La procureure générale enjoint à Tsahal d’enrôler 3 000 étudiants haredim
Le Premier ministre a demandé des éclaircissements à Yuli Edelstein après des propos sur le projet de loi qui a passé sa première lecture

Suite à la décision prise par la Cour Suprême, mardi, les services de la procureure générale ont enjoint Tsahal d’appeler immédiatement sous les drapeaux 3 000 étudiants de yeshiva ultra-orthodoxes, et ce, dès le 1er juillet.
« L’establishment de la sécurité doit mettre immédiatement en œuvre la décision et appeler sous les drapeaux les étudiants de yeshiva », a indiqué le procureur général adjoint, Gil Limon, dans une lettre au conseiller juridique de l’armée.
On estime à 63 000 le nombre d’étudiants haredim qui, à la suite de cette décision, vont devoir faire leur service militaire, même si l’armée israélienne a dit au tribunal qu’elle ne pouvait raisonnablement en appeler sous les drapeaux que 3 000 au titre de l’exercice 2024 commencé en juin.
Limon a souligné que ces 3 000 jeunes hommes haredim venaient en sus du nombre moyen d’hommes appelés sous les drapeaux ces dernières années, estimé par les services de l’Etat à 1 800 dans l’argumentaire adressé à la Cour.
Il a par ailleurs indiqué dans sa lettre, également adressée au ministère des Finances et à celui de l’Éducation, que conformément à cette décision, il leur était interdit de transférer des fonds « directement ou indirectement » aux yeshivot ayant déjà perçu des fonds pour les étudiants qui étudient au lieu de faire leur service militaire.
Limon a précisé que cette interdiction avait pour conséquence que les fonds ne pourraient être inclus dans d’autres programmes dont bénéficient les étudiants de yeshiva, signe de l’inquiétude des services de la procureure générale que le gouvernement tente de contourner la décision en réaffectant les fonds par le biais d’autres programmes de soutien.
On estime à 10 000 par an le nombre d’hommes haredim exemptés du service militaire sous de faux prétextes et qui devraient désormais l’effectuer, conformément à la décision de la Cour Suprême, a déclaré un militant ultra-orthodoxe favorable au service militaire.
« On devrait commencer par ceux qui sont exemptés et disent étudier dans une yeshiva [alors qu’ils ne le font pas] », a déclaré au Times of Israël Eliyahu Glatzenberg, cofondateur de l’ONG Achvat Torah, suite à la décision de la Cour Suprême.
La définition du Haredi est variable, ce qui complique les statistiques. Selon Shomrim, plateforme de journalisme d’investigation, si l’on s’en tient à la définition la plus libérale, un millier seulement de Haredim ont fait le service en 2019 et 2020, moitié moins que lors des années 2013 à 2018.
Les statistiques pour 2021-2023 sont similaires, a expliqué un représentant de l’armée israélienne lors de la réunion d’une commission de la Knesset en février dernier.
« Si les quelque 10 000 Haredim exemptés à tort sont appelés sous les drapeaux, les dirigeants de la communauté haredi comprendront mieux le message que si l’armée enrôle de véritables étudiants de yeshiva », dit Glatzenberg.
De son côté le député Yuli Edelstein (Likud), qui dirige la puissante commission des Affaires étrangères et de La Défense de la Knesset et qui est chargée de délibérer sur le projet de loi du service militaire des ultra-orthodoxes ressuscité et qui avait été présenté par Benny Gantz, a publié une déclaration disant que le projet ne passerait qu’ « avec un large accord ». « Ou alors il ne passera pas ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait ensuite, avec d’autres membres de la coalition, demandé des éclaircissements à Edelstein, a rapporté la Douzième chaîne.
Netanyahu aurait été surpris par ces propos, qui semblaient relever de l’opinion du ministre de la Défense Yoav Gallant (Likud), qui a voté contre la première lecture du projet de loi à la Knesset.
Les membres de la coalition estiment qu’Edelstein a été mal compris et qu’il n’aiderait pas l’opposition à voter contre le projet de loi, a expliqué la Douzième chaine.