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Des poissons morts attirent des requins sur une plage du centre, semant la panique
Phénomène courant en avril avec le réchauffement des eaux, l'afflux de carcasses attire les requins, mais c’est la première fois qu'ils apparaissent à Beit Yanai
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les scientifiques ne parviennent pas à expliquer pourquoi plusieurs requins se sont approchés la semaine dernière de la plage de Beit Yanai, dans le centre d’Israël, apparemment pour la première fois.
La présence des animaux marins a fait fuir les baigneurs vers la terre ferme et attiré l’attention des médias.
Les requins, considérés comme inoffensifs pour l’homme, ont été aperçus jeudi à proximité de l’embouchure de la rivière Alexander, là où elle se jette dans la mer Méditerranée.
Selon la chaîne N12, un sauveteur a demandé aux baigneurs de sortir de l’eau, déclenchant un mouvement de panique. Un baigneur a raconté à la chaîne qu’il était « assis au bord de la mer, en train de déboucher ma bière. Quand soudain, j’ai vu un aileron surgir à une dizaine de mètres du rivage. Une partie des baigneurs est venue prendre des photos mais d’autres ont pris peur ».
Aviad Sheinin, directeur du laboratoire des prédateurs de l’Apex à l’université de Haïfa, a expliqué dimanche au Times of Israel que des requins similaires sont souvent observés en avril, lorsque des vagues de chaleur font grimper la température de l’eau. Toutefois, ils sont généralement aperçus aux environs de la centrale électrique Orot Rabin, à environ sept kilomètres au nord-est de Bet Yanai, ou près de la centrale électrique Rutenberg, à proximité de la frontière de Gaza.
Depuis des années, les requins sombres (Carcharhinus obscurus) et les requins gris (Carcharhinus plumbeus) fréquentent les eaux chaudes rejetées par ces centrales électriques entre novembre et mai, a précisé Sheinin.
Les vagues de chaleur brutales typiques de cette saison provoquent également des mortalités massives de poissons dans les rivières qui se jettent dans la mer. Plus l’eau est chaude, moins elle contient d’oxygène, ce qui asphyxie les poissons. Entraînés vers les eaux côtières, les poissons morts attirent les requins, qui trouvent là une source abondante de nourriture.
La semaine dernière, ces morts ont été constatées dans les rivières Hadera et Alexander.
« À moins qu’une nouvelle mort ne survienne, les visites de requins à Beit Yanai sont probablement terminées », a estimé Sheinin.
« Les requins jouent un rôle important : ils nettoient la mer en éliminant les poissons malades, blessés ou morts. »
Yair Suari, chimiste et physicien spécialiste des estuaires à la faculté des sciences marines du centre universitaire Ruppin à Michmoret – à quelques kilomètres de la centrale Orot Rabin – a déclaré que la rivière Alexander avait connu quatre épisodes majeurs de mortalité de poissons au cours des quinze dernières années.
Il a suggéré que les eaux usées provenant de la ville arabe de Qalansawe avaient probablement contribué à l’événement de la semaine dernière, tout en notant qu’à sa connaissance, c’était la première fois que des requins étaient observés à cet endroit.
« Pourquoi sont-ils venus cette année et pas avant ? C’est une excellente question », a-t-il déclaré.
Sheinin a par ailleurs rappelé que, selon des recherches de l’université de Haïfa, les requins sombres et les requins gris viennent se réchauffer près des centrales électriques de novembre à mai, alternant séjours de trois à cinq jours entre les zones côtières et la haute mer pour se nourrir. De juin à octobre, ils se déplacent plus largement en Méditerranée, atteignant l’Égypte, Chypre et parfois même l’Italie.
Il a souligné que, bien que ces requins – pouvant atteindre jusqu’à quatre mètres de long pour les requins sombres et 2,4 mètres pour les requins gris – n’attaquent pas les humains, ils sont protégés et ne doivent pas être approchés. Il a conseillé aux pêcheurs de relâcher leurs prises s’ils aperçoivent des requins, afin d’éviter tout incident.
Enfin, Sheinin a précisé qu’il n’existait à ce jour aucune preuve que le réchauffement des mers attire des espèces de requins plus dangereuses le long des côtes israéliennes.
