La défense civile a contré l’invasion d’Alumim, mais le Hamas a tué des dizaines de personnes à l’extérieur du kibboutz

Le matin du 7 octobre 2023, lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël, une centaine de terroristes ont atteint le kibboutz Alumim, situé à la frontière de Gaza. Ils y ont assassiné près d’une vingtaine de travailleurs agricoles étrangers et en ont enlevé d’autres. À l’extérieur du kibboutz, les terroristes ont également assassiné de nombreuses personnes qui avaient fui un festival de musique voisin.

L’équipe de sécurité locale de cette communauté, ainsi que d’autres forces de sécurité, ont réussi à repousser les terroristes, tuant et capturant nombre d’entre eux, empêchant ainsi une infiltration à grande échelle du kibboutz.

Mercredi, l’armée israélienne a présenté les conclusions de son enquête sur la bataille livrée dans ce kibboutz. Il s’agit de la dernière d’une série d’enquêtes détaillées menées sur une quarantaine de batailles qui ont eu lieu lors de l’assaut du Hamas du 7 octobre, au cours duquel quelque 5 600 terroristes ont franchi la frontière, assassiné plus de 1 200 personnes et pris 251 personnes en otage à Gaza – dont 59 y sont encore.

L’enquête a souligné l’héroïsme de l’équipe de défense civile d’Alumim, qui a combattu pendant plus de huit heures, et des autres soldats israéliens qui ont participé aux combats.

Néanmoins, l’enquête a conclu que Tsahal « avait échoué dans sa mission de protection » d’Alumim et de ses environs, en grande partie parce que l’armée ne s’était jamais préparée à un tel événement : une communauté israélienne attaquée par de nombreux terroristes lors d’un assaut à grande échelle contre de nombreuses autres villes et bases militaires simultanément par des milliers de terroristes.

Au total, 57 civils et cinq membres des forces de sécurité ont été tués à Alumim et aux alentours ce jour-là. Cinq personnes ont été prises en otage par les terroristes.

Un terroriste du Hamas poursuivant des Israéliens à l’extérieur du kibboutz Alumim, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : South First Responders)

Selon l’enquête, 22 étudiants et travailleurs agricoles thaïlandais et népalais ont été assassinés par les terroristes à l’intérieur d’Alumim, et deux autres ressortissants étrangers ont été enlevés et emmenés de force à Gaza.

Un civil israélien a été tué par erreur par des membres de l’équipe de sécurité locale du kibboutz, et un Thaïlandais non identifié a été tué par erreur par des soldats, au cours de l’assaut. Dans les deux cas, l’enquête a conclu à des erreurs d’identification, dans le chaos ambiant.

Près d’une trentaine d’autres civils ont été assassinés par les terroristes à l’extérieur du kibboutz, principalement à la jonction d’Alumim. La plupart de ces personnes avaient participé au festival de musique Supernova qui se tenait près de Reïm, au sud d’Alumim, et avaient fui les lieux. Trois autres personnes ont été enlevées aux abords du kibboutz.

Quatre soldats et un policier, dont le corps a été emporté à Gaza, ont été tués pendant les combats.

Parmi les soldats israéliens tués figuraient deux frères réservistes : le sergent-chef Noam Slotki et le sergent Yishay Slotki, qui s’étaient précipités de Beer Sheva pour défendre le kibboutz bien qu’ils n’aient pas été appelés à servir ce matin-là ; l’adjudant-chef Ido « Crido » Rosenthal, membre de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air israélienne ; et le capitaine Etaï Cohen, officier de l’unité d’élite du Corps du Génie Militaire Yahalom.

L’étudiant népalais en agriculture Bipin Joshi et le corps du policier sergent-chef Ran Gvili sont toujours retenus en otage dans la bande de Gaza.

Phonsawan Pinakalo, un autre otage enlevé dans le kibboutz, a été libéré par le Hamas en novembre 2023. Les deux otages enlevés au carrefour d’Alumim étaient Romi Gonen et Ofir Tzarfati. Gonen a été libérée en janvier, tandis que le corps d’Ofir a été récupéré à Gaza par Tsahal en décembre 2023.

L’enquête sur les événements d’Alumim, menée par le colonel Ido Saad, chef des opérations du Corps des Forces spéciales de l’armée israélienne, a couvert tous les aspects des combats qui ont eu lieu dans le kibboutz et ses environs le 7 octobre.

Bipin Joshi, un étudiant agricole népalais, enlevé par des terroristes du Hamas au kibboutz Alumim le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Saad et son équipe ont passé des centaines d’heures à enquêter sur l’assaut et la bataille d’Alumim. L’armée a déclaré que les enquêteurs avaient examiné toutes les sources d’information possibles – les images prises par les terroristes avec des caméras corporelles, les messages WhatsApp des habitants, les vidéos de surveillance et les entretiens avec les survivants et ceux qui se sont battus pour défendre le kibboutz – et qu’ils s’étaient également rendus sur les lieux.

L’enquête « Alumim » visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour l’armée. Elle n’a pas examiné la perception erronée de Gaza et du Hamas par Tsahal ces dernières années, qui a fait l’objet d’enquêtes distinctes et plus importantes sur les échecs des opérations de renseignement et de défense de l’armée.

Les enquêtes visaient à tirer des conclusions opérationnelles pour l’armée israélienne et n’ont pas examiné les politiques des dirigeants, afin d’éviter tout conflit avec les membres du gouvernement, qui insistent pour que les enquêtes attendent la fin de la guerre menée contre le Hamas.

L’équipe chargée de l’enquête a déclaré que « Tsahal a échoué à défendre les résidents du kibboutz Alumim et les civils de la région ».

Une grange fortement endommagée, dans le kibboutz Alumim, suite à l’attaque du 7 octobre 2023 par les terroristes du Hamas. (Crédit : Gil Cohen Magen/AFP)

L’équipe de Saad a découvert que depuis le début de l’assaut et jusqu’à environ 13h30, la défense était dirigée par l’équipe de sécurité locale et par quelque dix-sept unités israéliennes différentes dont les membres se sont retrouvés sur place pour combattre dans le désordre, sans aucune direction claire. Les troupes se dirigeaient vers le sud, principalement vers le kibboutz Beeri, lorsqu’elles ont été prises dans les combats à Alumim et dans ses environs.

« C’est leur action et leur ingéniosité qui ont empêché l’ennemi d’étendre son attaque à d’autres zones du kibboutz. Les membres de l’équipe de défense civile ont continué à se battre même après l’arrivée des troupes de Tsahal, les ont guidées et ont combattu à leurs côtés avec un héroïsme exceptionnel », a souligné l’équipe.

L’enquête a également révélé que la chaîne de commandement de l’armée israélienne s’était effondrée dans cette région, que les militaires avaient eu du mal à se faire une idée précise de la situation et que la coordination entre les forces présentes sur place était faible.

Selon l’enquête, un tournant majeur dans l’assaut contre Alumim a été l’arrivée organisée du 890ᵉ bataillon de la brigade de parachutistes. Les soldats ont éliminé un grand nombre de terroristes à l’extérieur d’Alumim et ont ensuite réussi à reprendre le contrôle du kibboutz.

Sur les 100 terroristes qui ont attaqué les environs d’Alumim, une quarantaine ont finalement été éliminés par les soldats dans le kibboutz et les zones adjacentes. Dix autres ont été capturés vivants par Tsahal.

Le déroulement de l’attaque

Le 7 octobre à 5h30, les troupes du 13ᵉ bataillon de la Brigade Golani, stationnées dans la zone située entre Beeri et Mefalsim, entre lesquels se trouve Alumim, ont pris leurs postes le long de la frontière avec Gaza lors d’un changement d’équipe. L’assaut du Hamas a commencé une heure plus tard.

Lors d’un premier barrage d’environ 1 000 roquettes – qui a commencé à 6h29 – visant principalement des postes militaires israéliens, des terroristes du Hamas ont franchi 114 points de contrôle le long de la barrière de sécurité érigée par Israël. La plupart des brèches se trouvaient dans la zone frontalière nord de Gaza, en face d’Alumim. Des centaines de terroristes ont ainsi pu entrer en Israël à bord de camionnettes, de motos et à pied.

Un terroriste du Hamas poursuivant des Israéliens à l’extérieur du kibboutz Alumim, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : South First Responders)

Selon l’enquête, 125 terroristes du Hamas avaient reçu des instructions ce matin-là pour atteindre Alumim et un poste adjacent de l’armée. En réalité, les terroristes n’ont jamais atteint le poste militaire, et tous ne sont pas parvenus jusqu’à la communauté.

À 7h01, dix terroristes sur cinq motos ont infiltré Alumim par une entrée située à l’arrière. Quelques minutes plus tard, ils ont atteint l’entrée principale du kibboutz, située le long de la Route 232.

Pendant leur traversée du kibboutz, les terroristes ont ouvert le feu sur plusieurs étudiants népalais qui se trouvaient dans les résidences des travailleurs étrangers, situées dans la zone industrielle du kibboutz, à l’extérieur de la zone résidentielle principale.

Lorsque les terroristes ont atteint l’entrée du kibboutz et le carrefour Alumim situé à proximité à 7h14, ils ont massacré plus de 20 festivaliers qui s’y étaient réfugiés après avoir fui le site de Supernova. Huit d’entre eux ont été tués par les terroristes à l’intérieur d’un abri anti-bombes situé juste à l’extérieur de la communauté.

Des terroristes du Hamas poursuivent des Israéliens à l’entrée du kibboutz Alumim, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : South First Responders)

Un officier de police qui est arrivé sur les lieux a riposté contre les terroristes, blessant leur chef. Au même moment, des soldats de la Brigade Golani sont arrivés sur place et ont échangé des coups de feu avec le même groupe de terroristes, mettant fin à l’attaque.

À 7h19, le groupe de terroristes s’est retiré, évacuant son commandant blessé, et est reparti par le portail arrière du kibboutz.

À ce stade, les seize membres de la brigade de défense civile de la communauté ignoraient que des terroristes s’étaient infiltrés dans le kibboutz et n’ont commencé à rassembler leur équipement que vers 7h24, après le départ des premiers terroristes.

Les forces de sécurité locales se sont précipitées vers les habitations des travailleurs étrangers après avoir reçu des informations faisant état de coups de feu, puis vers l’entrée principale, où elles ont découvert l’ampleur des massacres.

Des voitures brûlées près de l’entrée du kibboutz Alumim, près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d’Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

Parmi ceux qui ont survécu au massacre dans l’abri anti-bombes à l’extérieur d’Alumim se trouvaient Ofek Atun et sa petite amie Tamar, qui avaient fui le festival Nova. Après l’attaque, le couple a pénétré dans le kibboutz à 7h23 et s’est introduit dans la maison d’un couple de personnes âgées qui s’étaient enfermés dans leur mamad – abri anti-atomique.

À 7h30, les personnes âgées ont alerté l’équipe de sécurité locale que des terroristes, qui se sont par la suite révélés être les deux festivaliers, étaient entrés chez eux.

L’équipe de sécurité locale a alors encerclé la maison et a réussi à évacuer le couple par la fenêtre de l’abri anti-bombes avant que deux membres n’entrent dans la maison. Ofek a tenté d’attaquer par derrière l’un des agents de sécurité, pensant que c’était un terroriste. L’agent a riposté, le tuant, pensant également qu’il s’agissait d’un terroriste.

Tamar a ensuite été aperçue en train d’essayer de sortir de la maison. Le chef de l’équipe de sécurité a alors tiré un seul coup de feu, qui l’a touchée et blessée. Elle a été transportée à l’hôpital.

Ofek Atun, assassiné par le Hamas au kibboutz Alumim le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

À 8h40, l’équipe de sécurité locale a identifié un groupe de dix terroristes se dirigeant vers Alumim depuis le kibboutz Beeri, plus au sud sur la Route 232. Deux membres de l’équipe et un commandant de bataillon en permission se sont précipités à l’entrée et ont ouvert le feu sur les terroristes, tuant trois d’entre eux. Les terroristes se sont ensuite retirés vers Beeri.

À 9h20, un autre groupe d’une quinzaine de terroristes du Hamas s’est infiltré dans le kibboutz Alumim par l’entrée arrière, atteignant une zone de loisirs connue sous le nom de Gan Hadar, qui comprend un terrain de basket et une piscine. Une bataille importante a éclaté entre l’équipe de sécurité locale et les terroristes à Gan Hadar, empêchant ces derniers d’avancer davantage dans le kibboutz. Quatre agents de la défense civile ont été blessés lors de cet échange de tirs.

Pendant la bataille, certains des terroristes ont contourné la zone de Gan Hadar et se sont dirigés vers le quartier des travailleurs étrangers, où ils ont rassemblé des étudiants et des travailleurs agricoles thaïlandais et népalais. Ils en ont assassiné 22 et en ont enlevé deux autres.

À 9h30, un autre groupe d’une quarantaine de terroristes de l’unité dite « Nukhba » du groupe terroriste palestinien du Hamas, à bord de camionnettes, a atteint la Route 232 et s’est arrêté devant l’entrée principale d’Alumim.

Des forces de sécurité à côté de voitures endommagées lors du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, près de l’entrée du kibboutz Alumim, à la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d’Israël, le 9 octobre 2023. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

D’autres troupes qui avaient atteint la zone plus tôt, ainsi que certains membres de l’équipe de défense civile, ont échangé des tirs avec ces terroristes, les empêchant d’entrer à Alumim. Beaucoup de ces terroristes ont été éliminés par les soldats.

Parmi les personnes touchées par les tirs des terroristes figurait le sergent Ran Gvili, le policier dont le corps a ensuite été enlevé.

Le sergent de première classe Ran Gvili, dont il a été confirmé qu’il a été tué par des terroristes le 7 octobre, et dont le corps a été enlevé et emmené à Gaza. (Crédit : Police israélienne)

À 9h45, les deux frères Yishay et Noam Slotkin, qui avaient quitté Beer Sheva de leur propre initiative, ont atteint la Route 232, où ils ont essuyé des tirs de terroristes du Hamas à l’extérieur d’Alumim. Les deux hommes ont riposté avec leurs armes de poing avant d’être tués.

Yishay (à gauche) et Noam Slotkin, tous deux assassinés par le Hamas près du kibboutz Alumim le 7 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

Vers 10h45, un autre groupe d’une quinzaine de terroristes du Hamas s’est infiltré dans le kibboutz par le portail situé à l’arrière, en direction de la zone industrielle et agricole située au sud d’Alumim. Les terroristes ont mis le feu aux granges et au centre d’emballage du kibboutz.

À 11h40, des soldats du 890ᵉ bataillon de la brigade des parachutistes ont été transportés par hélicoptère dans la région d’Alumim. Après avoir débarqué, les troupes ont échangé des tirs avec des terroristes à l’extérieur d’Alumim, tuant un grand nombre d’entre eux. Trois soldats ont été blessés lors de cet échange de tirs.

Peu après, des membres de Shaldag, l’unité d’élite de l’armée de l’air israélienne, qui tentaient de se rendre à Beeri, ont essuyé des tirs à Alumim. L’adjudant-chef de Shaldag, Ido Rosenthal, a été tué au cours de ces combats.

L’adjudant-chef Ido Rosenthal, assassiné par le Hamas au kibboutz Beeri le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

L’une des compagnies du 890ᵉ bataillon s’est jointe aux officiers de Shaldag et, ensemble, ils ont éliminé plusieurs autres terroristes à Alumim.

Vers 13 heures, les membres de l’unité du Corps du Génie Militaire Yahalom ont reçu des informations de l’équipe de sécurité locale d’Alumim selon lesquelles un autre groupe de terroristes s’était infiltré dans la communauté. Les troupes se sont précipitées vers l’entrée arrière et ont éliminé les terroristes. Le capitaine Etaï Cohen, officier de Yahalom, a été tué au cours de ces combats.

Capitaine Etaï Cohen. (Crédit : Armée israélienne)

Au cours des heures suivantes, les troupes ont ratissé le kibboutz, fait sortir les habitants, soigné les blessés et évacué les corps.

Dans la soirée, un ressortissant thaïlandais, qui, selon les enquêteurs, venait de la communauté voisine de Shuva, a tenté de franchir la clôture d’Alumim. Croyant qu’il s’agissait d’un terroriste, les soldats de Yahalom ont ouvert le feu et l’ont tué.

À ce jour, les autorités israéliennes ignorent toujours son identité, malgré tous les efforts déployés pour élucider cette affaire.