrétienne, ainsi que de responsables juifs, dont la commissaire de police Jessica Tisch, l’adjoint au maire Fabian Levy et Moshe Davis, le nouveau responsable du bureau du maire chargé de la lutte contre l’antisémitisme.

Le maire de New York, Eric Adams, assistant à un événement, au 40ᵉ commissariat de police de New York, dans le Bronx, le 20 février 2025. (Crédit : Julia Demaree Nikhinson/AP)

Le lien physique le plus direct avec les deux victimes à New York est le consulat israélien à Turtle Bay. Mais le consul général Ofir Akunis a déclaré ne pas s’inquiéter pour la sécurité du consulat, déjà renforcée en temps normal, ni pour celle de ses employés.

Dans une interview, Akunis a déclaré qu’il avait demandé à son personnel d’être plus vigilant à son environnement, mais qu’il était globalement plus confiant quant à l’atmosphère qui règne à New York qu’à la même période l’an dernier, lorsque les manifestations anti-Israël sur le campus et dans les rues étaient plus visibles.

« Nous tous, y compris les employés, nous nous sentons en sécurité dans la ville, aux alentours de l’ambassade et du consulat », a déclaré Akunis.

« Mais de temps en temps, après de telles mauvaises nouvelles, nous devons être plus prudents. »

Ofir Akunis lors d’une conférence, à Tel Aviv, le 17 janvier 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Akunis a évoqué une tentative d’attentat terroriste contre le consulat israélien à New York en décembre dernier, au cours de laquelle un étudiant de 18 ans originaire de Virginie avait qualifié le bâtiment de « mine d’or de cibles » et révélé ses plans à un agent infiltré des forces de l’ordre.

L’étudiant, identifié comme étant Abdullah Ezzeldin Taha Mohamed Hassan, un citoyen égyptien résidant à Falls Church, en Virginie, a été identifié comme un partisan du groupe terroriste sunnite État islamique (EI) et accusé d’avoir « diffusé des informations sur des armes de destruction massive en ligne » ainsi que d’avoir planifié une attaque visant à faire un grand nombre de victimes.

Akunis, qui ne connaissait ni Lischinsky ni Milgrim, tous deux travaillant à Washington, a qualifié leur mort de « terrible tragédie ».

« Nous sommes toujours très attentifs aux questions de sécurité », a-t-il déclaré.

« Mais la menace est réelle. »

« Ce ne sont plus des slogans et des cris. Quelqu’un a simplement pris son fusil et a abattu deux innocents : un jeune couple magnifique. C’est vraiment incroyable. J’espère donc que les gens comprendront la véritable menace que représentent les extrémistes. »