Raanana : Émeute à la synagogue ayant retransmis une cérémonie israélo-palestinienne

La police israélienne a déclaré avoir arrêté trois personnes soupçonnées d’agression lors d’une émeute perpétrée par des militants d’extrême-droite devant une synagogue réformée de Raanana, où était retransmise la cérémonie commune israélo-palestinienne à l’occasion de Yom HaZikaron.

Quatre policiers et trois participants à l’événement ont été légèrement blessés dans ces violences.

Un porte-parole de la police a déclaré que la police de Kfar Saba devait assurer la sécurité de la cérémonie. Les participants ont affirmé avoir alerté la police de l’organisation d’une manifestation, mais que seule une poignée de policiers avait été déployée pour assurer la sécurité de l’événement, ce qui s’est avéré insuffisant face aux quelque 200 manifestants qui se sont présentés.

Les manifestants ont jeté des objets et des pétards sur le bâtiment, ont forcé l’entrée et ont agressé les participants. Après l’arrivée des renforts, les participants ont été évacués par petits groupes, entourés par la police, qui a dû se frayer un chemin dans la foule des manifestants. Certains ont déclaré que les manifestants avaient attaqué leurs véhicules en partant, endommageant les voitures et causant des blessures.

Le député Gilad Kariv (travailliste), un rabbin réformé qui a accompagné l’un des blessés à l’hôpital, a qualifié l’incident de « tentative de pogrom ».

Le responsable de la branche locale du Likud, le parti au pouvoir a averti que la perturbation n’était que le « coup d’envoi » d’une campagne.

זרקו אבנים, תקפו, ריסקו לאחותי את האוטו עם אבנים כשהיא בתוכו.
פיגוע טירור של נוחבות יהודיות בלב רעננה. pic.twitter.com/R6hChXkUqX

— dz ???????????? (@ZimermanDavid) April 29, 2025

La police a déclaré dans un communiqué que « des troubles ont éclaté entre les manifestants et les participants. La police qui se trouvait sur les lieux a séparé les deux camps et a arrêté trois personnes soupçonnées d’agression ».

Les trois suspects ont été emmenés dans un poste de police voisin pour y être interrogés. Les officiers devaient décider s’il y avait lieu de demander une prolongation de la détention provisoire.

La projection à Beit Samueli était une retransmission en direct de la cérémonie annuelle israélo-palestinienne de Yom HaZikaron, qui s’est tenue à Jaffa et a été organisée par Combatants for Peace et le Parents Circle – Families Forum, une organisation locale d’Israéliens et de Palestiniens endeuillés qui ont perdu des membres de leur famille à cause du conflit.

Quelque 80 personnes ont assisté à l’événement organisé dans la synagogue, selon la chaîne N12.

Sur des images publiées en ligne, on peut voir des manifestants se presser dans la cour et sur les marches menant à l’entrée de la synagogue, nombre d’entre eux brandissant des drapeaux israéliens.

Un certain nombre de manifestants ont également forcé l’entrée du bâtiment lui-même, où ils ont proféré des insultes à l’encontre des participants à l’événement, notamment en leur disant « allez à Gaza », tout en les poursuivant, a rapporté Haaretz.

בנוכחות כוחות משטרה ממשיכים אנשי הימין הקיצוני להכות משתתפים, לקרוא מוות למחבלים, לשמאלנים ועוד. המשטרה טרם השתלטה על האירוע pic.twitter.com/GGaOWdrZNo

— לירי בורק שביט (@lirishavit) April 29, 2025

« Vous êtes des nazis ! Nazis ! » a crié quelqu’un à un participant, qui a filmé le chaos.

« Mort aux terroristes ! Mort aux terroristes ! », ont scandé d’autres personnes en applaudissant. « Tous les Arabes sont des putes ! »

La police a été appelée sur les lieux pour évacuer les personnes présentes, tandis que les manifestants continuaient à proférer des injures.

« J’ai cru que j’allais mourir », a déclaré à la chaîne N12 Shuvit, qui a participé et n’a donné que son prénom, peu après avoir été évacuée des lieux. « Nous avons vécu l’enfer, nous tremblons et nous sommes incapables de respirer. On nous a jeté des pierres, des pétards, des œufs, des coups de pied, des crachats, et nous avons été frappés ».

Elle a déclaré qu’en quittant le bâtiment, des manifestants lui ont craché dessus et que quelqu’un lui a jeté une pierre à la tête, la blessant. Elle dit avoir vu une femme âgée également blessée à la tête par une pierre.

La police n’a pas été en mesure de contrôler la situation.

« Il y avait des dizaines d’officiers qui ne savaient pas quoi faire », a déclaré Shuvit. Elle a également décrit comment plusieurs officiers ont escorté chaque participant hors du bâtiment.

« Sans eux, nous ne serions pas en vie », a-t-elle déclaré, notant que les policiers ont également été violemment battus par les manifestants.

Haaretz a rapporté qu’une femme en hijab qui passait en voiture devant la synagogue a également été attaquée. Des militants ont frappé les fenêtres et les portes de sa voiture, proféré des insultes et craché sur le véhicule. La police est arrivée pour l’extraire de la foule.

Orly Erez-Likhovski, directrice du Centre d’action religieuse israélien et directrice adjointe du Mouvement réformé en Israël, a été légèrement blessée lorsque le pare-brise de sa voiture a été brisé et a dû être soignée à l’hôpital.

« Des gens ont donné des coups de pied sur la voiture, quelqu’un nous a jeté une pierre et deux motards nous ont poursuivis », a-t-elle déclaré à Haaretz.

Erez-Likhovski a déclaré que le mouvement avait informé la police qu’il avait reçu des menaces à l’avance, mais que seuls cinq agents avaient été envoyés pour assurer la sécurité de l’événement.

Elle a ajouté qu’en dépit des perturbations, l’événement avait eu lieu : « Ils n’ont pas réussi à le gâcher. »

Le groupe d’activistes de droite Btsalmo avait appelé les gens à manifester lors de la projection.

« Ne permettez pas aux partisans du terrorisme d’entrer à Raanana », a demandé le groupe dans un tract. Il a ajouté que la manifestation « exigerait l’annulation du budget municipal et la restitution du territoire aux habitants de la ville ».

Une résidente de Raanana, qui n’a pas été nommée dans le reportage, a déclaré à Haaretz qu’elle avait envoyé le tract à la police dans l’après-midi précédant l’événement.

Le député travailliste Kariv s’est également entretenu avec la police locale et l’a avertie que des manifestants d’extrême droite prévoyaient de manifester, selon le reportage.

« Ce soir, nous avons à nouveau rencontré le visage hideux de l’incitation à la haine, de la violence et de la haine de l’extrême droite. Le rôle de la police n’est pas seulement de veiller au bien-être des citoyens qui choisissent de célébrer Yom HaZikaron par un événement commun, mais aussi d’envoyer un message clair aux hooligans qui choisissent la violence », a déclaré Kariv dans un communiqué.

Sur X, Kariv a écrit que la synagogue avait été confrontée à une « tentative de pogrom » de la part de « hooligans remplis de haine qui bénéficient d’un vent arrière et du regard détourné » des dirigeants de l’État, une référence apparente au ministre de la Sécurité nationale d’extrême droite, Itamar Ben Gvir, qui supervise les forces de l’ordre.

תראו את זה.
הטירוף הזה ברעננה שם אחת ממשתתפות הצפיה בטקס יום הזיכרון האלטרנטיבי מותקפת בידי המון ומפונית תחת אבטחה של שוטרים לרכבה.
קללות, גידופים, איומים, תקיפות פיזיות, מה לא.
וזה היה ידוע מראש. איפה הייתה המשטרה ואיך אפשרה את האלימות הזאת נגד אנשים שהעזו לחשוב אחרת? pic.twitter.com/nl53mIml8R

— Josh Breiner (@JoshBreiner) April 29, 2025

Le Cercle des parents – Forum des familles, qui organise la cérémonie commémorative annuelle, a déclaré dans un communiqué qu’il « est regrettable qu’en un jour comme celui-ci, où nous commémorons nos chers disparus à cause d’effusions de sang, certains choisissent de nous faire taire par la violence. Nous ne cesserons pas notre campagne pour la paix, la justice et la sécurité pour les deux peuples ».

L’association Standing Together, qui vise à rassembler les communautés juives et arabes, a déclaré dans un communiqué que « la perturbation due à l’intimidation et la tentative d’empêcher la projection par une minorité d’extrémistes ne nous décourageront pas ».

Il a déclaré que des événements conjoints de commémoration ont été organisés dans des dizaines d’endroits à travers la région.

« Nous répandons l’espoir et une voix qui reconnaît l’humanité en chacun – Israéliens et Palestiniens – et qui œuvre pour une vie de paix, de liberté et de sécurité pour les deux peuples.

La responsable de la branche du Likud à Raanana a fait l’éloge des émeutiers.

« À la gauche de Raanana, j’annonce que ce n’est que le coup d’envoi. Ne nous tentez pas », a écrit Racheli Ben Ari Sakat dans une publication Facebook accompagnée d’une vidéo où elle s’adresse aux manifestants.

« Quiconque vient de l’extérieur de Raanana doit s’éloigner d’ici », a-t-elle encore menacé. « Et ceux qui sont à Raanana, vous avez été prévenus. Nous ne nous tairons plus [et] nous sortirons en masse ».

Kariv a demandé jeudi à la procureure-générale Gali Baharav-Miara d’ouvrir une enquête criminelle sur Ben Ari Sakat. Dans sa lettre à la procureure-générale, Kariv a souligné que cette dernière avait appelé à manifester à l’extérieur de la cérémonie avant de proférer des menaces à l’encontre de la gauche de l’échiquier politique, déclarant que l’émeute n’avait été qu’un « coup d’envoi » et que « nous sortirons en masse pour protester ».

Kariv a estimé qu’il était « inacceptable » qu’une personnalité de premier plan de la ville « agisse d’une manière qui est susceptible d’inciter à la violence et de donner lieu à des actes graves à l’encontre de citoyens innocents », ajoutant que son « soutien [à la violence] après coup » signifiait qu’une enquête criminelle devait être ouverte.

La cérémonie conjointe israélo-palestinienne de Yom HaZikaron est organisée chaque année depuis 20 ans, parallèlement aux cérémonies officielles israéliennes en hommage aux soldats tombés au combat et des victimes du terrorisme.

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