Les habitants de Mivtahim ont résisté au Hamas, évitant un massacre plus meurtrier

Des membres d’une escouade de sécurité locale, des civils armés et un soldat qui n’était pas en service, ont réussi à repousser des dizaines de terroristes dirigés par le groupe palestinien du Hamas qui se sont infiltrés à Mivtahim, une communauté située à la frontière sud de Gaza, le 7 octobre 2023, malgré ce que l’armée israélienne reconnaît aujourd’hui comme un échec dans la protection de la localité.

Selon les conclusions d’une enquête de Tsahal publiées vendredi, environ 25 terroristes ont tenté d’envahir la communauté de la frontière de Gaza dans les premières heures de l’assaut du 7 octobre. Dirigée par le colonel David Ron, l’enquête a révélé que la réaction de l’armée avait été tardive et insuffisante, laissant le moshav se défendre seul face à une attaque coordonnée.

L’enquête, qui a duré près de neuf mois, s’est appuyée sur de nombreuses sources, parmi lesquelles des entretiens avec des soldats, des journaux opérationnels, des images de vidéosurveillance, des rapports d’observation, des enregistrements et transcriptions radio, des cartes retrouvées sur les terroristes et des documents de renseignement.

« Tsahal a échoué dans sa mission de défendre le moshav Mivtahim », conclut le rapport. Cependant, l’enquête souligne que la bravoure et la détermination de la défense civile locale – dirigée par Dan Asulin, chef de l’escouade de sécurité – ont permis de sauver de nombreuses vies et d’empêcher un massacre à grande échelle.

Les combats ont fait cinq morts parmi les défenseurs : quatre membres de l’équipe de sécurité de réserve – Asulin, Gil Avital, Lior Ben Yaakov et Tal Maman – et un soldat de Tsahal, le sergent-chef Itay Nachmias. Au moins quatre terroristes ont été tués, trois ont été capturés et d’autres ont fui ou ont été blessés.

L’enquête a révélé que l’escouade de Mivtahim, bien que complète en effectifs, n’était ni entièrement armée ni suffisamment entraînée, en raison de directives obsolètes qui avaient laissé plusieurs membres sans armes ou sans équipement adéquat.

Les cinq combattants tombés en défendant le Moshav Mivtahim le 7 octobre 2023. Rangée du haut (de gauche à droite) : Lior Ben Yaakov, le sergent-chef Itay Nachmias, Dan Asulin. Rangée du bas (de gauche à droite) : Gil Avital, Tal Maman. (Crédit : Autorisation)

Les renforts ont mis du temps à arriver en raison de l’ampleur de l’assaut du 7 octobre dans le sud d’Israël, au cours duquel des milliers de terroristes dirigés par le Hamas se sont infiltrés simultanément dans des dizaines de communautés, paralysant une grande partie de la chaîne de réaction de Tsahal.

La 80e division régionale d’Edom, responsable du secteur, s’est retrouvée dépassée, incapable d’assurer une protection complète de l’ensemble des localités attaquées. L’enquête a conclu que l’arrivée tardive des forces de Tsahal avait contribué à l’exposition prolongée du moshav au danger.

Malgré ces circonstances, les défenseurs locaux, les volontaires du moshav voisin de Yesha et le sergent-chef Itay Nachmias, un soldat de l’unité multi-domaine de Tsahal qui n’était pas en service ce jour-là, ont combattu les terroristes dans des échanges de tirs directs à l’intérieur même de la communauté.

Chronologie de l’attaque

L’assaut a commencé à 6h35, lorsque des terroristes ont été repérés avançant vers Mivtahim, dans la foulée d’un barrage massif de roquettes lancé par le Hamas depuis Gaza sur les communautés israéliennes de l’ouest du Neguev et d’autres régions du pays.

Des terroristes du Hamas se dirigeant vers le passage d’Erez entre Israël et le nord de la bande de Gaza, lors de l’assaut sanglant du groupe terroriste palestinien le 7 octobre 2023. (Crédit : Mohammed Abed/AFP)

Dans les minutes qui ont suivi, Asulin, le chef de l’équipe de sécurité locale, a activé l’équipe de défense civile via WhatsApp. Dès 7 heures du matin, des rapports signalant des contacts avec des terroristes ont commencé à émerger, et les défenseurs se sont rapidement positionnés au carrefour principal de la communauté.

À 8 heures, les terroristes ont franchi le périmètre par l’ouest, lançant des grenades dans les zones résidentielles et engageant des combats de maison à maison. Des affrontements acharnés ont ensuite eu lieu près de la synagogue et du rond-point central.

Entre 8 h 24 et 8 h 30, trois défenseurs — dont deux membres de l’équipe de sécurité locale et le soldat hors service — ont été tués dans une fusillade alors qu’ils tentaient d’empêcher les terroristes de progresser davantage à l’intérieur de la communauté. Quelques minutes plus tard, les deux autres défenseurs ont été tués lors d’échanges de tirs distincts, à proximité du centre communautaire pour personnes âgées et de l’école maternelle.

Tout au long des combats, les habitants se sont réfugiés dans des pièces renforcées. Dans au moins un cas, une famille a réussi à repousser des hommes armés depuis l’intérieur de sa pièce sécurisée.

Des terroristes du Hamas, lors du pogrom perpétré par le groupe, se dirigent vers le point de passage d’Erez entre Israël et le nord de la bande de Gaza le 7 octobre 2023. (Crédit : Mohammed ABED / AFP)

À 9 h 40, les terroristes survivants ont commencé à fuir, volant des véhicules civils pour s’échapper.

À 10 h 27, un deuxième groupe de terroristes a tenté de s’infiltrer à Mivtahim, mais a été rapidement repoussé par une unité antiterroriste de Tsahal, LOTAR, qui avait rejoint la communauté à pied après avoir été transportée par avion à trois kilomètres de là.

Des renforts supplémentaires de Tsahal et de la police ont commencé à pénétrer dans la zone vers 11 heures, menant des opérations de ratissage aux côtés des unités spéciales. À 12 h 50, le commandement de la défense du moshav a été transféré à un survivant de l’équipe de sécurité locale, qui a assumé le rôle de chef intérimaire après la mort d’Asulin.

Capture d’écran des images de drone de l’armée de l’air israélienne ayant fait l’objet d’une fuite le matin du 7 octobre, publiées par N12 le 30 avril 2024. (Crédit : Capture d’écran/N12)

Entre 13h30 et 15h30, les troupes ont capturé trois terroristes qui s’étaient cachés dans une cour résidentielle après avoir ligoté des travailleurs étrangers. Les équipes médicales ont soigné les civils blessés et en ont évacué un vers l’hôpital Soroka de Beer Sheva.

Le contrôle total du moshav n’a été rétabli qu’après 1 heure du matin, le 8 octobre, lorsqu’une unité de l’école d’artillerie de défense des frontières de Tsahal a pris le relais. Les volontaires de ZAKA ont commencé à évacuer les corps peu après, et le nettoyage final s’est achevé à 19 heures ce soir-là, soit près de 36 heures après le début de l’attaque.