Israël demande à l’UER qu’un groupe puisse participer sans transgresser Shabbat

Israël a fait pression sur l’Union européenne de radio-diffusion (UER) pour changer le protocole du concours de l’Eurovision à Tel Aviv, pour permettre à un groupe israélien d’éviter de se produire lors du Shabbat, la journée de repos.

Le Shalva Band, principalement composé de huit musiciens en situation de handicap, a captivé les juges et le public israéliens lors de la saison de l’émission Kohav HaBa – dont le vainqueur représentera Israël à l’Eurovision en mai. Samedi, le groupe s’est qualifié pour la finale de l’émission, et il devrait la gagner.

Cependant, étant donné que certains membres du groupe observent le Shabbat, le groupe pourrait quitter le concours avant la fin de la saison. Le règlement de l’Eurovision prévoit une répétition générale 24 heures avant la finale qui a toujours lieu un samedi soir. La répétition a donc lieu le vendredi soir, après le début du Shabbat.

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La répétition générale est considérée comme cruciale et tous les artistes doivent y prendre part parce qu’elle joue un rôle déterminant dans la détermination du score des juges de chaque pays, et qu’elle permet aussi de mettre au point les aspects techniques de la performance avant la diffusion du concours, le lendemain. La participation à la répétition engendre nécessairement une transgression du Shabbat.

Le groupe Shalva a remporté le soutien du public. Une pétition en ligne demandant à les autoriser à représenter Israël sans pour autant transgresser Shabbat a été signée par plus de 11 000 personnes ces derniers jours, et Kan, le radio-diffuseur public israélien, a pris contact avec l’UER pour trouver une solution.

Cependant, ces tentatives d’assouplir le règlement pour laisser le groupe participer ont échoué. L’UER aurait déclaré à KAN que le planning de la répétition générale ne pouvait pas être modifié et que les artistes doivent se produire sur scène durant cette répétition.

Miri Regev, ministre de la Culture et des Sports, assiste à une réunion du comité de la Culture, des Sports et de l’Education à la Knesset, le 2 juillet 2018. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Lundi, la ministre de la Culture Miri Regev a adressé une lettre à l’UER arguant que son insistance à adhérer à un règlement strict « prive certains candidat d’une opportunité en raison de leurs croyances religieuses ».

Regev a demandé aux organisateurs de « permettre de contourner une règle stricte, qui empêche les juifs qui observent le Shabbat de participer, quelle que soit leur nationalité, une valeur fondamentale de toute société démocratique ».

Dans le passé, Sarit Hadad et Boaz Mauda, deux chanteurs respectueux du Shabbat, avaient fait des compromis et s’étaient produits pendant le jour de repos juif pour se plier aux règlement de l’Eurovision après avoir pris conseil auprès de leurs rabbins. Mais le rabbin du groupe Shalva ne semble guère susceptible d’accorder une telle permission.

Le groupe a été fondé il y a 12 ans par Shai ben Shushan, un batteur atteint de lésions cérébrales après avoir été touché lorsqu’il se trouvait au sein d’une unité des forces spéciales de combat.

Après sa convalescence, Ben Shushan avait fait du bénévolat auprès de Shalva, une organisation de Jérusalem qui propose divers services aux personnes handicapées, notamment de la thérapie, des programmes artistiques et des formations. Il avait formé le groupe avec des participants au programme Shalva qui présentaient un talent pour la musique. Anael Khalifa et Dinah Samteh, deux chanteuses, sont aveugles, et certains membres du groupe sont trisomiques.

Le groupe, dont la playlist se compose de reprises de tubes, a fait la tournée des écoles et des synagogues et il a joué aux côtés d’artistes célèbres.

L’an dernier, la chanteuse Netta Barzilai a remporté Kohav HaBa avant de gagner l’Eurovision avec sa chanson « Toy ».

Les autres candidats en lice face au groupe Shalva sont les chanteurs Shefita (Rotem Shefi), Kitria, Maya Bouskilla et Avraham de Carvalho.

Jessica Steinberg et JTA ont contribué à cet article.