Yaïr Golan : enquêtez sur Netanyahu et son équipe pour une possible « trahison »

Les allégations selon lesquelles un proche collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait effectué un travail de relations publiques pour le Qatar pendant la guerre menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas nécessitent une enquête pour trahison, y compris une enquête sur le Premier ministre lui-même, a demandé jeudi le chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan.

« Il y a un soupçon de trahison au sein du cabinet du Premier ministre qui doit faire l’objet d’une enquête », a déclaré Golan lors d’une conférence de presse sur cette question qu’il a convoquée à Tel Aviv.

« Tous les membres du cabinet du Premier ministre qui ont été en contact avec le Qatar doivent faire immédiatement l’objet d’une enquête. Et Netanyahu lui-même doit faire l’objet d’une enquête », a-t-il insisté.

Le Likud, le parti de Netanyahu a qualifié ces remarques « d’incitation [à la haine] ».

Selon un reportage diffusé lundi par la chaîne N12, Eli Feldstein, ancien porte-parole militaire du Premier ministre, a été employé par une société financée par le Qatar pour améliorer la perception publique de Doha concernant le rôle du pays du Golfe dans la médiation de l’accord de libération des otages entre Israël et le Hamas.

Le Qatar, qui a été l’un des principaux bailleurs de fonds du Hamas, a joué le rôle de médiateur dans les pourparlers avec les États-Unis et l’Égypte.

Eli Feldstein, porte-parole du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, principal suspect dans une enquête ouverte fin octobre 2024 sur des allégations d’accès illégal et de fuite de matériel de renseignement confidentiel. (Crédit : Capture d’écran Kann ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Feldstein est également un suspect majeur dans un scandale entourant la fuite de documents classifiés de l’armée israélienne liés à la guerre.

Le reportage de la chaîne N12 a révélé « des preuves évidentes d’un lien commercial, financier et personnel entre le bureau du Premier ministre et un État ennemi avant et pendant la guerre », a affirmé Golan.

Le Qatar n’est pas désigné comme un ennemi d’Israël, mais les deux pays n’entretiennent pas de relations officielles, et Doha accueille depuis longtemps des dirigeants du Hamas sur son territoire et soutient financièrement le groupe terroriste palestinien.

« Les plus proches conseillers de Netanyahu, des personnes occupant les postes les plus importants de l’État d’Israël, auraient reçu des paiements, entretenu des liens et fait des affaires avec l’État qui a financé le Hamas », a-t-il déclaré, appelant l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et le bureau de la procureure générale à ouvrir une enquête criminelle pour trahison présumée.

אם הדיווחים נכונים, יש בלשכת רה"מ חשד לבגידה. כשהיועצים הקרובים של נתניהו מקבלים כסף ממדינת אויב שמממנת את חמאס – זו עבירה ביטחונית חמורה. pic.twitter.com/YXYon6KA2f

— Yair Golan – יאיר גולן (@YairGolan1) February 13, 2025

« Le Qatar n’a pas seulement financé le Hamas, il a également fourni un sanctuaire à ses hauts responsables, tels qu’Ismaïl Haniyeh et Khaled Meshaal. C’est le Qatar qui apporte un soutien politique, diplomatique et économique au groupe terroriste le plus meurtrier auquel Israël ait jamais été confronté », a déclaré Golan.

« Il s’agit d’un danger clair et immédiat pour la sécurité d’Israël. »

Toutes les personnes impliquées doivent être immédiatement suspendues, a-t-il ajouté.

Un porte-parole du Likud a fustigé les « propos scandaleux » de Golan.

Le porte-parole a déclaré que « l’incitation [à la haine] » de Golan avait franchi une « ligne rouge » et que le politicien de gauche devrait lui-même faire l’objet d’une enquête, faisant référence à des théories du complot infondées sur Internet selon lesquelles Golan aurait été impliqué dans des activités d’espionnage contre Israël à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023. Golan est en effet connu pour s’être précipité dans le sud le jour de l’assaut et avoir risqué sa vie pour sauver des civils des scènes de massacre.

En réponse au Likud, Golan a mis Netanyahu au défi « de se joindre à [lui] pour enquêter sur ce que chacun de nous a fait le 7 octobre ».

Faisant écho à ces propos, l’ONG Mouvement pour un gouvernement de qualité (MGQ) a appelé à une enquête « immédiate » sur les allégations de liens inappropriés entre le cabinet du Premier ministre et le Qatar, et a exhorté le chef du Shin Bet, Ronen Bar, à lancer une « enquête approfondie » sur la question.

Dans une déclaration, Eliad Shraga, le président du MGQ, a déclaré qu’il était « impensable qu’une personne du cabinet du Premier ministre agisse pour protéger les intérêts d’un État qui soutient le terrorisme en pleine guerre. Nous exigerons que le Shin Bet enquête sur cette affaire grave avec la plus grande rigueur ».

Le porte-parole Eli Feldstein lors d’un événement avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant la guerre contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le pogrom du 7 octobre 2023 par le Hamas. (Crédit : Armée israélienne)

Selon la chaîne N12, Feldstein a eu des conversations avec plusieurs journalistes au cours desquelles il a présenté le Qatar comme ayant un « rôle positif » dans les pourparlers. Elle a également rapporté que l’entreprise financée par le Qatar qui employait Feldstein s’efforçait de promouvoir les contacts entre les familles des otages et les autorités de Doha.

Ce travail aurait eu lieu au moment où Netanyahu condamnait publiquement le Qatar en tant que soutien du groupe terroriste palestinien du Hamas.

L’entreprise n’était pas nommée dans le reportage, qui n’indiquait pas non plus la source des allégations contre Feldstein.

Soupçonné d’avoir divulgué des informations classifiées à la presse étrangère, Feldstein a été arrêté en novembre. Selon le reportage, Feldstein a continué à travailler pour le Qatar jusqu’à ce que le scandale de la fuite de documents soit rendu public.

Les avocats de Feldstein et le porte-parole de Netanyahu ont tous deux démenti ces informations.

Deux autres conseillers de Netanyahu, Jonatan Urich et Yisrael Einhorn, auraient été impliqués l’année dernière dans une campagne visant à améliorer l’image du Qatar en vue de l’organisation de la Coupe du monde de football de 2022.

Israël et le Qatar ont établi des relations commerciales en 1996 qui ont duré jusqu’en 2009, lorsque Doha les a rompues en raison d’une précédente série de combats entre Israël et Gaza.

S’adressant à la chaîne N12 mercredi, Udi Levy, un ancien haut responsable de l’agence de renseignement du Mossad, a affirmé que « le cercle d’influence qatari est beaucoup plus large que les trois personnes du cabinet du Premier ministre ».

Levy a déclaré qu’un haut fonctionnaire du cabinet du Premier ministre avait contacté un avocat israélien pour lui demander de représenter le Qatar dans un procès intenté par des familles de victimes du terrorisme.

Le cabinet du Premier ministre a déclaré à la chaîne N12 que « personne au sein du cabinet du Premier ministre n’avait reçu l’autorisation de proposer au Qatar un avocat israélien pour le représenter contre les revendications israéliennes ».

Les allégations de fuite contre Feldstein et Ari Rosenfeld, sous-officier de réserve de l’armée israélienne au Directorat des Renseignements militaires, sont au cœur d’un scandale au sein du cabinet du Premier ministre dans lequel un document hautement confidentiel, détaillant ostensiblement les priorités et les tactiques du Hamas dans les négociations pour la libération des otages, a été illégalement dérobé de la base de données du renseignement militaire de Tsahal, puis divulgué au journal allemand Bild.

Selon les procureurs, cette affaire porte sur des tentatives visant à influencer l’opinion publique concernant les pourparlers en vue de la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, dans un sens plus favorable à Netanyahu, quelques jours après l’exécution de six otages par le groupe terroriste en août dernier.

Feldstein est accusé d’avoir transféré des informations classifiées dans l’intention de nuire à la sécurité de l’État, un chef d’accusation passible d’une peine de prison à perpétuité, ainsi que de possession illicite d’informations classifiées et d’obstruction à la justice.