Des milliers de Gazaouis mobilisés pour une 2e journée de protestation contre le Hamas

« Hamas dehors ! » Des slogans contre le mouvement terroriste islamiste palestinien ont été scandés mercredi lors d’un rassemblement de centaines de personnes à Gaza-ville, selon des témoins et des vidéos, au lendemain d’une manifestation similaire à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza.

« Dehors, dehors, dehors, le Hamas dehors ! » ont scandé des manifestants, réunis autour d’un drapeau palestinien brandi par un participant.

Mardi, Beit Lahia a été le théâtre du plus grand rassemblement anti-Hamas depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023. Les participants ont notamment scandé « Hamas dehors » et « Hamas terroriste ».

Après ce rassemblement, des appels à manifester, d’origine inconnue, dans neuf points de la bande de Gaza, avaient circulé sur Telegram.

Des manifestants portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Le Hamas ne nous représente pas » ont été vus défiler dans la ville de Gaza et dans la ville de Beit Lahiya, au nord du territoire.

« De plus en plus de Gazaouis comprennent que le Hamas leur apporte destruction et ruine, et c’est essentiel. Tout cela prouve que notre politique fonctionne », s’est félicité mercredi le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, en s’adressant aux députés israéliens à Jérusalem.

Alors que les Palestiniens manifestaient, le ministre de la Défense Israel Katz a exhorté les autres à se joindre aux protestations tout en avertissant qu’une reprise de la campagne militaire contre le Hamas ne ferait que gagner en intensité si le groupe terroriste ne libérait pas les otages israéliens.

Les manifestations semblaient être dirigées contre la guerre en général, les manifestants appelant à la fin des 17 mois de combats meurtriers avec Israël, déclenchés par le Hamas, qui ont rendu la vie insupportable à Gaza.

Mais les appels publics contre le Hamas, qui réprime depuis longtemps la dissidence et qui dirige toujours le territoire alors que la guerre avec Israël dure depuis des mois, étaient rares et avaient clairement augmenté depuis mardi.

Des manifestants portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Le Hamas ne nous représente pas » ont été vus défilant dans la ville de Gaza et dans la ville de Beit Lahiya, au nord du territoire.

Un jeune Palestinien porte une banderole sur laquelle on peut lire en arabe « Le Hamas ne nous représente pas » lors d’une manifestation anti-Hamas, appelant à la fin de la guerre avec Israël, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025. (Crédit : AFP)

« Nos enfants ont été tués. Nos maisons ont été détruites », a déclaré Abed Radwan, qui a dit avoir rejoint la manifestation à Beit Lahiya « contre la guerre, contre le Hamas et les factions [politiques palestiniennes], contre Israël et contre le silence du monde ».

Ammar Hassan, qui a participé à un rassemblement mardi, a déclaré que la manifestation avait commencé par une protestation contre la guerre avec quelques dizaines de personnes, mais qu’elle s’était ensuite élargie à plus de 2 000 personnes scandant des slogans contre le Hamas.

« C’est le seul parti que nous pouvons influencer », a-t-il déclaré par téléphone.
« Les manifestations n’arrêteront pas l’occupation [israélienne], mais elles peuvent affecter le Hamas. »

Le groupe terroriste a violemment réprimé les manifestations précédentes. Cette fois-ci, aucune intervention directe n’a été constatée, peut-être parce que le Hamas fait profil bas depuis qu’Israël a repris sa guerre contre lui.

Bassem Naim, haut responsable du Hamas, a écrit dans sur Facebook que les gens étaient en droit de manifester, mais qu’ils devaient se concentrer sur « l’agresseur criminel », à savoir Israël.

La guerre a éclaté le 7 octobre 2023, lorsque 5 000 terroristes placés sous l’autorité du Hamas ont envahi le sud d’Israël, et tué 1 200 personnes, pour la plupart des civils. Au cours de leur déferlement meurtrier dans la région, les terroristes ont enlevé 251 personnes, également pour la plupart des civils, qu’ils ont emmenées en otage dans la bande de Gaza.

Israël a riposté par une campagne militaire visant à détruire le Hamas et à sauver les otages. Un cessez-le-feu complexe en trois phases, comprenant la libération des otages par lots, a été instauré le 19 janvier, mais s’est effondré après la première étape, Israël ayant repris ses frappes aériennes dans un climat d’accusations mutuelles de violations et le Hamas ayant cessé de libérer les otages.

« Nous voulons que les tueries cessent »

Les anciens de la famille de Beit Lahiya ont exprimé leur soutien aux manifestations contre la nouvelle offensive israélienne et le renforcement du blocus sur toutes les fournitures à destination de Gaza. Dans leur déclaration, ils ont affirmé que la communauté soutenait pleinement la résistance armée contre Israël.

Des Palestiniens participent à une manifestation anti-Hamas, appelant à la fin de la guerre avec Israël, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025. (Crédit : Flash90)

« La manifestation n’était pas politique. Elle concernait la vie des gens », a déclaré Mohammed Abu Saker, père de trois enfants originaire de la ville voisine de Beit Hanoun, qui a participé à une manifestation mardi.

« Nous voulons mettre fin aux tueries et aux déplacements, quel qu’en soit le prix. Nous ne pouvons pas empêcher Israël de nous tuer, mais nous pouvons faire pression sur le Hamas pour qu’il fasse des concessions », a-t-il déclaré.

Une manifestation similaire a eu lieu mardi dans la zone fortement détruite de Jabalia, selon des témoins.

Un manifestant à Jabalia, qui a parlé sous couvert d’anonymat par crainte de représailles, a déclaré qu’ils avaient rejoint la manifestation parce que « tout le monde nous a laissé tomber ».

Ils ont dit qu’ils scandaient des slogans contre Israël, le Hamas, l’Autorité palestinienne soutenue par l’Occident et les médiateurs arabes. Ils ont déclaré qu’il n’y avait pas de forces de sécurité du Hamas lors de la manifestation, mais que des échauffourées avaient éclaté entre les partisans et les opposants du groupe.

Plus tard, ils ont déclaré qu’ils regrettaient d’avoir participé en raison de la couverture médiatique israélienne, qui mettait l’accent sur l’opposition au Hamas.

Parallèlement, Katz a exhorté les Gazaouis à intensifier les manifestations, affirmant que l’éviction du Hamas était leur seule chance de mettre fin à la guerre.

أهل غزة،

قريبا سيتحرك جيش الدفاع بقوة في مناطق أخرى في غزة وسيطلب منكم الإخلاء من مناطق القتال لحمايتكم.

إن الخطط جاهزة وقد تمت المصادقة عليها.

حماس تعرّض حياتكم للخطر وستجعلكم تخسرون بيوتكم والمزيد من الأراضي التي سيتم ضمها إلى منظومة الدفاع الإسرائيلية.

لقد دمر السنوار… pic.twitter.com/gCbBaJL1Bt

— ישראל כ”ץ Israel Katz (@Israel_katz) March 26, 2025

« Résidents de Gaza, l’armée israélienne opérera bientôt avec intensité dans d’autres zones de Gaza et vous devrez évacuer les zones de combat pour votre protection », a déclaré Katz dans un message vidéo mercredi qui comprenait une déclaration en langue arabe.

« Les plans sont prêts et approuvés. Le Hamas met votre vie en danger et vous fera perdre vos maisons et de plus en plus de terres qui seront ajoutées au dispositif de défense israélien », a déclaré Katz, faisant référence à une zone tampon en expansion le long de la frontière de Gaza qu’Israël a mise en place.

« Apprenez des habitants de Beit Lahiya, comme ils l’ont fait, vous devriez également exiger le retrait du Hamas de Gaza et la libération immédiate de tous les otages israéliens. C’est la seule façon de mettre fin à la guerre », a-t-il ajouté.

Un Palestinien de 19 ans, qui a également parlé sous couvert d’anonymat par crainte de représailles, a déclaré qu’il prévoyait de participer aux manifestations de mercredi. Sa mère est atteinte d’un cancer et son frère de 10 ans est hospitalisé pour une infirmité motrice cérébrale. L’adolescent palestinien a déclaré que la famille avait été déplacée à plusieurs reprises depuis que leur maison a été détruite.

« Les gens sont en colère contre le monde entier », y compris les États-Unis, Israël et le Hamas, a-t-il déclaré. « Nous voulons que le Hamas résolve cette situation, rende les otages et mette fin à tout cela. »

Les manifestations sont des événements relativement rares à Gaza, en particulier contre le Hamas, qui maintient une main de fer sur la bande de Gaza depuis qu’il a violemment évincé l’Autorité palestinienne du territoire il y a près de vingt ans.

Des hommes montés sur une charrette tirée par des chevaux transportant des branches d’arbres coupées pour le bois regardent un panache de fumée s’échapper d’un bâtiment touché par une frappe israélienne après un avertissement préalable à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 25 mars 2025. (Crédit : Eyad BABA / AFP)

Bien que des individus à Gaza aient fait davantage de déclarations publiques contre le régime du Hamas depuis le début de la guerre, les manifestations de grande ampleur contre le groupe ont été quasiment inexistantes.

La dernière manifestation documentée dans la bande de Gaza contre le Hamas a eu lieu en janvier 2024, lorsque des Palestiniens de Deir al-Balah et de Khan Younès ont appelé à la fin de la guerre, à la fin du régime du groupe terroriste à Gaza et à la libération des otages israéliens.

Avant la guerre, les manifestations contre le Hamas étaient également des événements relativement rares et étaient souvent réprimées violemment par le groupe terroriste.

La reprise des combats entraîne davantage de morts et de déplacements

Les manifestations ont éclaté une semaine après qu’Israël a mis fin à son cessez-le-feu avec le Hamas en lançant une vague surprise de frappes contre les dirigeants du Hamas et les infrastructures terroristes, qui auraient tué des centaines de personnes.

Au début du mois, Israël a interrompu les livraisons de nourriture, de carburant, de médicaments et d’aide humanitaire aux quelque 2 millions de Palestiniens de Gaza afin de faire pression sur le Hamas pour qu’il négocie la poursuite de la trêve et la libération des otages.

Israël a promis d’intensifier la guerre jusqu’à ce que le Hamas libère les 59 otages qu’il détient encore, dont 24 seraient encore en vie. Israël exige également que le groupe renonce au pouvoir, se désarme et envoie ses dirigeants en exil.

Le Hamas a déclaré qu’il ne libérerait les autres captifs qu’en échange de prisonniers palestiniens, de la fin totale de la guerre et du retrait israélien de Gaza.

Le Hamas a remporté une victoire écrasante à Gaza lors des dernières élections palestiniennes, tenues en 2006. Il a pris le pouvoir à Gaza à l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie et dominée par le mouvement laïque du Fatah, l’année suivante, après des mois de troubles entre factions et une semaine de violents combats de rue.

Les groupes de défense des droits humains affirment que l’Autorité palestinienne et le Hamas répriment violemment la dissidence, réprimant les manifestations dans les zones qu’ils contrôlent et emprisonnant et torturant les opposants.