Avec douze milliards de shekels sur cinq ans, le plan de reconstruction du nord se précise

Après de longs retards et après de nombreuses plaintes émises par les résidents des communautés qui vivent dans le nord d’Israël, le plan du gouvernement visant à remettre en état et à reconstruire le nord du pays, meurtri par plus d’un an de combats avec le Hezbollah, commence à se préciser.

Près de 200 millions de shekels devraient être débloqués et remis, dans les prochains jours, aux autorités locales pour préparer les communautés à accueillir au mieux les habitants qui reviennent chez eux, a déclaré jeudi le ministre Zeev Elkin (Tikva Hadasha).

Concernant les projets de reconstruction à long-terme, la somme de 15 milliards de shekels a été intégrée dans le budget en faveur du redressement du nord du pays, un effort qui portera sur cinq ans. Quatre milliards de shekels sont d’ores et déjà destinés à être utilisés en 2025, a-t-il dit.

« Quand j’ai pris mes nouvelles fonctions [à la tête de l’Administration chargée de la réhabilitation du nord d’Israël], j’avais compris que tout le monde espérait que nous allions lancer un plan quinquennal avec beaucoup d’argent – mais rien ne se passait alors », a commenté Elkin, s’adressant au Times of Israel.

« J’en ai conclu que nous devons travailler différemment. Nous travaillons sur un plan massif et général, mais nous devons également débloquer, en même temps, de l’argent – et le faire immédiatement – lorsque des décisions sont prises afin de ne pas rester assis sur une pile de billets qui ne vient en aide à personne ».

« Nous avons aussi établi un principe : tout ce qui existait avant le 7 octobre devra être remis en état », a-t-il ajouté. « En d’autres termes, si une école maternelle qui proposait un service de garderie l’après-midi n’a plus assez d’élèves pour justifier le maintien de cette activité, nous devrons quand même la financer. Ce sera la même chose pour la santé ».

« Nous travaillons avec les autorités locales pour que tout cela fonctionne de concert », a-continué Elkin.

Le ministre Zeev Elkin assistant à une réunion de la sous-commission pour la réhabilitation de la région de Tekuma, à la Knesset, à Jérusalem, le 25 novembre 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Si les habitants de certaines communautés du nord ont été autorisés à rentrer chez eux depuis la signature d’un cessez-le-feu dans la guerre opposant Israël au Hezbollah, à la fin du mois de novembre, un petit nombre d’entre eux seulement ont fait leur retour. Jusqu’à 70 % des maisons construites dans des communautés comme Metulla, Kiryat Shmona et le kibboutz Manara ont été détruites et d’importants travaux de construction seront nécessaires pour les remettre en état.

Dimanche, l’armée a annoncé qu’elle procédait à « une vaste opération de nettoyage des communautés du nord » qui ont été endommagées pendant le conflit avec le Hezbollah, le groupe terroriste qui se trouve au Liban.

Tsahal a annoncé dans un communiqué que « l’opération implique des équipes d’ingénieurs et des forces supplémentaires qui ont été déployées dans plus de 40 communautés du nord d’Israël », ajoutant que « les soldats enlèvent les équipements militaires, ils nettoient les déchets et ils enlèvent les munitions qui n’ont pas explosé » dans ces différentes localités.

Le communiqué a précisé que les militaires et les autorités locales « travaillent depuis plus d’un an à créer les conditions d’un retour en toute sécurité des habitants dans leurs foyers, en mettant l’accent sur la prise en charge du quotidien dans un environnement sûr ».

Après l’heure, c’est plus l’heure

Environ 60 000 habitants avaient été évacués des villes du nord d’Israël, à la frontière avec le Liban, peu après le pogrom commis par le Hamas, le 7 octobre 2023 – les autorités craignaient que le Hezbollah ne mène une attaque similaire et ils s’inquiétaient des tirs de roquettes quasiment quotidiens de la part du groupe terroriste, qui avait commencé à s’en prendre au territoire de l’État juif dès le 8 octobre.

Depuis que le cessez-le-feu est entré en vigueur, à la fin du mois de novembre, les communautés ont commencé à reconstruire et à réparer les dégâts causés par les frappes du Hezbollah.

Elkin a reconnu que l’aide gouvernementale avait été limitée jusqu’à présent. « Le gouvernement a beaucoup tardé », a-t-il dit vendredi lors d’une interview accordée à la radio 103FM. « Il y avait un plan initial qui visait à aider les personnes évacuées, le gouvernement avait décidé d’investir pour aider la population de la région mais en pratique, il a fallu du temps pour que le gouvernement fournisse les budgets nécessaires ».

Les maisons endommagées par des attaques directes pourront être indemnisées par le gouvernement, à titre de réparation. Même si la loi n’oblige pas ce dernier à indemniser les dégâts indirects subis au cours des 14 derniers mois, Elkin a annoncé qu’il allait chercher des moyens d’offrir une indemnisation pour ce type de dommages également.

« Tout devra être au moins dans l’état où il était le 6 octobre », a-t-il indiqué.

Cette photo prise lors d’une visite pour les médias étrangers avec l’armée israélienne dans la ville de Metula près de la frontière libanaise le 15 octobre 2024, montre une maison détruite par une frappe du Liban, dans le cadre de la guerre actuelle entre Israël et le Hezbollah. (Photo Jalaa MAREY / AFP)

Elkin a noté qu’en ce qui concerne l’avenir, le plan de réhabilitation du nord du pays représentait une opportunité de voir encore plus grand et de promouvoir le développement de manière plus rapide que cela n’a été le cas jusqu’à présent.

« Je ne parle pas ici d’un projet à long-terme avec un financement limité, mais de l’exploitation de cette situation unique – nous pouvons en profiter pour investir de grosses sommes d’argent afin de développer rapidement le secteur », notamment en établissant des universités à Kiryat Shmona et en Galilée, a déclaré Elkin.

Tout le monde ne partage pas le même optimisme face à la capacité présumée du gouvernement à mettre en œuvre ces projets. Beaucoup d’entrepreneurs seraient heureux de mener à bien ces projets mais il n’y a pas assez d’ouvriers pour terminer les travaux, a expliqué, de son côté, Alon Rahmian, qui est le président de l’Organisation des entrepreneurs du nord et qui est lui-même propriétaire d’une entreprise de construction dans le nord du pays.

Le secteur israélien de la construction s’appuie traditionnellement sur des ouvriers palestiniens – mais cette main-d’œuvre a disparu pratiquement du jour au lendemain après le 7 octobre, lorsqu’Israël avait interdit la présence, sur son sol, des ouvriers qui venaient de Gaza et que le pays avaient posé des restrictions sur l’accès de nombreux travailleurs en provenance de la Cisjordanie. Des milliers d’employés étrangers originaires de Thaïlande, de Chine, des Philippines et d’autres pays, venus au sein de l’État juif pour leur carrière, étaient également rentrés chez eux dans le sillage du pogrom, et les efforts déployés pour faire venir d’autres ressortissants sont largement au point mort.

« Nous sommes prêts à construire, et il y a un fort désir de reconstruire les infrastructures et de créer de nouveaux projets avec une vision à long-terme », indique Rahmian. « Mais il n’y a simplement pas assez d’ouvriers disponibles. »

Le kibboutz Manara déserté, à la frontière libanaise, le 28 novembre 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Elkin, de son côté, a dit ne pas se laisser décourager. « Quand il y a de l’argent, les gens travaillent », a déclaré son porte-parole qui a souligné la somme massive qui a été allouée à la reconstruction.

Le mois dernier, Elkin avait été chargé de la planification des travaux de reconstruction du nord de l’État juif et de la région de l’enveloppe de Gaza – deux zones qui ont été dévastées lors du massacre commis par le Hamas, le 7 octobre 2023, et de la guerre qui a suivi.

Auparavant, Eliezer Marom, vice-amiral de la marine israélienne qui avait été mobilisé dans le cadre de la réserve, avait été chargé de superviser la réhabilitation des communautés du nord d’Israël. Il a toutefois présenté sa démission à son poste la semaine dernière, en raison du rôle déterminant qui a été confié à Elkin.

Marom « est une personnalité très qualifiée, mais il m’a dit dès le début qu’il fallait, pouce ce poste, un cadre et non un décisionnaire à ce stade », a expliqué Elinkin au micro de la station de radio 103FM. « J’ai accepté son positionnement et nous avons tout coordonné ensemble ».

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.