Le soldat qui a couru 13 km vers Gaza pour combattre les terroristes, le 7 octobre

Lorsque le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait pris la parole devant le Congrès américain, à la fin du mois de juillet, il avait nommé quatre soldats qui, avait-il dit, avaient été des héros depuis le pogrom commis par les hommes armés du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Le premier d’entre eux était un jeune soldat de Tsahal, le lieutenant en second Avichail Reuven, qui avait couru près de treize kilomètres pour atteindre les communautés frontalières de Gaza, ce jour-là, pour tenter d’aider à combattre les terroristes.

Reuven se trouvait au domicile de ses parents à Kiryat Malachi, une localité du sud du pays, le 7 octobre, lorsqu’il avait été réveillé par le cri strident des sirènes. Il était encore un officier en formation à ce moment-là – mais après avoir entendu la nouvelle portant sur une infiltration terroriste massive dans les communautés situées à la frontière avec Gaza, il avait décidé de partir et d’essayer d’apporter son aide et ce, même s’il n’avait pas été formellement mobilisé.

« J’ai dit à mon frère et à mon ami que je partais pour la frontière. J’ai dit que si quelque chose devait arriver, je tuerai les terroristes, c’est tout. J’ai eu l’impression qu’intérieurement, ils ne me prenaient pas au sérieux », a-t-il déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne dans le cadre d’un entretien qui a été diffusé vendredi dans la soirée.

« Ils m’ont répondu : ‘Tu es dingue d’y aller et il n’y a aucune raison justifiant que nous venions avec toi’. J’ai aussi cherché des amis qui auraient éventuellement une voiture pour aller jusque là-bas, mais je n’ai trouvé personne et j’ai donc décidé d’aller à l’échangeur et d’essayer de faire de l’auto-stop ».

Reuven avait enfilé son uniforme propre – il était encore mouillé après avoir été lavé – et il avait quitté le domicile familial en emportant son arme et son béret rouge de parachutiste.

Sans savoir exactement où il devait aller, Reuven avait d’abord attendu à l’échangeur principal, proche de chez lui, que quelqu’un s’arrête pour le prendre en voiture – en vain. Il avait donc décidé de commencer à courir.

« C’était difficile de courir avec un uniforme mouillé, avec les sirènes qui résonnaient en permanence et les roquettes qui s’abattaient tout autour », s’est-il rappelé lors de l’interview.

Plus de douze kilomètres et une heure plus tard, Reuven s’était retrouvé à nouveau sur l’autoroute, assoiffé, accablé par la chaleur mais bien déterminé à continuer.

« Ça a été la course la plus dure de ma vie. Ça a été la course la plus longue que j’ai pu faire en uniforme et sous la chaleur. Un cauchemar, » a-t-il raconté devant les caméras.

Alors qu’il marchait sur l’autoroute, une voiture s’était enfin arrêtée. Celle d’un civil dont le fils était allé au festival de musique électronique Supernova où les terroristes du Hamas devaient tuer, au final, 364 festivaliers et kidnapper plus de 40 personnes.

Reuven a indiqué à la Douzième chaîne qu’il ignorait encore aujourd’hui l’identité de l’homme – mais que ce dernier lui avait offert de l’eau et qu’il l’avait laissé à un échangeur situé aux abords d’Ashkelon quand il avait réalisé qu’il ne pourrait pas aller sur le site de la rave et porter secours à son fils sans être en possession d’une arme.

A l’échangeur, Reuven avait réussi à trouver une autre voiture – une voiture de police, cette fois, qui l’avait emmené à un checkpoint situé aux abords de Nirim, où se trouve une base d’entraînement de l’armée israélienne qui avait également été infiltrée par les terroristes, ce jour-là.

Capture d’écran de la caméra corporelle du Hamas montrant des terroristes tirant sur un véhicule israélien lors de l’attaque menée par l’organisation terroriste le 7 octobre dans le sud d’Israël, diffusée par l’armée israélienne et le cabinet du Premier ministre. (Crédit : Capture d’écran)

« Je me suis un peu disputé avec les agents de police. Je leur ai dit : ‘J’y vais. Si je n’y vais pas avec vous, alors j’irai seul’, » a expliqué Reuven qui a ajouté qu’alors même qu’il parlait avec les représentants des forces de l’ordre, le commandant-adjoint d’une unité de recherche et de secours stationnée à Zikim – qu’il a évoqué sous le nom d’Alexander – était arrivé. Les deux hommes étaient alors entrés ensemble dans la base.

Alors qu’ils étaient en cours de formation initiale, un grand nombre des soldats, sur la base, n’étaient pas prêts à riposter à une telle prise d’assaut. A l’arrivée des terroristes, les commandants avaient donc rassemblé toutes les recrues, les envoyant dans deux abris antiaériens. Eux-mêmes s’étaient rapprochés de la clôture pour lutter contre les hommes armés.

Six commandants et une recrue devaient finalement trouver la mort dans ces combats.

Reuven et l’autre commandant avaient rejoint la bataille.

« C’était le chaos le plus total. La moitié de la base avait été incendiée. Il y avait énormément de cris et on voyait les terroristes qui couraient partout », a dit Reuven.

Lui et un autre commandant avaient lutté contre les terroristes et ils étaient arrivés jusqu’à un abri antiaérien où environ 30 jeunes soldates attendaient anxieusement. L’une d’entre elles était blessée.

« Je leur ai dit : ‘Écoutez-moi, j’ai besoin de trois filles fortes. C’est la raison pour laquelle vous avez voulu entrer dans une unité de combat. C’est le moment de prouver que vous êtes des guerrières ».

Le lieutenant en second Avichail Reuven reconstitue sa journée à la base de Zikim, le 7 octobre 2023, dans le sud d’Israël, pour un reportage diffusé au mois d’août 2024. (Capture d’écran : Douzième chaîne/used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

Il avait demandé aux trois soldates de rester à l’entrée de l’abri et de tirer dans la tête de tous les terroristes qu’elles seraient amenées à apercevoir. Il s’était ensuite rendu dans un autre abri antiaérien pour s’enquérir du sort des recrues masculines. Il y avait là un plus grand nombre de blessés.

Pendant les deux heures qui avaient suivi, il était resté sur la base, combattant les terroristes, cherchant des brancards et de l’eau pour les militaires qui s’étaient réfugiés dans les abris.

Enfin, Reuven avait rencontré le colonel réserviste Erez Eshel, venu à Zikim depuis son habitation de Maale Adumim.

« Je rencontre un jeune soldat plongé dans sa mission et je ne comprends pas qui il est. J’ignore quel est son nom », a raconté Eshel à la Douzième chaîne. Il a ajouté qu’il a sauvegardé le numéro de téléphone de Reuven sous le nom « Samedi, le soldat de Simchat Torah ».

« Il est complètement plongé dans ce qu’il fait, il parvient à manipuler son arme, il est calme, il est concentré et il peut faire face à n’importe quelle situation. C’est véritablement un super soldat », a commenté Eshel.

Tous les deux étaient encore restés un peu à Zikim avant de partir pour Yiftah et Kfar Aza, deux localités situées à proximité. Ils s’étaient ensuite rendus au kibboutz Beeri, une communauté formée d’environ 1 000 de personnes. Là-bas, 101 civils avaient été massacrés, le 7 octobre, ainsi que 31 gardiens chargés du maintien de la sécurité.

Le colonel Erez Eshel, à gauche, et le lieutenant en second Avichail Reuven sur la base de Zikim, dans le sud d’Israël, au mois d’août 2024. (Capture d’écran : Douzième chaîne/used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)

En tout, les terroristes avaient, ce jour-là, massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité, sur le territoire israélien – et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Tsahal avait passé les jours suivants à combattre les hommes armés, arrêtant ou abattant ceux qui se trouvaient encore dans le pays.

« Je ne vais pas dire qu’il est le seul soldat que j’ai repéré, mais en tout cas, c’est le seul qui a tenu pendant tous les combats jusqu’au dimanche, en tout début de matinée, lorsque je l’ai reconnecté à sa compagnie », a déclaré Eshel.

Eshel a raconté au commandant de l’école d’officiers militaires située dans le sud d’Israël – elle est connue sous le nom de Bahad 1 – ce qu’avait fait Reuven, le 7 octobre. Le commandant avait ensuite vanté auprès de Netanyahu les exploits de son soldat.

Depuis, Reuven a terminé sa formation d’officier avec les honneurs et il a accompagné Netanyahu aux États-Unis, le mois dernier, où il a eu droit à une longue standing-ovation quand le Premier ministre a raconté son histoire à l’occasion du discours qu’il a prononcé lors d’une session conjointe au Congrès, à Washington.

« Le 7 octobre, dans les premières heures de la matinée, Avichail a entendu la nouvelle du massacre sanglant du Hamas. Il a passé son uniforme, il a pris son arme mais il n’avait pas de voiture. Il a donc couru 13 kilomètres pour rejoindre la ligne de front, près de Gaza, pour défendre son peuple », a indiqué Netanyahu aux législateurs américains.

« Oui, vous avez bien entendu. Il a couru treize kilomètres, il est monté sur la ligne de front, il a tué de nombreux terroristes et il a sauvé un grand nombre, un très grand nombre de vies. Avichail, nous rendons tous hommage à votre héroïsme remarquable ».

Les soldats israéliens qui se sont battus contre le Hamas – notamment le 7 octobre – sont applaudis après avoir été désignés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de son discours au Congrès américain, à Washington, le 24 juillet 2024. Avichail Reuven est devant, à droite. (Crédit : Drew ANGERER / AFP)

Selon la Douzième chaîne, Reuven est dorénavant commandant de compagnie dans le cadre de la formation initiale des soldats – et il insiste sur la nécessité, pour ses recrues, d’effectuer de longs trajets en course à pied.

Reuven est le deuxième d’une fratrie de neuf enfants et ses parents sont des immigrants originaires d’Éthiopie. Lorsqu’il était adolescent, il avait eu des difficultés à terminer ses études au lycée et il avait été considéré comme un jeune à risque. En raison de cela, il n’avait pas eu les qualifications nécessaires pour intégrer l’armée en tant que parachutiste – mais il s’était battu pour trouver sa place au sein de l’unité.

Reuven a déclaré à la Douzième chaîne qu’il n’avait pas l’intention de quitter l’armée.

« Je veux continuer ma carrière militaire. C’est ma mission, c’est en elle que je crois », a-t-il affirmé.