Israël en guerre - Jour 537

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Tsahal enquête sur le 7/10

Avant le 7 octobre, le Hamas a laissé croire à Israël qu’il ne représentait pas une menace

La perception qu'avait l'armée du groupe terroriste l'a amenée à croire que les capacités des tunnels avaient été réduites, que le Hamas n'était pas intéressé par une guerre majeure et que la clôture frontalière contrecarrerait toute attaque.

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des Palestiniens célébrant la destruction d'un char israélien à la barrière de sécurité, à l'est de Khan Younès, du côté de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)
Des Palestiniens célébrant la destruction d'un char israélien à la barrière de sécurité, à l'est de Khan Younès, du côté de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)

Avant les attaques du 7 octobre, l’armée israélienne pensait que le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza ne représentait pas une menace importante pour Israël, qu’il ne souhaitait pas une guerre à grande échelle, que ses réseaux de tunnels avaient été considérablement dégradés et que toute menace transfrontalière serait contrecarrée par la barrière frontalière ultramoderne d’Israël.

Dans le cadre de ses enquêtes sur ses échecs avant le 7 octobre, l’armée israélienne s’est penchée sur sa propre perception de la menace qui émanait de la bande de Gaza.

Ces enquêtes, qui remontent jusqu’à la guerre à Gaza de 2014, ont révélé que la perception qu’avaient l’armée israélienne et l’État d’Israël de Gaza avait dicté et façonné leurs politiques à l’égard de la bande de Gaza et du Hamas au fil des ans.

Les enquêtes ont mis en évidence un fossé grandissant entre la perception qu’avait Tsahal du Hamas et les activités réelles du groupe terroriste.

Cette perception s’est presque entièrement effondrée avec le pogrom du 7 octobre, qui a coûté la vie à plus de 1 200 personnes en Israël, entraîné l’enlèvement de 251 autres et dévasté une grande partie de la région. La plupart des victimes étaient des civils.

Plusieurs unités au niveau de l’état-major général, le haut commandement de l’armée, ont enquêté sur les perceptions Tsahal, et leurs conclusions ont été présentées au Times of Israel et à d’autres journalistes sous forme de dossier.

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, rencontre les membres de l’état-major général au quartier général de Tsahal à Tel Aviv, le 28 juillet 2024. (Crédit : Tsahal)

Les enquêtes ont révélé que l’État d’Israël, y compris les échelons politiques et de défense, croyait ou avait mené les actions suivantes, en raison de leur perception de Gaza :

    1. Au cours des dernières décennies, Israël a considéré les menaces émanant de l’Iran et du Hezbollah au Liban comme prioritaires, tandis que la bande de Gaza était secondaire. La politique vis-à-vis de Gaza était paradoxale, car Israël a déclaré que le Hamas n’était pas un partenaire légitime pour un accord de paix, tout en ne travaillant pas à créer une alternative à son pouvoir dans la bande de Gaza.
    2. Israël a choisi de « gérer le conflit » avec le Hamas en cherchant à instaurer de longues périodes de calme, sous l’hypothèse erronée que le groupe terroriste ne souhaitait pas une guerre à grande échelle. Il n’y avait aucun plan pour conquérir la bande de Gaza par la guerre, ni pour parvenir à un accord diplomatique complet avec le groupe terroriste. La politique israélienne visait plutôt à revenir à la normale après chaque escalade périodique. Israël pensait que l’amélioration des conditions civiles à Gaza dissuaderait le Hamas de déclencher une guerre. Israël s’est efforcé de préparer ses défenses à des cycles de conflits de plusieurs jours et à la possibilité d’une détérioration de la situation qui pourrait dégénérer en guerre, au cours de laquelle Tsahal pourrait attaquer et affaiblir les capacités militaires du Hamas. Dans le même temps, Israël s’est efforcé de parvenir à un certain niveau d’accords avec le Hamas pour améliorer les conditions civiles dans la bande de Gaza. Rétrospectivement, les efforts du Hamas pour parvenir à des accords avec Israël faisaient partie d’une campagne de tromperie visant à faire croire à Israël qu’il n’était pas intéressé par la guerre.
    3. La menace d’une attaque surprise et à grande échelle depuis Gaza n’était pas perçue comme réaliste par Tsahal, en raison d’une incompréhension majeure d’Israël à l’égard du Hamas. Tsahal percevait le Hamas comme une menace limitée, qui ne réagirait qu’en réponse à des incidents, plutôt que de prendre l’initiative d’un assaut. Tsahal pensait que si le Hamas devait lancer une attaque, un avertissement préalable serait détecté. La guerre de Gaza de 2021 a marqué une période où les incompréhensions d’Israël à l’égard du Hamas se sont encore creusées, et où Israël a cru à tort que l’action de l’armée israélienne avait réussi à dissuader le groupe terroriste d’entrer en action. Pendant ce temps, le Hamas a pris confiance en lui, a acquis un sentiment de capacité et a eu l’opportunité d’ouvrir une guerre sur plusieurs fronts contre Israël. L’armée israélienne n’avait pas compris que le Hamas était sérieux lorsqu’il déclarait vouloir détruire Israël.
    4. La menace la plus importante en provenance de la bande de Gaza, telle que perçue par Tsahal à l’époque, était les tirs de roquettes. Dans le même temps, la capacité d’invasion du Hamas était considérée par l’armée comme très limitée, en raison de la barrière frontalière avancée d’Israël et de la conviction erronée que Tsahal avait réussi à détruire des éléments importants des réseaux de tunnels du groupe terroriste lors de la guerre de Gaza de 2008. Les forces israéliennes se sont concentrées sur la menace des roquettes, en partant du principe que les capacités de renseignement de l’armée, associées à la barrière frontalière, empêcheraient considérablement le Hamas de mener une invasion à grande échelle.
    5. L’armée israélienne pensait pouvoir contenir le Hamas ou réduire ses capacités, même sans guerre majeure. Cette perception s’est développée grâce aux efforts largement couronnés de succès d’Israël contre la présence de l’Iran en Syrie, connus sous le nom de « campagne entre les campagnes », ou Mabam, où l’armée menait presque quotidiennement des opérations réussies en dessous du seuil de la guerre.
    6. L’armée israélienne pensait pouvoir assurer sa défense contre le Hamas grâce aux renseignements, à la clôture frontalière de haute technologie et au déploiement de troupes.
    7. La clôture d’Israël à la frontière avec la bande de Gaza n’était pas destinée à empêcher une invasion à grande échelle, mais à gérer les émeutes à la frontière et à retarder ou perturber les attaques d’infiltration limitées. L’armée israélienne avait une confiance excessive dans la clôture frontalière, ce qui a également conduit à réduire le déploiement de troupes à la frontière.
    8. L’armée israélienne pensait que la prochaine guerre d’Israël serait une guerre sur plusieurs fronts et se préparait depuis des années à un tel scénario. Avec le recul, les ennemis d’Israël étaient bien plus préparés à une guerre sur plusieurs fronts que l’armée israélienne ne l’avait estimé, au point que l’axe dirigé par l’Iran avait élaboré des plans pour détruire Israël.
Des véhicules de l’armée israélienne lors des affrontements à la barrière de sécurité entre Israël et la bande de Gaza, à proximité de la ville de Gaza, le 28 juin 2019. (Hassan Jedi/Flash90)

Les enquêtes ont abouti aux conclusions suivantes :

  1. L’État d’Israël et l’establishment de la défense israélienne ont appréhendé l’attaque du 7 octobre avec un ensemble de convictions qui ont dicté leur stratégie vis-à-vis de la bande de Gaza.
  2. Le 7 octobre, une grande partie de la perception qu’Israël avait de Gaza s’est effondrée, notamment la conviction que le conflit avec le Hamas pouvait être « géré », que le Hamas ne lancerait pas une invasion terrestre surprise à grande échelle, que les services de renseignement émettraient un avertissement préalable et que la barrière frontalière et les troupes pourraient défendre le pays contre une attaque.
  3. Les perceptions d’Israël à l’égard de Gaza étaient « enracinées et profondes ». Au fil des ans, aucune tentative significative n’a été faite pour remettre en question ces convictions, et aucune enquête appropriée n’a été menée pour se demander « Où nous sommes-nous trompés ? »

Les enquêtes ont permis de tirer les leçons suivantes :

  1. Il est erroné de penser que l’armée peut « gérer un conflit » avec un ennemi qui a déclaré son intention de détruire Israël. Le Hamas a exploité la stratégie israélienne de gestion du conflit pour préparer son attaque surprise.
  2. L’armée israélienne doit s’efforcer de prévenir toute menace imminente ou importante, en particulier celle qui se développe à la frontière, et la priorité doit être donnée à l’élimination de la menace plutôt qu’à la préservation de périodes de calme limitées.
  3. L’armée israélienne doit anticiper et neutraliser les menaces émergentes, comme l’a montré l’évolution des stratégies d’infiltration du Hamas, qui est passée des tunnels souterrains à une invasion terrestre.
  4. L’armée israélienne doit utiliser de manière efficace la barrière frontalière avec Gaza en combinant capacités de surveillance, puissance de feu et personnel suffisants. L’absence de l’un de ces trois éléments rend inefficace la barrière frontalière.
  5. Étant donné le nombre croissant de menaces qui pèsent sur Israël, l’armée israélienne doit accroître ses ressources et ses capacités.
  6. L’armée israélienne a besoin d’un mécanisme d’évaluation et de remise en question de ses perceptions stratégiques, de renseignement et opérationnelles.
  7. L’armée israélienne doit accroître et accélérer le renforcement de ses forces en vue d’une guerre à grande échelle sur plusieurs fronts.

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