Gallant : Il vaut mieux encadrer les Haredim par des règlements plutôt que par des lois
Le ministre de la Défense a déclaré "qu'alors que l'armée a besoin de 10 000 nouveaux soldats, elle ne peut accueillir que 3 000 recrues ultra-orthodoxes de plus cette année"
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré aux législateurs que les règlements gouvernementaux plutôt qu’une loi devraient être utilisés pour gérer la façon dont l’armée traite l’enrôlement des membres de la communauté ultra-orthodoxe – ou haredi.
S’adressant à la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset lundi, Gallant a indiqué que la plus grande flexibilité des réglementations gouvernementales, qui peuvent être établies et modifiées par décret, serait mieux adaptée pour résoudre les problèmes de main-d’œuvre de Tsahal, selon une source qui a assisté à la réunion à huis clos.
Gallant a expliqué à la commission que le nombre de conscrits ultra-orthodoxes requis chaque année par Tsahal ne devrait pas être fixé par voie législative, dont l’adoption s’est avérée être un processus long qui n’a laissé que peu de résultats au gouvernement. Il serait préférable d’adopter des règlements gouvernementaux qui s’adapteraient chaque année aux besoins de l’armée, a-t-il déclaré, dans des remarques susceptibles d’accroître encore les tensions avec les partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah.
Selon les médias, les deux partis haredim de la coalition gouvernementale du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont accepté un accord selon lequel le quota de membres de leurs communautés à enrôler serait fixé à 25 % des recrues éligibles pour la première année, suivi d’augmentations annuelles de 5 % jusqu’à ce que le nombre atteigne 50 %. Toutefois, les négociations ont été torpillées par des divergences sur la question de savoir s’il fallait mettre en œuvre les changements sous la forme d’une loi ou d’un règlement, ainsi que par des arguments concernant les sanctions pour les réfractaires à la conscription.
La commission des Affaires étrangères et de la Défense travaille actuellement sur un projet de loi relatif à l’enrôlement des ultra-orthodoxes, dont le président Yuli Edelstein a déclaré qu’il n’avancerait que s’il y avait un « large accord », ce qui a suscité la colère des Haredim, qui y voient le seul moyen d’empêcher une mobilisation massive des étudiants en yeshiva.
La tentative de trouver une formule législative tenant compte des opposants aux exemptions pour la communauté haredi a suscité la colère des législateurs ultra-orthodoxes, qui cherchent un moyen d’inscrire les exemptions dans la loi et d’éviter que les jeunes hommes et femmes haredi ne soient appelés aux mêmes taux que les autres Israéliens juifs.
Si elle est adoptée, la législation fixera à 21 ans l’âge de l’exemption du service obligatoire pour les haredim étudiant en yeshiva, tout en augmentant « très lentement » le taux d’enrôlement des ultra-orthodoxes.
Gallant, qui a également déclaré qu’il ne soutiendrait qu’une législation sur le sujet bénéficiant d’un large soutien, a été le seul membre de la coalition à voter contre la relance du projet de loi, qui avait été adopté en première lecture sous le gouvernement précédent. Au moment où il a été présenté par le ministre de la Défense de l’époque, Benny Gantz, le projet de loi devait être accompagné d’un cadre qui étendrait l’obligation de service national aux ultra-orthodoxes et aux Arabes israéliens.
D’autres membres de la coalition se sont également prononcés contre le projet de loi mais, contrairement à Gallant, ils ont exprimé la conviction qu’il pourrait être révisé de manière substantielle en commission avant d’être adopté.
Face à l’incapacité du gouvernement à traiter la question, la Haute Cour de Justice a statué la semaine dernière qu’il n’y avait pas de base légale pour exempter les hommes haredim de l’appel militaire.
À la suite de la décision de la Cour, le bureau de la procureure générale a ordonné à Tsahal de procéder sans délai à l’enrôlement de 3 000 Haredim.
Cette question, qui couvait depuis longtemps, a été soulevée alors que l’armée fait face à une pénurie de main-d’œuvre provoquée par des mois de combats contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza et par la possibilité d’une guerre contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban.
L’armée a actuellement besoin de quelque 10 000 nouveaux soldats, a déclaré Gallant à la commission lundi, mais elle ne peut accueillir que 3 000 ultra-orthodoxes supplémentaires cette année, qui viendraient s’ajouter aux 1 800 soldats haredim qui sont enrôlés chaque année.
Gallant a noté qu’en plus de l’incapacité à trouver une solution à la conscription haredi, la commission n’a pas non plus réussi à augmenter l’âge auquel les réservistes ne sont plus appelés, après qu’un vote sur cette question a été reporté par Edelstein la semaine dernière.
Au lieu de cela, depuis lundi, la durée de la conscription obligatoire pour tous les hommes, ainsi que pour les femmes servant dans des rôles de combat, a été ramenée de 32 à 30 mois, alors que Gallant avait demandé il y a plusieurs mois que le service obligatoire soit prolongé jusqu’à 36 mois.
Reprochant au gouvernement de ne pas répondre aux besoins de l’armée, Gallant a déclaré à la commission que le ministère des Finances était le principal opposant à l’allongement de la durée du service pour des raisons financières, et que d’autres acteurs soulevaient également des obstacles.
« Le ministère de la Justice et la procureure générale sont en réalité en train de créer des problèmes », a-t-il estimé.
« Tous les vecteurs vont dans la direction opposée à nos besoins », a-t-il déploré. « Contrairement aux avions et aux bombes, les soldats ne peuvent pas être amenés de l’extérieur du pays.
La décision de la Haute Cour signifie qu’après des décennies de controverses et de conflits politiques et sociétaux sur la question, il existe désormais une obligation légale pour les jeunes hommes haredim de rejoindre la plupart de leurs pairs israéliens et de servir dans l’armée.
Le ministère de la Défense a refusé de dire lundi s’il avait commencé à enrôler des membres de la communauté ultra-orthodoxe conformément à la directive de la procureure générale. La perspective de l’enrôlement a déclenché des protestations de masse au sein de la communauté haredi, dont de grandes manifestations à Jérusalem dimanche qui ont tourné à la violence.
Cinq personnes ont été arrêtées lors des affrontements, au cours desquels les manifestants ont également allumé des feux dans la rue et attaqué la voiture du chef du parti Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf.
De nombreux Juifs ultra-orthodoxes estiment que le service militaire est incompatible avec leur mode de vie et craignent que ceux qui s’engagent ne soient sécularisés.