L’envoyé américain pour les otages menace le Hamas si Edan Alexander n’est pas dans un « état décent »

L’envoyé de l’administration Trump pour les otages, Adam Boehler, a supposé mercredi que le seul otage israélo-américain vivant toujours détenu à Gaza se trouvait dans un « état décent », affirmant que le Hamas ne serait pas assez « stupide » pour lui faire du mal, car cela pousserait les États-Unis à « s’en prendre » au groupe terroriste.

« Parce que je pense que le Hamas n’est pas stupide… Edan [Alexander] est en bon état de santé… Parce que si Edan tombe malade, si Edan a un rhume, devinez qui sera blâmé ? Le Hamas », a déclaré Boehler à Al Jazeera. « J’espère qu’ils n’ont pas touché à un de ses cheveux, sinon nous viendrons les chercher et ce ne sera pas beau à voir. Je pense donc qu’Edan va bien. »

Ces propos ont été tenus quatre jours après la diffusion, par le Hamas d’une vidéo de propagande dans laquelle Alexander, décharné et ému, suppliait les gouvernements israélien et américain d’obtenir sa libération, après plus d’un an et demi de captivité.

Lundi, le Hamas a affirmé avoir perdu le contact avec les terroristes détenant Alexander à Gaza à la suite d’une frappe israélienne. Il n’a pas fourni d’autres informations à ce sujet.

Cette interview de l’envoyé américain était la première accordée par Boehler sur le conflit entre Israël et le Hamas depuis plusieurs semaines, à la suite du tollé provoqué à Jérusalem par les négociations directes sans précédent qu’il avait menées avec des responsables du Hamas pour faire libérer Alexander et pour obtenir le rapatriement des corps sans vie de quatre autres otages israélo-américains.

Israël avait découvert l’existence de ces discussions a posteriori, ce qui avait conduit le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, à téléphoner à Boehler pour lui reprocher d’avoir tenté de négocier au nom d’Israël sans en avertir Jérusalem, a déclaré un responsable israélien au Times of Israel la semaine dernière.

Mais Boehler a toutefois déclaré dans l’entretien de mercredi que l’offre qu’il avait faite début mars pour les cinq otages américains avait été « coordonnée avec Israël ».

Un porte-parole de Dermer n’avait pas répondu à une demande de commentaire au moment de la rédaction de cet article.

Le soldat Edan Alexander dans une vidéo de propagande diffusée par le groupe terroriste Hamas le 12 avril 2025. (Autorisation)

L’offre de Boehler comprenait la libération de 100 des 300 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité dans les prisons israéliennes en échange d’Alexander, a déclaré le responsable israélien la semaine dernière, confirmant une information du New York Times.

« J’ai fait une offre au Hamas. Cette offre a été décidée aux États-Unis et coordonnée avec Israël », a déclaré Boehler à Al Jazeera. « À l’époque, le Hamas n’était pas en mesure d’y parvenir. Puis Steve [Witkoff] est venu et il a parlé d’autre chose, et ensuite [le Hamas] est venu et il a accepté mon offre. »

Le 14 mars, le Hamas avait annoncé qu’il était prêt à libérer Alexander et quatre autres personnes ayant la double nationalité. Mais à ce moment-là, le canal de communication directe de Boehler avec le Hamas s’était pratiquement effondré. Son existence avait été divulguée par Israël le 5 mars, avec pour objectif de saboter les efforts de l’envoyé, avait confié un responsable américain au Times of Israel à l’époque.

Même le secrétaire d’État américain Marco Rubio a qualifié les discussions de Boehler de « cas unique », tandis que Witkoff a évité de prendre la défense de Boehler- même si les discussions lancées par ce dernier avaient été entièrement coordonnées avec lui. Au lieu de cela, Witkoff a cherché à mettre en avant sa propre proposition de libération d’otages, transmise par l’intermédiaire des médiateurs qataris et égyptiens. Cette voie indirecte n’a toutefois pas encore porté ses fruits.

Donald Trump, alors candidat républicain à l’élection présidentielle, posant pour des photos avec des membres de la famille d’Edan Alexander, un otage détenu par le Hamas, après avoir visité la tombe du rabbin Menachem Mendel Schneerson, à New York, le 7 octobre 2024. (Crédit : Yuki Iwamura/AP)

Boehler avait donné une série d’interviews, le 9 mars, pour défendre ses pourparlers directs avec le Hamas, mais ses apparitions télévisées n’avaient fait qu’irriter davantage le cercle rapproché de Netanyahu, ce qui avait conduit Dermer à exhorter ses homologues américains à mettre l’envoyé de Trump sur la touche, avait indiqué le responsable israélien.

Les efforts de Dermer avaient d’abord semblé porter leurs fruits – puisque Boehler avait retiré sa candidature au poste d’envoyé spécial pour les otages, le 19 mars dernier. Mais mercredi, Boehler a annoncé publiquement qu’il revenait sous un titre légèrement différent, celui d’envoyé spécial pour la réponse aux otages.

Ce nouveau poste n’a pas le rang d’ambassadeur, mais il ne nécessite pas non plus la confirmation du Sénat et il lui confère un mandat plus large, lui permettant d’aider aussi les Américains détenus à tort à l’étranger qui ne répondent pas à la définition juridique « d’otage » ou de « détenu injustifié ».

Sa place au sein de l’administration Trump semblant assurée, Boehler a déclaré qu’il était « possible » que ses pourparlers directs avec le Hamas reprennent.

Il a fait valoir que l’administration Trump est principalement favorable à l’approche de la négociation directe, expliquant qu’elle permet une communication plus rapide et « sans confusion ». L’envoyé américain a souligné les discussions directes que Washington a menées avec l’Iran et la Russie, notant que les négociations avec le Kremlin ont conduit à la libération de deux Américains.

Sur cette photo de l’agence d’État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l’envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d’une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Crédit : Gavriil Grigorov / POOL / AFP)

Dans l’interview accordée à Al Jazeera, il a exhorté le Hamas à négocier de toute urgence « et à présenter une offre qu’Israël et les États-Unis pourraient accepter, afin de mettre un terme à cette situation ».

« Le Hamas sait exactement quelle est notre position, et il est invité à proposer une solution qui réponde à nos critères concernant les otages », a ajouté Boehler.

Il a exhorté le Hamas à libérer unilatéralement les 59 otages restants dont 24 seraient encore en vie, selon les autorités israéliennes.

« Les combats cesseraient immédiatement si les otages étaient libérés », a déclaré Boehler, ajoutant que cela permettrait de faire avancer le redressement des Palestiniens.

Des Gazaouis descendent dans la rue pour manifester contre le pouvoir du Hamas à Gaza, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 16 avril 2025. (Capture d’écran / X)

Israël a déclaré que le pays n’acceptera pas de mettre un terme à la guerre si les capacités militaires et d’administration du Hamas ne sont pas totalement démantelées, rejetant les offres faites par le Hamas de remettre en liberté tous les otages en même temps en échange d’un cessez-le-feu permanent.

Pour sa part, Boehler a également appelé le Hamas à « désarmer » et il a défendu les opérations militaires israéliennes en cours à Gaza.

Il a également qualifié les récentes manifestations de milliers de Palestiniens de Gaza contre le Hamas de « très impressionnantes et belles à voir ».

« Cela montre que les personnes modérées dans ces régions sont de vraies bonnes personnes [qui sont] prêtes à risquer leur vie », a-t-il déclaré.