La voiture d’un ministre attaquée lors d’une manifestation contre la conscription
Cinq personnes ont été arrêtées après des violences avec la police ; un agent hospitalisé ; le véhicule qui transportait Yitzhak Goldknopf a essuyé des jets de pierres
Des milliers de manifestants ultra-orthodoxes ont dénoncé, dimanche, le service militaire obligatoire des jeunes étudiants en yeshiva. Il y a eu des jets de pierres et des heurts entre protestataires et forces de l’ordre.
Cinq personnes ont été appréhendées dans le cadre de ces affrontements. Les participants au mouvement de protestation ont notamment allumé des feux dans la rue et ils ont attaqué la voiture qui transportait le ministre du Logement Yitzhak Goldknopf.
Ils appartenaient, dans leur majorité, à la Faction de Jérusalem, un mouvement extrémiste qui compte environ 60 000 membres et qui manifeste régulièrement contre l’intégration des étudiants en yeshiva au sein de l’armée israélienne.
La colère est vive à un moment où la question délicate du service des jeunes hommes issus de la communauté ultra-orthodoxe a été réinscrite à l’ordre du jour du gouvernement, dans un contexte de guerre en cours dans la bande de Gaza, une guerre qui oppose Israël au Hamas.
Les Haredim sont furieux contre leurs propres députés qui, au sein de la coalition, ont soutenu une initiative récente visant à avancer une loi datant du précédent Parlement qui prévoit d’abaisser l’âge de l’exemption du service militaire obligatoire pour les jeunes étudiants en yeshiva en le faisant passer de 26 ans à 21 ans, tout en augmentant « très graduellement » le nombre de recrues ultra-orthodoxes dans les rangs de Tsahal.
Lors de ce mouvement de protestation survenu à une intersection qui se trouve juste à l’entrée du quartier haredi de Mea Sharim, des panneaux qui disaient : « Nous ne nous enrôlerons pas dans l’armée » et « nous mourrons et nous ne ne nous engagerons pas ». Les participants ont bloqué le carrefour.

Sur une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, des protestataires s’en prennent à la voiture qui transportait Goldknopf, à la tête du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, alors qu’il rentrait chez lui.
Selon les médias israéliens, le véhicule a essuyé des jets de pierre et le ministre a été abreuvé d’insultes.
La police est intervenue quelques minutes plus tard. Le haut-responsable a été évacué du secteur.
משבר הגיוס: מפגינים חרדים תקפו את רכבו של השר גולדקנופף שהיה בדרכו לביתו@AkivaWeisz pic.twitter.com/x509Exq3D3
— כאן חדשות (@kann_news) June 30, 2024
Peu après, c’est la voiture de Yaakov Litzman, ancien leader de Yahadout HaTorah et ancien ministre, qui a été attaquée par les protestataires qui ont brisé le pare-brise de son véhicule. Là encore, la police est venue à son secours mais Litzman a fait savoir depuis que l’automobile avait été détruite.
כעת רכבו של ליצמן נופץ pic.twitter.com/gFgTA9rYLu
— Merav Sever (@meravseve) June 30, 2024
Les forces de l’ordre ont noté, dans un communiqué, que les manifestants avaient aussi jeté divers objets en direction des agents et qu’ils avaient mis le feu à des poubelles. Plusieurs policiers ont été blessés, ont-elles ajouté, notamment un agent qui a été touché à la tête par un projectile et qui a été amené à l’hôpital, où il a été pris en charge.
Les forces de l’ordre ont utilisé différentes méthodes pour disperser les émeutiers. Sur des images, un canon à eau est déployé pour faire reculer les personnes présentes et d’autres montrent les policiers en train de bousculer les protestataires.
מטחי אבנים בלתי פוסקים של מפגינים חרדים על כוחות מג״ב.
עימותים קשים במקום pic.twitter.com/OZmQKPTjdO— רוני גרין שאולוב – Roni Green Shaulov (@Ronigreensha) June 30, 2024
Après la tombée de la nuit, les manifestants sont partis vers le centre de Jérusalem dans un contexte de violences croissantes.
La police a utilisé des canons à eau ‘Skunk’, ou eau de putois – une eau remplie de produits chimiques nauséabonds – et les policiers à cheval ont fait leur apparition pour disperser les protestataires.
Deux personnes ont été arrêtées, soupçonnées d’avoir agressé des agents et d’avoir procédé à des jets de pierre et autres objets.
Plus tôt dans la soirée, au principal rassemblement qui a eu lieu place du Shabbat, le chef de la yeshiva séfarade Porat Yosef, un séminaire religieux de premier plan, a fustigé les députés ultra-orthodoxes pour avoir voté la législation qui abaisserait l’âge de l’exemption militaire.
« Ces idiots veulent faire des compromis ? Nous ne sommes pas propriétaires de la Torah. Tout comme un serviteur ne peut pas faire de compromis avec un propriétaire, nous ne ferons aucun compromis sur la Torah », a-t-il affirmé.

De nombreux Juifs ultra-orthodoxes estiment que le service militaire obligatoire est incompatible avec leur mode de vie et ils craignent que ceux qui, parmi eux, seront enrôlés dans l’armée s’éloigneront à terme de la communauté.
Ce rassemblement – le dernier d’une série de mouvements de protestation similaires qui ont eu lieu ces derniers mois – est venu répondre au jugement historique qui a été rendu, la semaine dernière, par la Haute cour de justice qui a sommé les responsables de Tsahal de commencer à intégrer les hommes ultra-orthodoxes au sein de l’armée, ordonnant également à l’État d’arrêter de financer les yeshivot qui ne se conformeront pas à sa décision.
Une décision qui signifie qu’après des décennies de controverses et de conflits politiques et sociétaux sur la question, il y a dorénavant une obligation légale, pour les jeunes Haredim, de rejoindre leurs pairs israéliens et de faire leur service militaire.
Une nouvelle réalité qui s’est largement imposée en raison de deux éléments majeurs – l’expiration d’une loi initiale qui permettait aux jeunes mâles ultra-orthodoxes d’échapper à la conscription, et l’attaque terroriste sanglante qui a été commise dans le sud d’Israël par le Hamas, le 7 octobre, et qui a déclenché la guerre à Gaza – aiguisant les besoins de Tsahal en matière de ressources humaines.

Si le gouvernement pourrait, en théorie, adopter une nouvelle loi sur l’exemption de service militaire haredi, mener à bien une telle initiative serait politiquement difficile dans la mesure où plusieurs députés du parti du Likud au pouvoir ont indiqué qu’ils ne voteraient pas en sa faveur dans la mesure où le pays étant actuellement engagé dans de lourds combats, et ce, sur plusieurs fronts.