Un homme d’affaires israélien dit avoir transféré de l’argent d’un lobbyiste qatari à un ex-collaborateur de Netanyahu

Un homme d’affaires israélien basé dans le Golfe a déclaré avoir transféré de l’argent d’un lobbyiste américain employé par le Qatar à un proche conseiller du Premier ministre Benjamin Netanyahu, selon des enregistrements diffusés mercredi par la chaîne publique Kan.

Dans l’enregistrement, l’homme d’affaires Gil Birger déclare avoir été approché par le lobbyiste Jay Footlik pour donner l’argent à l’assistant du Premier ministre, Eli Feldstein, en disant qu’on lui avait demandé d’effectuer le paiement pour des raisons fiscales.

Birger, par l’intermédiaire d’une société privée, a payé Feldstein, alors que ce dernier travaillait comme porte-parole de Netanyahu, selon Kan, ainsi que la Treizième chaîne, qui a rapporté le mécanisme de transfert mardi soir, avant la diffusion des enregistrements par Kan.

« Il m’a demandé de l’aider pour des questions de TVA », déclare Birger dans les enregistrements, en référence à la taxe sur la valeur ajoutée en vigueur en Israël. « Je le connais [Footlik] depuis 25 ans. Je ne travaille pas avec lui et je ne travaille pas en Israël. Il a travaillé avec lui pendant quelques mois ; c’est lui qui l’a employé, pas moi. »

« J’ai conclu des accords avec Jay sur de nombreuses questions », a ajouté Birger.

Kan a noté dans son reportage que, pendant au moins une partie de la période où Feldstein travaillait pour Netanyahu, l’assistant n’a pas reçu de salaire direct du cabinet du Premier ministre parce qu’il n’avait pas passé d’habilitation de sécurité.

Un visuel, dans le cadre d’une manifestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le tribunal où il est jugé pour corruption, montre Netanyahu et plusieurs de ses proches collaborateurs sont entourés d’argent liquide, avec une flèche pointant vers le mot « Hamas », dans une référence apparente aux paiements qataris versés à l’enclave au fil des ans, le 10 mars 2025. (Avshalom Sassoni/Flash90)

Des sources anonymes proches de Birger et de sa holding, citées par la Treizième chaîne, ont affirmé que les paiements ont été transférés à Feldstein sans que l’homme d’affaires ne sache que Feldstein travaillait au cabinet du Premier ministre.

Dans l’enregistrement, Birger affirme également que le service rendu par Feldstein était lié aux otages. Le Qatar a été un médiateur clé entre Israël et le Hamas.

Les avocats de Feldstein ont déclaré à Kan que la publication des enregistrements prouvait l’innocence de leur client.

« Étant donné qu’un embargo général a été imposé sur tous les détails de l’enquête surnommée Qatargate — et que Kan n’aurait pas violé cet ordre — il est clair que Feldstein n’est pas un suspect dans cette affaire, et ce pour de bonnes raisons », ont déclaré les avocats dans un communiqué.

« Comme cela a été affirmé dès le début des allégations, Feldstein n’a jamais travaillé pour le Qatar, n’a jamais transmis d’informations au Qatar et n’a jamais reçu d’argent du Qatar », peut-on lire dans le communiqué. « Feldstein travaillait pour le cabinet du Premier ministre et toutes ses activités sur les questions politiques et de sécurité étaient menées uniquement au nom et pour le compte du Premier ministre. »

Les enregistrements ont été rendus publics en dépit d’une décision de justice ordonnant le silence sur l’enquête.

Le porte-parole Eli Feldstein lors d’un événement avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la guerre contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom du 7 octobre 2023 par le Hamas. (Crédit : Armée israélienne)

L’enquête a été lancée à la suite de révélations selon lesquelles Feldstein — l’ancien porte-parole de Netanyahu, qui a été accusé d’atteinte à la sécurité nationale dans une affaire impliquant le vol et la fuite de documents classifiés de l’armée israélienne — travaillait pour le Qatar par l’intermédiaire d’une société internationale chargée par Doha d’alimenter les journalistes israéliens en articles favorables au Qatar, alors qu’il était employé par le cabinet du Premier ministre.

Les procureurs ont accusé Feldstein d’avoir divulgué le document de Tsahal dans le but d’influencer l’opinion publique, qui s’était retournée contre Netanyahu après l’assassinat en captivité de six otages israéliens — Hersh Goldberg-Polin, Ori Danino, Eden Yerushalmi, Almog Sarusi, Alexander Lobanov et Carmel Gat — à la fin du mois d’août.

En novembre dernier, il a également été rapporté que Jonatan Urich et Yisrael Einhorn, deux collaborateurs de premier plan de Netanyahu, avaient effectué des travaux de relations publiques pour le Qatar en vue de la Coupe du monde de football de 2022. Ces trois personnes sont considérées comme les principaux suspects dans cette affaire. Tous nient avoir commis des actes répréhensibles, tout comme le bureau de Netanyahu.

Yisrael Einhorn (à gauche) avec Jonatan Urich (au centre) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en 2019. (Crédit : Autorisation)

Fin février, la procureure générale Gali Baharav-Miara a ordonné l’ouverture de l’enquête, qui est menée par l’unité des crimes majeurs Lahav 433 de la police, en collaboration avec l’agence de sécurité Shin Bet.

Lorsque Netanyahu a annoncé ce week-end son intention de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, l’opposition et les dirigeants de la société civile ont accusé le Premier ministre d’avoir agi de la sorte pour faire échouer l’enquête. Netanyahu a répliqué en affirmant que l’enquête avait été lancée dans le but de protéger Bar.

Des informations de la Treizième chaîne diffusées au début du mois affirment que des centaines de milliers de dollars ont été acheminés du Qatar vers divers collaborateurs de Netanyahu, par le biais de divers intermédiaires, dont un appartenant à Urich, qui a nié être employé par le Qatar. Les enquêteurs auraient été surpris par les sommes transférées.