Décès de Nita Lowey, membre juive du Congrès US et défenseure de la paix au Proche-Orient

JTA – Nita Lowey, une démocrate juive de New York qui a siégé à la Chambre des représentants des États-Unis pendant 32 ans, est décédée à l’âge de 87 ans.

La famille de Lowey a annoncé son décès dimanche, six ans après son départ du Congrès. Elle luttait contre un cancer du sein depuis plusieurs années, selon le communiqué de la famille.

« Fonctionnaire publique au sens propre du terme, elle était guidée par la valeur fondamentale juive de ‘Tikkun Olam’, la réparation du monde », indique le communiqué, qui précise que Lowey est décédée entourée de sa famille à son domicile de Harrison, dans l’État de New York.

Nita Lowey avait 51 ans en 1988 lorsqu’elle a été élue au Congrès pour représenter une circonscription de banlieue englobant des parties du comté de Westchester ainsi que du comté de Rockland, où vit une importante population juive. Elle est devenue la première femme à diriger la commission des crédits de la Chambre des représentants. Elle était également une fervente défenseuse d’Israël et luttait contre l’érosion du soutien bipartisan à ce pays.

Lorsque la représentante Ilhan Omar, élue en 2018, a suggéré que les partisans d’Israël faisaient allégeance à un pays étranger, Lowey a condamné ses déclarations.

Elle a également plaidé en vain auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2015 pour qu’il n’accepte pas une invitation du président républicain de la Chambre qui lui permettrait d’utiliser le Congrès telle une scène pour fustiger les efforts du président de l’époque, Barack Obama, pour négocier un accord visant à freiner les ambitions nucléaires de l’Iran – bien qu’elle se soit elle-même opposée à l’accord.

Nita Lowey (NY), principale démocrate de la Chambre des représentants américaine. (Crédit : capture d’écran YouTube/nitalowey)

« J’ai dit : ‘Je vais organiser des réunions privées pour vous à la Chambre des représentants et au Sénat’. Il ne s’agissait pas d’une invitation bipartisane, et je crois passionnément qu’Israël et les États-Unis doivent maintenir une alliance bipartisane. Ne venez pas dans un cadre partisan », avait dit Lowey en 2019. « Il m’a répondu : ‘Je vais y réfléchir’. Il ne m’a jamais rappelée. »

Lowey a également fait pression sur un large éventail de groupes – du lobby pro-israélien AIPAC à J Street, le lobby libéral israélien, en passant par l’Alliance pour la paix au Moyen-Orient – pour obtenir leur soutien à un projet de loi qui prévoyait un budget de 50 millions de dollars pour soutenir des programmes de paix. Lorsque le projet de loi a été adopté après son départ à la retraite, avec un soutien bipartisan et un budget cinq fois supérieur, son nom officiel était « Nita M. Lowey Middle East Partnership for Peace Act » (Loi sur le partenariat pour la paix au Moyen-Orient).

L’American Jewish Committee (AJC) a déclaré dans un communiqué sur le décès de Lowey que la loi, « une loi transformatrice, continue d’être au cœur du plaidoyer de l’AJC alors que nous travaillons à construire la confiance et la compréhension entre les Israéliens et les Palestiniens, et que nous nous efforçons d’obtenir un Moyen-Orient plus pacifique et interconnecté ».

Les élus démocrates Nita Lowey et Eliot Engel de l’Etat de New York interviennent lors de la conférence annuelle de l’AIPAC, le 25 mars 2019. (Crédit : AIPAC via JTA)

Le directeur général de l’AJC, Ted Deutch, était le collègue de Lowey au Congrès. « Elle était un mentor incroyable, et j’ai la chance de l’avoir vue à l’œuvre sur le parquet de la Chambre des représentants, à la maison et dans le monde entier », a déclaré Deutch dans un communiqué.

« Nita aimait l’AJC et le peuple juif, et j’espère que grâce à nos efforts collectifs, nous pourrons nous aussi contribuer à honorer sa mémoire », a-t-il ajouté.

Lowey est née en 1937 dans le Bronx, où sa mère était impliquée dans la synagogue locale et dans d’autres causes juives. Après avoir obtenu son diplôme à la Bronx High School of Science, elle s’est rendue au Mount Holyoke College, dans le Massachusetts, où sa propre identité juive a été activée lorsqu’elle a découvert qu’il y avait des services religieux pour les chrétiens, mais pas pour les étudiants juifs.

Rep. Nita Lowey, seen here meeting with Bahraini Foreign Minister Khalid bin Ahmed Al-Khalifa in Washington in February 2010, is vying for the top Democratic spot on the powerful U.S. House of Representatives Appropriations Committee. (Courtesy Bahrain Ministry of Foreign Affairs/JTA)

« J’ai organisé des offices du vendredi soir pour 15 femmes, et bien que dans le Bronx je n’aille pas aux offices du vendredi soir, j’ai organisé des offices du vendredi soir et j’ai pensé que c’était important », se souvient-elle.

De retour à New York après ses études, elle s’est mariée et a eu trois enfants avant d’entrer en politique dans la trentaine en tant qu’assistante du gouverneur Mario Cuomo. Elle est devenue secrétaire d’État adjointe en 1988 et a battu un député républicain pour entrer au Congrès. Elle a ensuite représenté sa circonscription pendant plus de trente ans, préférant rester au Congrès plutôt que de briguer le siège d’Hillary Clinton au Sénat en 2009, alors que beaucoup pensaient qu’elle serait élue d’office.

La représente démocrate de New York Nita Lowey, présidente de la puissante Commission du budget à la chambre des représentants, à Washington, le 9 avril 2019. (Crédit : AP Photo/Andrew Harnik)

Nita Lowey a annoncé sa retraite peu après que Mondaire Jones, un jeune progressiste, a annoncé qu’il se présentait à la primaire contre elle en 2019. « Je suis si heureux que nous ayons pu passer du temps ensemble ces dernières années », a déclaré dimanche dans un communiqué Jones, à qui le représentant républicain sortant Mike Lawler a succédé. « Et je suis fier de savoir de première main, grâce à mes voyages, que son impact se fait sentir non seulement à New York, mais dans le monde entier ».

Nita Lowey laisse dans le deuil son mari depuis 64 ans, l’avocat Steve Lowey, ainsi que leurs trois enfants et huit petits-enfants.

À sa retraite, Lowey a déclaré qu’elle ne ressentait aucun conflit entre le fait d’aimer Israël et celui de critiquer son gouvernement. Elle a également évoqué avec fierté la visite de membres du Caucus noir du Congrès en Israël dans les années 1990 pour s’informer sur les efforts déployés par Israël pour aider les pays africains en développement. Les innovations médicales et scientifiques du pays, a-t-elle déclaré, « me rendent si fière d’être juive, en tant que membre juive du Congrès ayant la possibilité de travailler pour la paix, de travailler pour de bonnes relations entre les Arabes et les Juifs. C’est un privilège. »