Israël en guerre - Jour 62

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Carnet du Journaliste

Après une semaine de nettoyage, le goudron est encore « partout » sur les plages

Sous la forme de larges nappes s'accrochant aux algues ou de minuscules gouttelettes dans le sable, la substance gluante défie les efforts de décontamination les plus minutieux

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

  • Du goudron sur les rochers sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron sur les rochers sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
  • Du goudron mélangé à des déchets et à des bouts de bois sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron mélangé à des déchets et à des bouts de bois sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
  • Du goudron sur les rochers sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron sur les rochers sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
  • Du goudron sur les rochers sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron sur les rochers sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
  • Du goudron sur les éolianites sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron sur les éolianites sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
  • Du goudron sous l'eau sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron sous l'eau sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
  • Du goudron sous l'eau sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
    Du goudron sous l'eau sur la plage d'Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Il est impératif de voir le désastre de ses propres yeux pour seulement commencer à comprendre l’ampleur de la marée noire qui a frappé la plus grande partie du littoral israélien.

Sur la plage d’Achziv, dans le nord d’Israël – d’où la frontière avec le Liban est visible – le sable n’a, de prime abord, pas mauvaise apparence quand on le regarde de loin.

Mais il suffit de s’approcher pour en faire le constat : le goudron est encore absolument partout après plus d’une semaine de nettoyage de la plage par des bénévoles.

Des petits boules de pétrole parsèment tout le littoral. Certaines font deux centimètres de largeur ; d’autres sont tellement petites qu’il faut se pencher pour les apercevoir.

Du goudron sous l’eau sur la plage d’Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Elles se mélangent à de petits morceaux de bois et à des morceaux de plastique rejetés par la mer.

Elles se sont incrustées dans les petits trous des éolianites (ces rocs constitués de sable fossilisé), ce qui les fait ressembler à des visages présentant les stigmates d’une ancienne variole.

Et si vous grimpez sur les rochers et que vous regardez les algues vertes qui se trouvent sous la surface de la mer, vous constatez qu’elles aussi sont dorénavant zébrées de noir.

Du goudron sur le rivage de la plage d’Achziv, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Des tranches plus larges de goudron rôdent encore dans la mer au large d’Achziv, a annoncé vendredi l’Autorité israélienne de la nature et des parcs.

Cette catastrophe sous forme de marée noire est clairement apparue il y a un peu plus d’une semaine, après une tempête et la découverte, sur la côte sud de l’Etat juif, du cadavre d’une jeune baleine qui s’était échouée sur le rivage – même si la cause de la mort du cétacé reste encore indéterminée pour le moment.

Cinq des dix pétroliers qui se trouvaient dans le secteur et qui pourraient avoir été à l’origine du désastre ont été identifiés – ils circulaient à environ 50 kilomètres de la côte. Une enquête a été ouverte pour déterminer lequel d’entre eux pourrait être responsable de la pollution.

Les autorités, de leur côté, ont interdit l’accès aux plages touchées, qui s’étendent sur 160 kilomètres de la ligne côtière israélienne, de Rosh Hanikra dans le nord jusqu’à Ashkelon dans le sud, à l’exception des bénévoles autorisés à y venir pour les opérations de nettoyage. Le ministère de la Santé a demandé mercredi soir – une mesure de précaution – que la vente de poissons et de fruits de mer de la Méditerranée soit totalement suspendue jusqu’à nouvel ordre.

Mais dans cette journée de jeudi, quelques pêcheurs amateurs s’aventurent malgré tout sur les rochers de la plage d’Achziv.

Yussuf avec les poissons qu’il a ramassés sur la plage d’Achziv dans le nord d’Israël, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Yussuf, originaire de Jadeidi-Makr, une ville située au sud-est d’Achziv, ignorait que ses poissons pouvaient être contaminés. Informé de la situation par cette journaliste, il me remercie et il promet qu’il se débarrassera de ses prises de la matinée.

Un peu plus au sud, vers les ruines d’un ancien village de pêcheurs qui forme dorénavant l’entrée principale du parc national d’Achziv, Yossi Habif tente pour sa part de trier des cailloux encore recouverts d’un liquide visqueux et brillant.

Cet habitant de Kiryat Bialik, au nord de Haïfa, travaille au sein de l’Institut TAMI d’Israel Chemicals pour la Recherche et le Développement à Haïfa.

« Lundi, j’étais à la plage de Dor (à l’ouest de Zichron Yaakov, dans le nord d’Israël), pour y prélever des échantillons », raconte-t-il. « Aujourd’hui, je fais du bénévolat aux frais de l’entreprise ».

Tenant dans la main un galet recouvert de pétrole, il ajoute : « C’est terrible. C’est un travail très minutieux. Dans quelle mesure peut-on nettoyer correctement un galet comme celui-là ? »

Yossi Habif aide à nettoyer une marée noire sur la plage d’Achziv dans le nord d’Israël, le 25 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Il révèle que lui et ses collègues réfléchissent à l’idée d’envoyer le polluant, ainsi que le déchet auquel il est accroché, à l’usine de traitement de gaz de schiste que possède Israel Chemicals Ltd. à Mishor Rotem dans le Negev, dans le sud d’Israël. Elle produit de l’électricité et de la vapeur pour les usines qui prennent en charge les roches phosphatées extraites dans la mine de Rotem.

Au point le plus au nord de la côte méditerranéenne israélienne, Guy Lavi, responsable des opérations sur le site touristique de Rosh Hanikra, confirme que « par miracle », les fameuses grottes n’ont pas été touchées par la pollution.

« J’ai trouvé un énorme bloc de goudron que j’ai réussi à enlever, c’est tout », confie-t-il.

Guy Lavi, responsable des opérations sur le site touristique de Rosh Hanikra, dans le nord d’Israël, près de la frontière libanaise, le 26 février 2021. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Il ajoute que la mer Méditerranée ressemble à un « large puits » dans lequel les pollutions de différentes sortes se déversent, notamment les eaux usées qu’il voit parfois dériver depuis le Liban, de l’autre côté de la frontière.

« C’est ma plage », s’exclame-t-il, regardant la ligne côtière qui s’étend vers le sud depuis Rosh Hanikra. « Je me sens personnellement blessé… Où qu’on regarde, il y a ce goudron. C’est de la folie pure ».

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