Katz ordonne à Tsahal de fournir aux familles tous les audios des tatzpitaniyot

Le ministre de la Défense, Israel Katz, a déclaré mardi qu’il avait ordonné à l’armée israélienne de fournir aux familles des tatzpitaniyot – ou soldates de surveillance – tuées ou enlevées lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, l’enregistrement complet de leurs dernières communications radio, après que Tsahal leur a envoyé des versions vraisemblablement éditées.

Dans une déclaration publiée par son bureau, Katz a indiqué qu’il avait demandé à l’armée de fournir aux familles l’intégralité des enregistrements, « à l’exception de certaines sections restreintes pour des raisons de sécurité évidentes, et ce en raison de la nécessité d’une transparence totale avec les familles ».

Tsahal avait déjà déclaré que certaines parties des enregistrements avaient été supprimées pour des raisons de protection de la vie privée, car les sections omises comprenaient des conversations avec des soldats de combat.

« L’armée s’engage auprès des familles endeuillées et ne leur cache aucune information », a déclaré l’armée dans un nouveau communiqué à la suite des déclarations de Katz.

Tsahal a indiqué avoir transmis les enregistrements aux familles lundi, après plusieurs réexamens de l’audio. L’armée a ajouté que les enregistrements envoyés aux familles ne comprenaient que ceux sur lesquels on pouvait entendre les voix des tatzpitaniyot.

Tsahal a également déclaré permettre à toutes les familles de coordonner des visites à l’armée pour entendre l’intégralité des enregistrements, en ajoutant qu’elle n’avait « aucune intention de causer davantage de souffrances aux familles et qu’elle était désolée pour tout le mal qui avait été causé ».

Le ministre de la Défense, Israel Katz, s’exprimant lors d’un événement commémoratif pour les agents de sécurité locaux, le 23 décembre 2024. (Crédit : Yossi Funes/Ministère de la Défense)

Les proches des soldates chargées de la surveillance ont déclaré aux médias israéliens qu’ils n’avaient reçu les enregistrements qu’à partir de l’aube du 6 octobre et jusqu’au soir même. L’invasion d’Israël par le Hamas a commencé très tôt le matin du 7 octobre.

Eyal Eshel, dont la fille, Roni, était de garde lorsque l’invasion a commencé et que l’on pouvait entendre dans des enregistrements rendus publics plus tôt annoncer que les premiers terroristes avaient franchi la frontière, a déclaré qu’il pensait que l’armée avait menti aux familles.

Au début, on a dit aux familles que les enregistrements avaient été détruits lors de l’attaque, mais cela n’avait pas de sens pour Eshel, car la base de surveillance de Nahal Oz dispose de technologies avancées. La seule raison à laquelle il peut penser pour expliquer le mensonge de l’armée au sujet des enregistrements est qu’elle voulait cacher quelque chose, a-t-il déclaré à la chaîne N12 mardi soir.

« Ils n’ont pas tenu compte de ces filles avant le samedi 7 octobre, ils n’ont pas tenu compte d’elles ce samedi-là, et ils ne tiennent pas compte de nous, les familles, aujourd’hui. Je suppose que nous les dérangeons », a-t-il déploré.

Roni Eshel, une soldate de l’armée israélienne, tuée par des terroristes du Hamas sur la base militaire du kibboutz Nahal Oz, à proximité de la frontière de Gaza le 7 octobre 2023. (Crédit : Eyal Eshel via AP)

Il a ajouté qu’il pensait que Tsahal essayait de dissimuler le fait que les soldates chargées de la surveillance avaient prévenu de l’imminence d’une attaque avant qu’elle ne commence ce matin-là, mais qu’elles n’avaient pas été écoutées.

« Nous savons que toute la zone était en proie à une certaine activité parce que les tatzpitaniyot n’ont pas reçu l’ordre, sans raison, de se connecter aux systèmes et de scanner les zones de Shejaiya », a-t-il déclaré en faisant référence à une zone de Gaza.

En raison de la durée limitée des enregistrements, certaines familles n’ont pas pu entendre les voix de leurs proches, notamment celles de Hadar Cohen, Noa Price et Adi Landman, parce qu’elles n’étaient pas en service à ce moment.

Le père de Hadar, Yigal, a déclaré qu’elle avait commencé son service après les derniers enregistrements qui leur ont été remis.

« Nous avons attendu si longtemps et nous sommes très déçus », a-t-il déclaré à Ynet mardi.

« Nous attendions de l’entendre, mais ils ne nous ont pas informés à l’avance de ce que nous allions entendre. Et elle n’était pas présente. Nous n’avons rien obtenu du tout. Je veux entendre les derniers mots de Hadar. Je veux entendre ses derniers instants, c’est très important pour moi. »

La mère de Noa, Sigal, a déclaré à Ynet que l’armée n’avait « rien fait pour restaurer notre foi » avec les enregistrements qu’elle a donnés aux familles.

Le père d’Adi, Barak, a déclaré à Ynet que la conduite de Tsahal était « honteuse » et laissait penser aux familles que l’armée avait quelque chose à cacher.

Dans le sens des aiguilles d’une montre, depuis en haut à gauche : Daniella Gilboa, Karina Ariev, Naama Levy, Agam Berger et Liri Albag, qui avaient été prises en otage par le Hamas, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Même les proches des tatzpitaniyot apparaissant dans les enregistrements ont déclaré qu’il était évident qu’ils étaient incomplets.

Dror Ashram, dont la fille Shay a été tuée lors de l’attaque du Hamas, a déclaré avoir entendu son rire, ce qui l’a rendu « triste et heureux à la fois ».

« C’était agréable de l’entendre, mais nous avons été déçus que les enregistrements soient partiels. Ils les ont très raccourcis », a-t-il déclaré à Ynet.

Suite à l’indignation des familles, le président Isaac Herzog a déclaré dans un communiqué qu’il était temps qu’un groupe d’enquête soit mis en place pour examiner les défaillances qui ont permis à l’attaque de se produire.

« Les cris des familles des tatzpitaniyot et des nombreuses autres familles endeuillées qui se sont adressées à moi me brisent le cœur et renforcent la nécessité de convoquer une commission d’enquête d’État conformément à la loi », a-t-il déclaré.

« Nous devons rétablir leur confiance dans l’État et dans les agences de sécurité, en menant une enquête et en étudiant en profondeur les échecs et la terrible catastrophe du 7 octobre, de manière fiable et indépendante. »

Le 7 octobre 2023, quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.

Parmi les lieux pris d’assaut par les terroristes figure la base de surveillance de Nahal Oz, où quinze soldates de la surveillance ont été tuées et sept ont été prises en otage à Gaza. L’une des otages, Ori Meguidish, a été sauvée et une autre, Noa Marciano, a été retrouvée morte après avoir été assassinée en captivité. Les cinq autres – Liri Albag, Karina Ariev, Agam Berger, Naama Levy et Daniella Gilboa – sont toujours otages.