Tsahal : Les violentes manifestations contre l’enrôlement font fuir les ultra-orthodoxes

Le faible taux de participation des hommes ultra-orthodoxes mobilisés pour le service militaire ces dernières semaines pourrait être dû en partie aux récentes et violentes émeutes contre leur enrôlement, qui ont fait fuir les recrues potentielles, a déclaré mercredi aux députés le chef de la division de la planification et de la gestion du personnel du Directorat des Ressources humaines.

Selon l’armée israélienne, seuls 48 des 900 Haredim ayant reçu un avis de convocation le mois dernier se sont présentés au centre de recrutement de Tsahal au cours des deux derniers jours pour une évaluation initiale. La première phase pour les recrues comprend une série d’examens médicaux et psychologiques, ainsi qu’une rencontre avec un officier de sélection.

Témoignant devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le général de brigade Shay Taïb a déclaré qu’il avait « reçu une indication selon laquelle un peu plus de 200 personnes se présenteraient », un nombre important de conscrits ayant répondu positivement lorsqu’ils ont été contactés par téléphone.

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« Nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’une forte pression a été créée au sein de la société ultra-orthodoxe », a déclaré Taïb, rappelant qu’il avait été insulté par des manifestants ultra-orthodoxes alors qu’ils affrontaient la police à l’extérieur d’une conférence sur l’enrôlement dans Tsahal à Tel Aviv la semaine dernière.

« 550 candidats ultra-orthodoxes à l’enrôlement ont été invités à la conférence de préparation au recrutement, et 250 y ont assisté. Il est possible que 300 personnes aient été invitées et aient choisi de ne pas le faire en raison des manifestations tapageuses des factions ultra-orthodoxes à l’extérieur de la conférence », a-t-il déclaré.

Taïb était l’un des deux officiers supérieurs de Tsahal attaqués par des émeutiers haredim à Bnei Brak en juillet, alors qu’ils sortaient d’une réunion avec le rabbin David Leybel sur la création d’une brigade ultra-orthodoxe. La semaine dernière, lors d’une autre émeute, des centaines de personnes avaient tenté de pénétrer dans la maison de Leybel, à Bnei Brak – après quoi il avait déclaré que malgré l’opposition de la direction rabbinique haredi à son travail, « quelqu’un doit s’occuper de la communauté ultra-orthodoxe ».

Le général de brigade Shay Taïb assistant à une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, le 7 août 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La violence s’est poursuivie cette semaine lorsque la police s’est heurtée à des manifestants ultra-orthodoxes au bureau de recrutement militaire de Tel HaShomer, plusieurs femmes journalistes présentes sur les lieux ayant fait état de violences à leur égard de la part des émeutiers lundi.

Mardi, des dizaines de manifestants extrémistes ultra-orthodoxes ont pénétré dans la base. Des images de la scène ont montré les manifestants, qui appartiendraient à la Faction de Jérusalem, pénétrer dans la base en forçant un portail et en brisant une partie de la barrière de sécurité.

Au moins neuf manifestants ont été arrêtés, selon le journal Maariv, qui a souligné que des Haredim ont également jeté des bouteilles sur les policiers.

Le mois dernier, Tsahal avait annoncé entamer le processus de conscription de 3 000 hommes ultra-orthodoxes âgés de 18 à 26 ans, à la suite de l’arrêt de la Haute Cour du mois précédent, selon lequel les exemptions de service, qui étaient auparavant accordées aux Haredim, étaient illégales. Les mille premiers ont été envoyés le 21 juillet et l’armée se prépare à envoyer son deuxième lot.

עימותים בהפגנת החרדים הקיצוניים בלשכת הגיוס@AkivaWeisz https://t.co/xqSXnKUcLG pic.twitter.com/Q6AZkD3hBc

— כאן חדשות (@kann_news) August 6, 2024

Selon Tsahal, les premiers lots comprennent des hommes qui ont un emploi, sont inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur ou détiennent un permis de conduire – ce qui indique qu’ils ne sont pas engagés dans des études à temps plein en yeshiva, bien qu’ils aient bénéficié d’exemptions antérieures pour étudier.

Cette mesure a suscité une réaction du bureau de la procureure générale, qui a déclaré que Tsahal devait étendre sa mobilisation des ultra-orthodoxes à ceux étudiant en yeshiva à plein temps, et à un appel de grands rabbins ultra-orthodoxes à l’attention des jeunes hommes à ne pas se présenter au bureau de recrutement.

Selon le site d’information Ynet, des tracts affichés dans un certain nombre de quartiers haredim indiquaient que le projet était « une terrible Shoah pour les jeunes Juifs ultra-orthodoxes de Terre Sainte ».

De nombreux Juifs ultra-orthodoxes estiment que le service militaire est incompatible avec leur mode de vie et craignent que ceux qui s’enrôlent soient laïcisés, les manifestants contre l’enrôlement criant fréquemment qu’ils « préféraient mourir plutôt que de s’enrôler« .

Un soldat israélien s’adressant à des appelés ultra-orthodoxes, à la base de Tel HaShomer, dans le centre d’Israël, le 6 août 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Les Israéliens qui servent disent que l’arrangement des exemptions massives qui dure depuis des dizaines d’années les accable injustement, un sentiment qui s’est renforcé depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre et la guerre qui s’en est suivie, au cours de laquelle plus de 680 soldats ont été tués et plus de 300 000 réservistes ont été mobilisés.

L’armée a déclaré avoir procédé à des ajustements au centre de recrutement pour les nouvelles recrues haredim, principalement en ne faisant appel qu’à des soldats et des officiers masculins.

Tsahal a également indiqué avoir effectué des tests psychotechniques et des entretiens « adaptés à la communauté haredi », au lieu des tests et entretiens habituels.

Le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Yuli Edelstein, a critiqué la façon dont Tsahal s’y est pris pour appeler les Haredim, ayant précédemment déclaré « qu’il n’y a aucune indication d’un mécanisme ordonné ou de critères clairs quant à ceux qui sont censés recevoir les ordres d’incorporation ».

« Une telle mesure provoquerait un chaos absolu parmi les ultra-orthodoxes », avait déclaré le bureau d’Edelstein dans un communiqué le mois dernier.

En plus de discuter du projet ultra-orthodoxe, la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset a également tenu mercredi une audience sur un projet de loi soutenu par le gouvernement visant à prolonger le service obligatoire dans l’armée, dans le but d’atténuer les pénuries de main-d’œuvre causées par les hostilités en cours à la frontière nord et la guerre à Gaza.

« Je ne sais pas comment distinguer l’extension du service régulier des recrues des yeshivot », a déclaré Edelstein. « Je n’y vois aucune complexité. Notre objectif est d’élargir le recrutement de Tsahal dans tous les secteurs. Nous nous occuperons de toutes les lois pertinentes afin de fournir tous les outils appropriés. »