Des photos inédites montrant le nazi Demjanjuk à Sobibor font surface à Berlin
L'ancien gardien de camp nazi a toujours nié avoir été en poste à Sobibor ; les images de l'héritage d'un commandant du camp seront rendues publiques le 28 janvier
Des photos du criminel de guerre, le nazi John Demjanjuk, dans le camp de la mort de Sobibor sont récemment apparues, alors qu’il avait toujours nié y avoir officié comme gardien.
Les images récemment découvertes proviennent du patrimoine d’un commandant adjoint du camp, Johann Niemann, l’un des dix SS tués par des prisonniers lors du célèbre soulèvement d’octobre 1943.
Une partie de sa collection sera rendue publique le 28 janvier, au musée de la Topographie de la terreur à Berlin et dans un nouveau livre qui paraîtra ce même jour.
C’est la première fois, semble-t-il, que Demjanjuk est identifié sur des photos de Sobibor.
New proof: John Demjanjuk was in #Sobiborhttps://t.co/wKgfl619AJ pic.twitter.com/Om8eLucJRt
— Chai (@Ben_Abra) January 20, 2020
Demjanjuk, dont la citoyenneté américaine a été révoquée en 2002 pour avoir menti au sujet de son service nazi lors de sa demande, et qui a été expulsé en Allemagne en 2009, a été condamné à Munich en 2011 pour complicité de meurtre de 28 060 Juifs au camp de Sobibor. Condamné à cinq ans de prison, il est mort dans une maison de retraite à l’âge de 91 ans en mars 2012, alors qu’il attendait une décision sur son appel.
Selon les archives de la Topographie de la terreur, les photos – qui font partie d’une série de plus de 350 images – donnent un aperçu sans précédent de la phase « Action Reinhardt » de l’extermination massive des Juifs d’Europe dans les camps de la mort de Sobibor, Belzec et Treblinka.
Sobibor a été construit en 1942 dans la Pologne occupée par les Allemands. Lorsque le camp fut fermé en novembre 1943, au moins 167 000 Juifs y avaient été gazés au monoxyde de carbone, selon le musée de la Shoah des États-Unis.
Le musée berlinois travaille sur ce projet en collaboration avec le Centre éducatif Stanislaw Hantz et le Centre de recherche sur le national-socialisme de Ludwigsburg à l’Université de Stuttgart.
La condamnation de Demjanjuk avait créé un précédent juridique en vertu duquel ceux ayant servi là où des crimes contre l’humanité ont été commis peuvent être poursuivis en tant que complices.
On pensait que Demjanjuk, né en Ukraine, était le garde notoirement brutal « Ivan le Terrible » du camp d’extermination de Treblinka. Il avait ainsi été extradé des États-Unis vers Israël pour y être jugé en 1986. Deux ans plus tard, il a été reconnu coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et condamné à mort par pendaison.
Mais en 1993, la plus haute cour d’Israël a décidé à l’unanimité que Demjanjuk n’était pas « Ivan le Terrible », annulant le verdict de 1988 et le renvoyant aux États-Unis après avoir reçu la preuve qu’un autre Ukrainien était en fait le gardien nazi recherché.
Son histoire a fait l’objet l’an passé d’un documentaire intitulé « The Devil Next Door » sur Netflix.