Opposés à l’enrôlement, des Haredim radicaux bloquent la Route 4 pendant 3 heures
Les manifestants se sont assis sur l'autoroute, près de Bnei Brak, scandant "Nous mourrons et nous ne nous enrôlerons pas", et ont fustigé les policiers ultra-orthodoxes présents
![Des extrémistes ultra-orthodoxes bloquant la Route 4 lors d'une manifestation contre l'enrôlement des hommes haredim dans l’armée israélienne, à l'extérieur de Bnei Brak, le 1er août 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90) Des extrémistes ultra-orthodoxes bloquant la Route 4 lors d'une manifestation contre l'enrôlement des hommes haredim dans l’armée israélienne, à l'extérieur de Bnei Brak, le 1er août 2024. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2024/08/F240801EM06-640x400.jpg)
Les manifestants ultra-orthodoxes – ou haredim – affiliés à une faction extrémiste ont bloqué une grande artère de circulation dans le centre d’Israël pendant trois heures jeudi soir, pour protester contre le recrutement d’ultra-orthodoxes qui étudient en yeshiva dans l’armée israélienne.
Des dizaines d’hommes ont bloqué la circulation à l’heure de pointe dans les deux sens sur la Route 4, à une intersection proche de la ville de Bnei Brak, à l’est de Tel Aviv.
Ils ont scandé des slogans tels que : « Nous mourrons et nous ne nous enrôlerons pas » et « En prison et pas à l’armée ».
La police a déclaré ce rassemblement illégal, mais certains manifestants, dont de jeunes garçons, se sont assis sur la route face aux véhicules et ont résisté aux efforts déployés pour les faire quitter l’autoroute.
עשרות חרדים מהפלג הירושלמי של הרב פרידמן חוסמים את כביש 4 לדרום סמוך לבני ברק, במחאה על חוק הגיוס@eli_hirschmann pic.twitter.com/QDldrfoIa3
— החדשות – N12 (@N12News) August 1, 2024
Certains participants ont critiqué les agents de la police des frontières, qui étaient eux-mêmes ultra-orthodoxes. « Vous vous êtes enrôlés pour les sionistes ? Vous auriez mieux fait de vous enrôler au sein du [groupe terroriste palestinien du] Hamas – là-bas, ils ne combattent pas la Torah », a déclaré l’un d’entre eux, selon Ynet.
La police a fini par évacuer les manifestants et la route a été rouverte à la circulation.
Cette protestation, l’une des nombreuses de ces derniers mois, a été organisée en réponse à l’arrêt historique rendu en juin par la Haute Cour de justice, qui a ordonné à l’armée de commencer la conscription des hommes ultra-orthodoxes et de cesser de financer les yeshivot qui ne s’y conformeraient pas.
Elle était dirigée par un groupe anti-sioniste radical qui s’est séparé il y a plusieurs années de la Faction de Jérusalem, un peu moins extrémiste.
Par ailleurs, des centaines de personnes ont tenté jeudi soir de pénétrer dans la maison du rabbin David Leybel, à Bnei Brak, qui a été attaqué par l’establishment haredi pour sa promotion de programmes visant à aider les membres de la communauté ultra-orthodoxe à entrer dans la vie active et dans l’armée, et qui conseille Tsahal sur la formation d’une nouvelle brigade favorable aux Haredim.
Les proches du rabbin ont déclaré aux médias israéliens que des manifestants étaient arrivés devant la maison et qu’ils avaient commencé à briser des caméras de sécurité, à vandaliser des voitures et à tenter d’entrer à l’intérieur du domicile, en scandant que le rabbin était « digne de mourir. »
« Nous appelons les étudiants du rabbin et tous ceux qui s’opposent à la violence à venir défendre son domicile », ont déclaré les collaborateurs de Leybel aux médias, en demandant à la police de se rendre sur les lieux.
Mais les heurts se sont finalement terminés dans un calme relatif. Des politiciens haredim, dont le ministre de l’Intérieur Moshe Arbel, ont condamné la « poignée d’extrémistes » et ont déclaré qu’ils « profanaient le nom de Dieu et ne faisaient pas partie de notre communauté ».
מילים הורגות! עשרות קיצונים מהפלג הירושלמי מנסים לפרוץ לבית של הרב דוד לייבל האחראי על הקמת החטיבה החרדית. pic.twitter.com/waGWvnEECY
— Merav Sever (@meravseve) August 1, 2024
Le différend concernant la communauté ultra-orthodoxe servant dans l’armée est l’un des plus litigieux en Israël, des dizaines d’années de tentatives gouvernementales et judiciaires pour régler la question n’ayant jamais abouti à une résolution stable. Les dirigeants religieux et politiques haredim résistent farouchement et protestent contre tout effort visant à enrôler les étudiants en yeshiva qui se consacrent à plein temps à l’étude religieuse.
De nombreux Juifs ultra-orthodoxes estiment que le service militaire est incompatible avec leur mode de vie et craignent que ceux qui s’enrôlent soient laïcisés. Ce sentiment s’est renforcé depuis le pogrom du 7 octobre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas et la guerre qui s’en est suivie, au cours de laquelle plus de 680 soldats ont été tués et plus de 300 000 citoyens ont été mobilisés pour effectuer leur service de réserve.
Les militants haredim qui s’opposent à tout ordre d’incorporation dans la communauté ultra-orthodoxe organisent régulièrement des manifestations bruyantes à Jérusalem, à Bnei Brak et ailleurs, qui bloquent la circulation et sont interrompues de force par la police.
En juin, la Haute Cour a statué qu’il n’existait plus de cadre juridique permettant à l’État de s’abstenir d’enrôler des Haredim qui étudient en yeshiva dans le service militaire, et la procureure générale a ordonné au gouvernement d’entamer sans délai le processus de conscription pour 3 000 de ces hommes – le nombre que Tsahal a déclaré pouvoir traiter à ce stade préliminaire.
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Le mois dernier, l’armée a annoncé que le processus de conscription allait commencer. Les 1 000 premiers ordres d’enrôlement ont été envoyés le 21 juillet et Tsahal se prépare à envoyer le deuxième lot.
Mercredi, le bureau de la procureure générale a demandé à l’armée d’étendre sa mobilisation aux étudiants de yeshiva à plein temps et pas seulement aux membres de la communauté haredi qui n’étudient pas la Torah et qui font partie de la population active.
Le gouvernement actuel, qui comprend les partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah, s’est engagé à adopter une loi qui augmenterait progressivement l’enrôlement des Haredim, mais des écarts importants subsistent entre les souhaits des factions ultra-orthodoxes et ceux de nombreux députés de haut rang du Likud.
La commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset travaille actuellement sur un projet de loi relatif à l’enrôlement des ultra-orthodoxes, dont le président Yuli Edelstein (Likud) a assuré qu’il ne serait adopté que s’il y avait un « large accord ».
Si elle est adoptée, cette loi fixera l’âge de l’exemption du service obligatoire pour les Haredim qui étudient en yeshiva à 21 ans – contre 26 ans actuellement – et augmentera « très lentement » le taux d’enrôlement des ultra-orthodoxes.