Netanya: manifestation devant une résidence universitaire hébergeant des étudiants arabes

Des résidents juifs de Netanya ont organisé une manifestation aux abords d’une résidence universitaire accueillant des étudiants arabes israéliens, samedi soir, les accusant d’avoir perturbé un office du Shabbat dans la journée et laissant libre cours à leur colère.

Les protestataires ont affirmé que les étudiants arabes avaient volontairement troublé une prière organisée dans une synagogue du mouvement ‘Habad et qu’ils avaient lancé des œufs en direction des fidèles, diffusant également de la musique arabe à un niveau sonore particulièrement fort.

Dans la soirée, ce sont plusieurs centaines d’habitants juifs du quartier qui se sont donc rassemblés aux abords d’une résidence appartenant au Netanya Academic College, un grand nombre d’entre eux entonnant le slogan « Mort aux Arabes ». Certains ont tenté d’entrer de force à l’intérieur du bâtiment, selon des images filmées.

Dans un communiqué, l’établissement d’enseignement supérieur a fait savoir que contrairement à ce qui avait pu être affirmé sur les réseaux sociaux – des publications avaient laissé entendre que les étudiants arabes avaient accroché des drapeaux palestiniens et qu’ils avaient volontairement diffusé une musique à fort niveau sonore – une enquête, menée par la police, démentait la véracité de ces accusations.

Le Netanya Academic College a ajouté que dans la matinée, « deux œufs ont été jetés en direction des fidèles qui quittaient la synagogue à proximité de la résidence universitaire », notant que la police avait été avertie et qu’elle menait des investigations sur cet incident.

עימותים פרצו בין סטודנטים ערבים המתגוררים במעונות סטודנטים בנתניה לבין יהודים שהתפללו סמוך. בצאת השבת העימותים גברו והמשטרה הורתה לסטודנטים להסתגר בחדרים. כל צד טוען שהשני הוא זה שהחל בעימותים. ראש עיריית נתניה מבקשת לפנות את המעונות מהסטודנטים@CBeyar (אורלי אלקלעי) pic.twitter.com/PnA4P3pxk2

— כאן חדשות (@kann_news) October 28, 2023

La police a fait savoir dans un communiqué émis samedi en fin de soirée que les agents arrivés sur les lieux avaient dispersé la manifestation et rétabli l’ordre.

Les étudiants qui étaient piégés dans le bâtiment ont pu en sortir sains et saufs.

Les autorités ont noté que les étudiants qui apportent leur soutien au terrorisme ou aux ennemis du pays « seront immédiatement suspendus de leur cursus d’études universitaires en l’attente d’une enquête disciplinaire ».

Miriam Feirberg, la maire de Netanya, a déclaré qu’elle avait demandé aux membres de la direction de l’établissement d’enseignement supérieur d’évacuer les chambres et de trouver les étudiants responsables des actes de harcèlement qui auraient été commis à l’encontre des fidèles juifs, samedi matin.

La Commission d’urgence arabe, un groupe issu de la société civile qui assiste les membres de la communauté arabe, a déploré de son côté les « incitations à la haine irresponsables contre nos étudiants dans le contexte de la période actuelle, des incitations qui ont atteint un pic, aujourd’hui, avec nos étudiants qui ont été pris pour cible et des tentatives visant à les agresser jusqu’à l’intérieur de leur résidence universitaire ».

« Nous considérons que la police et les équipes assurant la sécurité au sein de l’établissement sont pleinement responsables de la sécurité de nos étudiants et nous demandons que cessent les incitations à la haine et à la violence à l’encontre de nos étudiants, hommes et femmes, dans les universités et dans les établissements d’enseignement supérieur de tout le pays », a continué le groupe.

פחד אלוהים. כשבפנים מסתתרים עשרות סטודנטים ערבים, מאות פעילי ימין קיצוני יהודי מנסים לפרוץ למעונות של מכללת נתניה, צועקים ״מוות לערבים״, ומקבלים שמירה של המשטרה שלא עושה דבר כדי לפנותם. הם שמעו שיש שם ערבים ופשוט באו לפשוט על המקום. זה קורה כרגע ומחריף כל דקה. pic.twitter.com/lSOoGusPrk

— Alon-Lee Green – ألون-لي جرين – אלון-לי גרין ???? (@AlonLeeGreen) October 28, 2023

Rula Daood, co-directeur du groupe de protestation Standing Together, qui réunit Juifs et Arabes, a évoqué de son côté une tentative de « lynchage » de la part d’extrémistes juifs, les accusant de « tirer avantage de la vacance actuelle… pour mettre à feu et à sang le secteur et pour porter atteinte aux civils avec le soutien de la police et de la municipalité ».

« Un Premier ministre qui parle d’unité doit condamner les violences et il doit se focaliser sur la nécessité de calmer les choses sur le terrain – il aura du sang sur les mains le cas échéant », a-t-il ajouté.

Les résidents du quartier Kiryat Sharon ont émis un communiqué dénonçant les tentatives visant à présenter les manifestants comme des extrémistes, évoquant des incitations à la haine à leur encontre. Ils ont noté que cela fait des années que les habitants se plaignent des actes de harcèlement de la part des étudiants sur des élèves d’une école adjacente.

« Notre peur est réelle au vu des expériences passées et des incidents sécuritaires qui sont survenus aujourd’hui », a fait savoir le communiqué.

« Les étudiants arabes qui fréquent l’établissement violent, de manière répétée, la confiance des résidents du quartier et il y a eu une escalade de la situation, ce Shabbat, lorsqu’ils ont lancé des œufs en direction des fidèles. En effet, cela n’était ‘qu’un œuf’ mais nous n’avons aucune intention d’attendre que les limites soient franchies », a continué le communiqué des habitants.

Cet incident survient dans un contexte de tensions accrues avec la guerre en cours dans la bande de Gaza – une guerre déclenchée par l’assaut barbare lancé le 7 octobre sur le sol israélien par le groupe terroriste du Hamas, lorsque 2500 hommes armés ont franchi la frontière sous couvert d’une pluie de milliers de roquettes. Les terroristes ont massacré 1 400 personnes, des civils en grande majorité, et ils ont enlevé au moins 230 personnes qui sont actuellement retenues en captivité dans la bande.

Suite à cette attaque, Israël a lancé une campagne intensive de bombardements aériens sur la bande de Gaza et une incursion terrestre qui se renforce graduellement, avec pour objectif d’éradiquer le groupe terroriste au pouvoir dans l’enclave côtière.

Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtaï, a loué la communauté arabe israélienne pour s’être abstenue de tout « incident » depuis le début de la guerre contre le Hamas, alors que des politiciens d’extrême-droite avaient mis en garde contre des violences judéo-arabes dans les villes mixtes d’Israël, du type de celles qui s’étaient produites il y a deux ans.

« Nous devons saluer leur comportement exemplaire, avec zéro incident », avait déclaré Shabtaï au début du mois lors d’une réunion de la Commission de la Sécurité nationale de la Knesset consacrée à « l’état de préparation du pays à un scénario du type Gardien des Murs », une référence aux violentes émeutes intercommunautaires dans les villes mixtes judéo-arabes qui avaient accompagné le précédent conflit avec le Hamas en 2021.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.

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