Le pape condamne la « cruauté » de la frappe qui a tué des enfants à Gaza

VATICAN – Le pape François a de nouveau condamné les frappes aériennes israéliennes à Gaza samedi, au lendemain de l’intervention d’un ministre du gouvernement israélien qui a publiquement dénoncé le souverain pontife pour avoir laissé entendre que la communauté internationale étudiait la question de savoir si l’offensive militaire dans cette région, une offensive lancée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, constituait un « génocide » du peuple palestinien.

François a commencé son discours annuel de Noël prononcé devant les cardinaux catholiques qui dirigent les différents départements du Vatican par ce qui a semblé être une référence aux frappes aériennes israéliennes de vendredi qui, selon les secouristes sous contrôle du Hamas, auraient fait au moins 25 morts à Gaza sans faire de distinction entre civils et terroristes.

L’armée israélienne n’a pas encore commenté ces frappes, mais elle affirme qu’elle ne vise que les terroristes et que le Hamas se cache parmi les civils.

« Hier, des enfants ont été bombardés », a déclaré le pape. « C’est de la cruauté. Ce n’est pas la guerre. Je tenais à le dire parce que cela touche le cœur. »

En tant que chef de l’Église catholique romaine, qui compte 1,4 milliard de fidèles, le pape se garde généralement de prendre parti dans les conflits. Cependant, il s’est récemment exprimé plus ouvertement au sujet de la campagne militaire menée par Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.

Dans des extraits de son livre publiés le mois dernier, le souverain pontife a déclaré que certains experts internationaux estimaient que « ce qui se passe à Gaza présente les caractéristiques d’un génocide ».

Amichai Chikli, ministre des affaires de la Diaspora, lors d’une prise de parole dans la salle de séance de la Knesset, à Jérusalem, le 25 juin 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Le ministre des Affaires de la Diaspora, Amichaï Chikli, a vivement critiqué ces propos dans une singulière lettre ouverte publiée vendredi par le journal italien Il Foglio.

Chikli a estimé que les déclarations du pape équivalaient à une « banalisation » du terme « génocide ».

Samedi, François a également déclaré que l’évêque catholique de Jérusalem, connu sous le nom de patriarche, avait tenté de se rendre dans la bande de Gaza vendredi pour rendre visite aux catholiques qui s’y trouvaient, mais que l’entrée lui avait été refusée.

Le bureau du patriarche a déclaré à Reuters qu’il n’était pas en mesure de commenter les paroles prononcées par le pape sur le fait que le patriarche s’était vu refuser l’entrée.

Des troupes de la Brigade Kfir opérant à Beit Lahiya, dans le nord de Gaza, sur une photo diffusée le 20 décembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Les responsables israéliens n’étaient pas joignables pour un commentaire samedi, jour du Shabbat, et l’armée israélienne n’a pas encore répondu à une demande de réaction.

Les propos du souverain pontife constituent le dernier incident en date dans les relations de plus en plus tumultueuses entre Jérusalem et le Saint-Siège.

Au début du mois, une crèche saisonnière du Vatican a été retirée après les réactions suscitées par la représentation de l’enfant Jésus allongé sur un keffieh, le foulard arabe censé protéger du soleil et du sable qui est devenu un symbole du nationalisme palestinien.

La crèche a été critiquée parce qu’elle évoquait l’idée que Jésus était palestinien plutôt que juif.

Le pape François priant devant la « Nativité de Bethléem 2024 », lors de son inauguration dans la salle Paul VI, lors de l’audience privée avec les donateurs de la crèche et de la cérémonie de l’arbre de Noël sur la place Saint-Pierre, dans la salle Paul-VI au Vatican, le 7 décembre 2024. (Crédit : Andreas Solaro/ AFP)

Le pape a rencontré à plusieurs reprises des membres des familles des otages et il a demandé à chaque fois leur libération.

Dans une lettre écrite de sa main qui était adressée aux catholiques du Moyen-Orient à l’occasion du premier anniversaire du pogrom commis par le Hamas, aucune mention n’était faite du groupe terroriste palestinien ou de ses atrocités, pas plus que des otages. Cette lettre était par ailleurs émaillée de passages de l’Évangile de Jean, souvent utilisés par le passé pour alimenter l’antisémitisme religieux.

La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.

Plus de 45 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.

Israël dit avoir tué 18 000 terroristes au combat, et un millier d’autres terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023.

L’armée israélienne affirme prendre « de nombreuses mesures » pour minimiser les atteintes aux civils et souligne que le groupe terroriste viole systématiquement le droit international et exploite brutalement les institutions civiles et la population comme bouclier humain pour ses activités terroristes, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.