Le 7 octobre, les terroristes visaient une base de renseignement mais se sont trompés de route

Les terroristes du Hamas qui ont envahi le sud d’Israël le 7 octobre 2023 voulaient s’emparer d’une une base stratégique relevant du renseignement militaire située à quelque 16 kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza.

Mais, arrivés à la jonction d’Urim, les terroristes ont suivi la mauvaise direction et ont attaqué une base adjacente du commandement du Front intérieur, où huit soldats ont été tués et plusieurs autres blessés, selon une enquête de l’armée israélienne publiée vendredi.

L’enquête de Tsahal sur l’attaque de la base d’Urim indique que les actions des soldats et des commandants qui se sont battus pour défendre la base ont finalement fait échouer les plans du Hamas. Elle souligne toutefois que le dispositif de défense de la base n’était « pas suffisamment préparé pour faire face à un scénario d’infiltration et d’attaque d’une telle ampleur ».

« En conséquence, les terroristes se sont livrés à un véritable carnage à l’intérieur de la base, jusqu’à ce qu’ils soient totalement éliminés par les troupes de Tsahal », a précisé encore l’enquête.

Les conclusions publiées vendredi sont les dernières en date d’une série d’enquêtes détaillées sur une quarantaine de batailles et de massacres qui ont eu lieu lors du pogrom meurtrier du Hamas le 7 octobre, au cours duquel près de 5 600 terroristes ont franchi la frontière, assassiné plus de 1 200 personnes et pris 251 otages pour les emmener à Gaza, où 58 d’entre eux sont toujours en captivité, et dont la mort de 35 d’entre eux a été confirmée par l’armée.

L’enquête, menée par le colonel Asher Benishti, actuel chef du commandement du Front intérieur Sud, a couvert tous les aspects des combats à la base d’Urim.

La base d’Urim, située à proximité de la communauté du même nom, se trouve à environ 16 kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza. Elle est considérée comme une « base arrière », c’est-à-dire qu’elle n’est pas située à la frontière et ne relève donc pas de la juridiction de la division de Gaza. Elle n’était donc pas du tout préparée à faire face à une attaque d’infiltration de grande envergure.

Le complexe de la base est réparti entre trois unités : le commandement du Front intérieur du Sud, la 414e unité de collecte de renseignements de combat et l’unité 8200 de la Direction du renseignement militaire. Cette dernière, connue sous le nom de base de Yarkon, était la cible visée par le Hamas. Chaque base est clôturée et gère sa sécurité de manière indépendante.

La base du commandement du Front intérieur au camp d’Urim, telle qu’elle apparaît dans un reportage diffusé le 6 avril 2024. (Crédit : capture d’écran/N12)

L’armée israélienne a déclaré que les enquêteurs se sont rendus sur les lieux et ont examiné toutes les sources d’information possibles, y compris les images prises par les terroristes, les SMS des habitants, les vidéos de surveillance, les communications radio de l’armée et les entretiens avec les survivants.

L’enquête de la base d’Urim visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour l’armée. Elle n’a pas examiné le tableau plus large de la perception de Gaza et du Hamas par l’armée ces dernières années, qui a fait l’objet d’enquêtes distinctes et plus vastes sur le renseignement et les défenses de l’armée israélienne.

Chronologie de l’attaque

Le matin du 7 octobre, seuls sept soldats – dont six armés – montaient la garde à la base du commandement du Front intérieur d’Urim, alors que, selon les protocoles de sécurité de la base, douze soldats auraient dû être en poste.

Au total, la base ne comptait que treize militaires ce jour-là – une équipe réduite – en raison du week-end de fête et de l’absence d’alerte particulière avant l’attaque.

Sous une pluie de roquettes tirées par le Hamas et en pleine vague d’infiltrations depuis Gaza à partir de 6h29, dix terroristes circulant sur cinq motos se sont dirigés vers les installations militaires d’Urim.

Deux soldates, sur le point de prendre leur tour de garde à l’entrée de la base du commandement du Front intérieur, se sont réfugiées dans un abri à cause des tirs de roquettes. Elles y sont restées jusqu’à ce qu’elles soient secourues dans l’après-midi, après la fin des combats. D’autres soldats se sont également abrités dans différents points de la base.

Le sergent-major Aharon Farash et la caporale Alina Pravosudova à l’entrée du centre de commandement de la base du Front intérieur Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Capture d’écran/N12)

Face aux tirs de roquettes incessants, un officier de garde posté au centre de commandement a ordonné à l’ensemble des sentinelles de rester à l’abri.

Le colonel Sagi Baruch, alors commandant du district Sud du Front intérieur, a demandé à tout le personnel en permission ce week-end-là de revenir immédiatement à la base pour renforcer les effectifs. Deux officiers tentant de rejoindre le site ont été blessés en chemin lors d’un échange de tirs avec des terroristes.

À 7h17, un sous-officier en route vers la base a contacté le centre de commandement pour signaler des coups de feu entendus près d’Ofakim, une ville voisine.

Quelques minutes plus tard, il est arrivé sur la base et s’est dirigé vers le centre de commandement. Au même moment, le groupe de terroristes atteignait l’entrée est de la base et plaçait un engin explosif sur la clôture.

À 7h25, le commandant du district a ordonné aux quatre sergents d’opérations du centre de commandement de rassembler toutes les troupes en ce lieu, estimant que c’était l’endroit le plus sûr face aux tirs de roquettes.

Une minute plus tard, les terroristes ont déclenché l’explosif, créant une brèche dans la clôture et pénétrant dans la base. Les sergents d’opérations ont immédiatement détecté l’infiltration via les caméras de surveillance et signalé une infiltration terroriste.

À 7h29, plusieurs soldates ont quitté en courant un abri situé près des baraquements féminins pour tenter de rejoindre le centre de commandement. Les terroristes, qui venaient tout juste d’entrer dans la base, les ont repérées et ont ouvert le feu, tuant deux soldates, la caporale Lior Levy et la caporale Ofir Davidian, et en blessant deux autres.

La caporale Lior Levy et la caporale Ofir Davidian, tuées sur la base du commandement du Front intérieur du Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Quelques instants plus tard, les terroristes se sont dirigés vers un abri situé près de l’armurerie de la base, où se trouvait un soldat, le sergent Itamar Ayash. Ce dernier a échangé des coups de feu avec les terroristes avant d’être tué.

Sergent Itamar Ayash, tué lors d’une bataille contre le Hamas au poste militaire d’Urim le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Les terroristes se sont alors retranchés dans l’abri de l’armurerie, vraisemblablement pour planifier leur prochaine action. Pendant ce temps, la 414e unité, une unité de collecte de renseignements de combat dont le quartier général se trouve dans une base voisine, a été alertée par des officiers de la base du commandement du Front intérieur via un groupe WhatsApp pour lui demander de prêter main-forte contre l’infiltration. L’unité de collecte de renseignements de combat a lancé un drone dans les airs pour tenter de localiser les terroristes.

Simultanément, les roquettes ont provoqué une coupure de courant sur la base, désactivant le portail d’entrée électrique et empêchant ainsi les renforts d’accéder au site par l’accès principal.

À 7h39, un terroriste a quitté l’abri de l’armurerie, tiré sur l’une des soldates tuée plus tôt alors qu’elle courait vers le centre de commandement, et lui a volé son arme. Quelques minutes plus tard, le drone a confirmé la localisation des terroristes.

Dix minutes plus tard, quatre des terroristes, dont le commandant de la cellule, se sont dirigés vers la caserne des troupes féminines, où ils ont incendié un véhicule et tenté de pénétrer dans l’entrepôt de stockage de l’unité.

En utilisant le système de sonorisation de la base, l’un des sergents d’opération a mis en garde les terroristes les sommant de quitter la base, faute de quoi ils seraient abattus s’ils continuaient à avancer. Les terroristes sont alors retournés à l’abri de l’armurerie pour élaborer un plan d’attaque du centre de la base, toujours persuadés qu’ils se trouvaient dans la base de renseignement.

À 8 h 02, les terroristes ont tiré à l’aide d’un RPG (lance-roquettes) sur un bâtiment abritant le centre de commandement et d’autres bureaux, touchant une fenêtre d’une salle de conférence. Les terroristes ont ensuite avancé vers le bâtiment, ouvrant le feu sur un officier réserviste qui venait d’arriver à la base. L’officier blessé s’est replié dans une station-service à l’extérieur de la base.

Les terroristes ont alors tenté de pénétrer dans le centre de commandement. L’un d’eux a trouvé une porte ouverte menant à l’intérieur. Les terroristes ont lancé une grenade et ouvert le feu dans le hall d’entrée, avant de s’y engouffrer et de tenter de forcer une porte blindée protégeant le centre de commandement.

Une grenade lancée par des terroristes du Hamas explose à l’entrée du centre de commandement de la base du Front intérieur Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Capture d’écran/N12)

À 8 h 14, les terroristes ont réussi à forcer la porte en acier menant à une zone de réception à l’extérieur du centre de commandement. ils ont atteint une seconde porte blindée, donnant accès à la salle de commandement proprement dite. En la franchissant, les terroristes ont ouvert le feu et tué le sergent-major Aharon Farash, le sous-officier qui avait été le premier à signaler des coups de feu à proximité de la base et qui montait la garde à l’entrée du centre de commandement.

Le sergent-major Aharon Farash (Credit: Autorisation)

Une minute plus tard, les troupes de la 414e unité sont parvenues à entrer dans la base du commandement du Front intérieur – après avoir créé une brèche dans la clôture, la porte principale étant hors d’usage – et se sont divisées en trois équipes pour affronter les terroristes. L’une d’elles a pris position sur un toit et a engagé le combat à partir de là durant les heures suivantes.

Les terroristes ont lancé au moins deux grenades sur le centre de commandement. La première n’a pas explosé et la seconde n’a pas blessé les soldats qui se trouvaient à l’abri à l’intérieur.

L’officier de quart, la capitaine Alina Pravosudova, ainsi qu’une des sergentes d’opérations, Shir Shlomo, ont pris position à l’intérieur, braquant leurs armes – dont l’une appartenait à Farash – en direction de l’entrée du centre de commandement.

La capitaine Alina Pravosudova et la sergente Shir Shlomo gardent l’entrée du centre de commandement de la base du Front intérieur Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Capture d’écran/N12)

À 8 h 19, les terroristes ont tiré sur les caméras de surveillance de la zone de réception, les désactivant, privant les soldats à l’intérieur du centre de leur vision sur l’extérieur. Cinq minutes plus tard, les terroristes ont tenté de prendre d’assaut le centre de commandement, et ont échangé des tirs avec les deux soldats en poste à l’entrée.

Pendant l’échange, les terroristes ont lancé une nouvelle grenade qui a explosé à proximité d’une infrastructure critique, désactivant l’ensemble des systèmes du centre de commandement.

Des terroristes du Hamas percent une brèche dans le centre de commandement de la base du Front intérieur Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Capture d’écran/N12 news)

À la suite de l’explosion, les terroristes ont pénétré dans le centre de commandement et ouvert le feu sur les soldats présents, tuant la capitaine Pravosudova, la sergente Shlomo, ainsi qu’une troisième soldate, la sergente Danit Cohen. Trois autres soldates ont été blessées mais ont survécu en faisant semblant d’être mortes.

De gauche à droite : la capitaine Alina Pravosudova, la sergente Shir Shlomo, la sergente Danit Cohen, qui ont été tués sur la base du commandement du Front intérieur du Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Les terroristes ont ensuite fouillé le centre de commandement, vraisemblablement à la recherche d’informations classifiées, avant de quitter les lieux dix minutes plus tard.

Pendant ce temps, le commandant du district, le colonel Sagi Baruch, est entré dans la base. Pris par erreur pour un terroriste, il a essuyé les tirs d’une des équipes de la 414e unité. Il a réussi à s’identifier, et les troupes l’ont rejoint.

Deux des équipes de la 414e unité ont ensuite localisé trois terroristes qui étaient restés près de l’armurerie et les ont éliminés.

Peu de temps après, le commandant adjoint du district est arrivé à la base et a lui aussi été pris pour un terroriste par la même équipe, qui a ouvert le feu. Baruch a immédiatement ordonné de cesser les tirs après avoir reconnu son adjoint, et a demandé à l’équipe de sécuriser l’entrée de la base pour éviter d’autres incidents de tir ami.

Des terroristes du Hamas percent une brèche dans le centre de commandement du Front intérieur de la base du Sud, près d’Urim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Capture d’écran/N12)

À 8h47, la 414e unité sur le toit a repéré un terroriste près d’un abri anti-bombe situé à proximité du bureau du commandant du district et l’a éliminé.

Quelques minutes plus tard, les troupes de la 414e unité ont repéré deux terroristes à l’intérieur du bâtiment du centre de commandement et s’y sont rendues pour les affronter. Lors de l’échange de tirs, la sergente Adi Groman a été tuée, et une autre soldate a été blessée. Les deux terroristes ont été neutralisés.

Les combats se sont poursuivis dans les environs pendant encore une vingtaine de minutes. Durant cette période, les troupes de la 414e unité ont tué deux autres terroristes près de l’abri anti-bombe situé à l’extérieur du bureau du commandant de district.

La sergente Adi Groman, tuée au combat contre des terroristes du Hamas sur la base de Tsahal d’Urim le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

Des renforts sont ensuite arrivés à la base, notamment des troupes de l’unité d’élite 5515, la force de mobilité de combat, ainsi que des troupes en provenance de la base d’entraînement de Tzeelim.

À 10h40, les renforts ont éliminé les deux derniers terroristes retranchés dans l’abri anti-bombe à l’extérieur du bureau du commandant, mettant ainsi fin aux combats à la base d’Urim.

Les soldats blessés dans le centre de commandement ont été évacués pour recevoir des soins médicaux. Dans les heures qui ont suivi, d’autres soldats qui s’étaient cachés pendant l’attaque ont été localisés. Les corps des soldats tués ont été identifiés et évacués vers 15h.