Israel365, indifférent au geste controversé de Stephen Bannon, lui rendra hommage

JTA — Un groupe orthodoxe de droite pro-Israël rendra hommage à Steve Bannon, neuf jours après que l’ancien conseiller de Donald Trump a été critiqué pour un geste qui ressemblait à un salut nazi.

Ni le geste ni la réprimande n’ont ébranlé Israel365, dont le fondateur se présente comme « la voix d’Israël dans le mouvement MAGA [Make America Great Again] » et qui s’adresse à un public chrétien évangélique. Samedi soir, le groupe organise un événement à Dallas où, comme il l’a confirmé à la Jewish Telegraphic Agency, il accueillera fièrement Stephen Bannon en tant qu’invité d’honneur.

Bannon, dont le podcast « War Room » exerce une influence considérable sur les partisans inconditionnels de Trump, prononcera également un discours et répondra aux questions. L’événement est organisé par Israel365 Action, la branche de défense des intérêts du groupe, qui présente une liste de candidats aux prochaines élections du Congrès sioniste mondial.

« Nous sommes reconnaissants à Steve Bannon d’avoir utilisé sa voix et sa plateforme du War Room pour aider l’État juif à remporter la victoire totale et nous sommes fiers de l’honorer ce samedi soir en tant que guerrier d’Israël », a écrit le rabbin Tuly Weisz, fondateur d’Israel365, dans un courriel adressé à la JTA.

Dans un autre message, il a ensuite écrit que « quiconque écoute Bannon sait qu’il est un guerrier pour Israël et qu’il est même souvent critiqué pour être la voix la plus pro-Israël du mouvement ».

Bien que Israel365 rejette ceux qui qualifient Bannon d’antisémite, l’événement a suscité une certaine controverse locale. Il devait initialement se tenir dans une école juive orthodoxe locale, l’Akiba Yavneh Academy, mais au moins un parent s’est plaint et l’établissement a annulé l’événement.

Le rabbin Tuly Weisz animant la conférence Prophecy in the News, à Jérusalem, le 5 juin 2017. (Crédit : Israel365)

« Consterné et gêné que l’école de mes enfants soit le lieu où se déroule cet événement », a écrit le parent, qui a demandé à rester anonyme, sur Torah Trumps Hate, un groupe Facebook composé en grande partie de Juifs orthodoxes hostiles à Trump.

« Je trouve insensé qu’un groupe juif puisse s’aligner sur l’antisémite Steve Bannon. »

Ce parent d’élèves a salué l’annulation décidée par l’établissement. Akiba Yavneh n’a pas répondu aux demandes de commentaires de la JTA vendredi, mais Weisz a confirmé que l’école avait annulé la conférence peu après l’annonce de la participation de Bannon.

Cet établissement n’est pas la seule institution à avoir pris ses distances avec Bannon. Son geste de la semaine dernière, effectué lors de la Conservative Political Action Conference (CPAC), a suscité les critiques de groupes juifs, dont l’Anti-Defamation League (ADL), qui a dénoncé son « long et inquiétant passé à attiser l’antisémitisme et la haine, à menacer de violence et à donner du pouvoir aux extrémistes ».

La polémique a dépassé le cadre de la communauté juive et s’est étendue au propre camp politique de Bannon. Le leader français d’extrême-droite Jordan Bardella a annulé sa venue à la CPAC en raison du geste de Bannon, qu’il a qualifié de « geste faisant référence à l’idéologie nazie ». Bannon a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’un salut nazi et a rétorqué que Bardella « se pissait dessus comme un gamin ».

Ce geste est le dernier en date d’une personnalité pro-Trump après qu’Elon Musk, le milliardaire conseiller de Trump, a fait un geste similaire lors d’une cérémonie d’investiture en janvier, suscitant de nombreuses critiques.

Une autre vague de critiques a suivi la déclaration de Bannon selon laquelle « l’ennemi numéro un du peuple israélien est constitué par les Juifs américains qui ne soutiennent pas Israël et ne soutiennent pas MAGA ».

Weisz affirme que les accusations d’antisémitisme portées contre Bannon sont infondées et diffamatoires. Il a ajouté que son groupe « luttait férocement contre le dangereux antisémitisme qui se propageait lentement dans l’extrême-droite » et a qualifié Bannon d’allié indéfectible dans cette bataille.

Tucker Carlson s’exprimant devant l’ancien président Donald Trump, candidat républicain à l’élection présidentielle, lors d’un rassemblement électoral, au Madison Square Garden, à New York, le 27 octobre 2024. (Crédit : Alex Brandon/AP)

Il a qualifié Bannon de « contrepoids » aux voix d’extrême-droite telles que Candace Owens et Tucker Carlson, qui ont critiqué Israël et fait une série de déclarations largement considérées comme antisémites. (Carlson a également l’attention de Trump : il avait pris la parole à la Convention nationale républicaine l’année dernière et s’est rendu à la Maison Blanche depuis le retour du président au pouvoir.)

« Lorsque des personnes sont injustement diabolisées et qualifiées d’antisémites, l’accusation de haine des Juifs perd tout son sens », a écrit Weisz.

« Au lieu de laisser l’ADL duper la communauté juive en le diabolisant et en le qualifiant d’antisémite dans le but de faire taire sa voix, nous avons décidé de le présenter à un public juif afin que la communauté pro-Israël puisse réellement entendre ce qu’il a à dire. »

Weisz a précisé par la suite que l’invitation adressée à Bannon par son groupe n’avait aucun lien avec la controverse de la CPAC. Il a qualifié le moment choisi de « fortuit ».

Ce n’est pas la première fois que Bannon est invité à un événement juif conservateur pro-Israël. Il a pris la parole lors d’un gala de la Zionist Organization of America (ZOA) en 2017, où il s’était autoproclamé « sioniste chrétien ».

Pour Israel365, qui soutient farouchement les implantations israéliennes en Cisjordanie et cherche à établir des liens entre les chrétiens évangéliques et Israël, l’invitation de Bannon est la dernière manifestation de son soutien sans faille à Trump et à son mouvement « Make America Great Again ».

Le directeur exécutif d’Israel365 Action, le rabbin Pesach Wolicki, a été surnommé le « rabbin MAGA » par d’autres partisans de Trump et est fréquemment invité sur War Room. Il a déclaré dans une vidéo que Bannon et lui entretenaient « une amitié très étroite » et a balayé d’un revers de main les inquiétudes suscitées par ce geste, qu’il a lui-même admis « ressembler fortement à un salut nazi ».

En ce qui concerne la déclaration de Bannon sur les Juifs américains qui ne soutiennent pas Israël, Wolicki a déclaré être d’accord. Il a mentionné une organisation juive issue du mouvement réformé qui a fait part de ses préoccupations concernant le leader évangélique Mike Huckabee, désigné par Trump pour être ambassadeur des États-Unis en Israël, car Huckabee s’oppose à un État palestinien.

Stephen Bannon faisant un geste devant une foule, à Oxon Hill, dans le Maryland, le 21 février 2025. (Crédit : Capture d’écran/X ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

« Le plus grand ennemi du peuple juif en Amérique est sans aucun doute l’establishment progressiste de gauche du peuple juif, ces mêmes personnes qui qualifient Steve Bannon d’antisémite », a déclaré Wolicki dans une vidéo.

Il a poursuivi : « Que faisait-il avec son bras là ? Je ne sais pas. Peut-être qu’il taquinait certaines personnes, ou peut-être qu’il faisait simplement signe, qui s’est avéré quelque peu étrange. Je n’ai aucune idée de ce que Steve faisait. Mais se concentrer sur cela, c’est passer à côté de l’essentiel. »

Lors d’une apparition dans un épisode de War Room en février, Wolicki a salué le plan de Trump visant à évacuer complètement les Palestiniens de Gaza et à faire en sorte que les États-Unis se chargent du territoire, ce qui a suscité une opposition bipartite et internationale. Il a déclaré que ce plan « était logique à tous points de vue ».

L’événement de samedi soir rendra également hommage aux dirigeants juifs locaux, notamment à un rabbin orthodoxe, à un activiste conservateur et à un émissaire israélien à Akiba Yavneh. Un pasteur qui met l’accent sur les racines juives du christianisme et qui est actif dans la commémoration de la Shoah recevra également un prix.

La page de l’événement fait également la promotion de la campagne d’Israel365 Action pour les prochaines élections du Congrès sioniste mondial, un organe élu par les Juifs du monde entier qui alloue chaque année un milliard de dollars à des causes juives et supervise des institutions telles que le Fonds National Juif (JNF/KKL). La liste d’Israel365 prône une vision résolument de droite pour Israël, notamment l’opposition à un État palestinien et pour le contrôle permanent de la Cisjordanie par Israël.

Cette liste a été impliquée dans sa propre controverse il y a quelques mois, lorsque David Friedman, l’ancien ambassadeur de Trump en Israël, s’en était publiquement distancé. Sa déclaration était intervenue à un moment où des dizaines de personnes avaient quitté la liste en raison d’allégations selon lesquelles elle faisait la promotion d’un programme chrétien occulte.

Israel365 réfute ces allégations et affirme que les personnes qui se focalisent sur son dernier lauréat controversé sont également hors sujet. Weisz a averti que les Juifs qui luttent contre le mouvement MAGA le font à leurs risques et périls.

« Si l’establishment juif pense que la meilleure solution est de repousser MAGA en les diabolisant injustement en tant qu’antisémites, cela ne fera que devenir une prophétie auto-réalisatrice », a-t-il écrit à la JTA.

« MAGA est la force montante de la politique américaine et l’establishment juif passe à côté de l’essentiel. »