Amir Yaron critique les banques pour leurs profits élevés et leur manque d’équité envers les clients

Le gouverneur de la Banque d’Israël, le professeur Amir Yaron, a critiqué mercredi les banques israéliennes pour les profits importants qu’elles tirent des remboursements de prêts hypothécaires et de crédits, tout en tardant à proposer des dépôts rémunérés à des taux d’intérêt équitables.

S’exprimant lors d’une conférence à Tel Aviv, Yaron a souligné que les banques, qui ont réalisé des bénéfices records grâce aux taux d’intérêt élevés appliqués aux prêts, devraient répercuter ces avantages en offrant des taux d’intérêt plus attractifs pour les dépôts détenus sur les comptes courants des clients.

Le gouverneur a dénoncé l’écart important entre les revenus générés par les prêts et les faibles rendements offerts pour les dépôts courants, malgré les hausses de taux d’intérêt décidées par la Banque d’Israël ces dernières années.

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« Il ne fait aucun doute que le système bancaire israélien se caractérise par un niveau de concurrence insuffisant », a déclaré Yaron.

« La rentabilité élevée des banques repose en grande partie sur les fonds importants détenus par le public sur des comptes courants, une source de financement bon marché et stable pour les prêteurs, mais qui ne génère pas un rendement convenable pour les titulaires de comptes », a-t-il ajouté.

Les principaux prêteurs israéliens, dont Bank Hapoalim et Bank Leumi, ont affiché des bénéfices nets records au cours des deux dernières années. La hausse des taux d’intérêt et l’inflation croissante ont renforcé les revenus financiers des banques et permis à leurs activités de crédit et de prêt de prospérer, tandis que les coûts de remboursement pour les détenteurs d’hypothèques ont explosé, aggravant le coût de la vie dans le pays.

Au troisième trimestre, Hapoalim a enregistré une hausse de 14 % de son bénéfice net, atteignant 4,58 milliards de shekels de revenus d’intérêts nets, tandis que Leumi a rapporté une augmentation de 30 % de son bénéfice net.

Une agence de la Banque Hapoalim, à Jérusalem. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Cette semaine, la Banque d’Israël a maintenu ses taux d’intérêt à 4,5 % pour la septième fois consécutive, après les avoir progressivement relevés depuis un niveau historiquement bas de 0,1 % en avril 2022 pour contrer les pressions inflationnistes. Ces hausses ont permis aux banques d’augmenter les taux pour les emprunteurs, faisant rapidement grimper les coûts pour les détenteurs de prêts hypothécaires.

Les banques israéliennes ont été critiquées pour avoir tardé à offrir des taux d’intérêt compétitifs sur les dépôts, tout en répercutant rapidement les hausses sur les prêts et hypothèques. Les dépôts sur comptes courants, souvent non rémunérés pour les clients, génèrent pourtant des revenus d’intérêts pour les banques.

« La confiance du public envers les banques ne repose pas uniquement sur la garantie que leurs économies sont en sécurité », a déclaré Yaron. « Les banques doivent comprendre que l’équité envers leurs clients et la valorisation de leur épargne sont essentielles pour maintenir leur réputation et, par conséquent, leur stabilité à long-terme. »

Yaron a accusé les banques de ne pas en faire assez pour offrir à la population des taux d’intérêt équitables sur leurs dépôts et leur a demandé de présenter des plans concrets pour élargir les options permettant aux clients d’investir leur argent dans des dépôts rémunérés.

« Les clients doivent également agir et comparer les taux d’intérêt appliqués aux crédits et aux dépôts des banques, disponibles sur le site web de la Banque d’Israël, afin de défier les prêteurs, » a insisté Yaron.

L’écart entre les taux d’intérêt sur les prêts et les dépôts a suscité l’indignation du public et de certains politiciens au cours de l’année écoulée. Toutefois, Yaron a mis en garde contre une intervention législative visant à alléger le fardeau des paiements de crédit et de prêt pour les ménages et les entreprises.

« L’intervention législative dans la fixation des prix, comme l’obligation pour les banques d’offrir un taux d’intérêt minimum sur les dépôts ou de limiter les taux d’intérêt sur les crédits, peut entraîner des résultats indésirables, voire contraires, » a averti Yaron. « De telles mesures pourraient nuire à la capacité des banques à gérer efficacement les risques et à allouer les crédits de manière optimale. »