Les manuels scolaires polonais contiennent toujours des tropes antisémites – rapport

Les manuels scolaires polonais contiennent encore des récits antisémites, malgré des améliorations récentes, selon un article publié mercredi par l’Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance in School Education (IMPACT-se).

Un examen de 42 manuels a révélé que le contenu éducatif concernant la Shoah et l’histoire juive, ancienne et moderne, s’est amélioré depuis un rapport précédent publié en 2016.

Cependant, le dernier rapport souligne que « plusieurs manuels continuent de véhiculer des récits dépassés, notamment sur les relations entre Juifs et Chrétiens, la place des Juifs dans la société polonaise et le conflit israélo-palestinien ».

Les recherches d’IMPACT-se évaluent les manuels scolaires de huit pays européens en fonction des normes de paix et de tolérance éducatives établies par l’UNESCO. Un rapport similaire sur l’Irlande publié le mois dernier relevait « un schéma préoccupant de banalisation et de minimisation de la Shoah » ainsi que « des récits remettant en question la légitimité de l’État d’Israël et discréditant les revendications juives d’indigénéité sur cette terre ».

« Les manuels scolaires polonais ont bénéficié d’améliorations significatives, notamment en ce qui concerne le contenu lié à l’histoire juive », a déclaré Marcus Sheff, directeur général d’IMPACT-se. « Cependant, cette avancée doit s’étendre à l’ensemble du programme scolaire. Il est inquiétant que des théories du complot sur l’implication des Juifs dans la mort de Jésus ou des récits niant l’indigénéité juive sur la terre d’Israël continuent d’apparaître dans le matériel pédagogique. »

« Nous souhaiterions également une reconnaissance plus cohérente de la persécution unique des Juifs pendant la Shoah. Nous sommes impatients de collaborer avec le gouvernement polonais et les auteurs de manuels scolaires pour apporter les améliorations et les changements nécessaires », a déclaré Marcus Sheff.

Concernant la Shoah, certains manuels ont amalgamé la persécution des Juifs avec les souffrances endurées par les Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. « Ce cadre risque de diluer le caractère unique de la persécution à laquelle les Juifs ont été confrontés sous l’occupation nazie », avertit le rapport.

Un exemple cité est celui d’un manuel d’histoire de quatrième année qui explique la vulnérabilité des Juifs pendant la Shoah par leur « spécificité », sans mentionner l’antisémitisme systémique ni le rôle des collaborateurs locaux dans leur persécution.

En ce qui concerne les relations entre Juifs et chrétiens, certains manuels continuent de véhiculer des stéréotypes obsolètes. Un manuel d’histoire de cinquième année, par exemple, décrit les Juifs comme « impitoyables » et responsables d’avoir permis la crucifixion de Jésus.

Un manuel d’histoire polonais de cinquième année présente les Juifs comme impitoyables et responsables de l’arrestation et de la mort de Jésus. (Crédit : IMPACT-se)

De plus, les contributions de la communauté juive au développement de l’État polonais au fil des siècles sont souvent ignorées, tout comme l’impact significatif de la culture et de l’héritage juifs en Pologne.

Bien que les éditions récentes de manuels scolaires mettent moins l’accent sur les origines juives de certaines figures communistes par rapport aux versions précédentes, certains continuent d’associer les Juifs au communisme, selon le rapport.

Les manuels polonais offrent également une vision négative des liens entre les Juifs et la terre d’Israël. Ils décrivent les Palestiniens comme une population autochtone ayant une revendication continue sur le territoire, tandis que les liens historiques et culturels des Juifs avec Israël sont souvent minimisés, voire ignorés. Par exemple, un manuel d’histoire de cinquième année présente la guerre de 1948 comme un conflit entre les habitants arabes et des immigrants juifs, suggérant que ces derniers auraient usurpé la terre des Palestiniens, selon le rapport.

Bien que les manuels récents montrent des « améliorations notables » dans la représentation des thèmes juifs, « la cohérence de ces progrès reste inégale, reposant souvent sur les choix d’auteurs individuels plutôt que sur une politique éditoriale unifiée », conclut le rapport.