Les cours d’hébreu à l’école publique plébiscités dans la région de Chicago
Près de 1 400 élèves américains apprennent l'hébreu à l'école publique, et la moitié d'entre eux vivent à Chicago, où se trouvent 9 des 22 écoles publiques proposant l'hébreu
DEERFIELD, Illinois (JTA) — Le jour préféré de Nathan Rosen en cours d’hébreu est le jour de la culture.
Chaque vendredi, les étudiants apprennent un aspect de la culture israélienne. Plus tôt cette année, Rosen, 13 ans, a fait une présentation sur Eli Cohen, l’espion israélien qui a infiltré les plus hauts échelons de l’armée syrienne dans les années 1960.
Récemment, un vendredi, Rosen et deux amis travaillaient sur un court scénario en hébreu sur une famille qui se rend dans un café en Israël. Les trois élèves de huitième année se sont rassemblés autour d’une table, jouant par intermittence la scène à voix haute et en éclatant de rire.
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Pour Rosen, certaines parties du cours ressemblent à son ancienne école, une école privée juive conservatrice. Mais maintenant, il fréquente le collège Alan B. Shepard, une école publique dans la banlieue de Chicago sur la côte nord. Rosen prévoit de continuer à suivre des cours de langue dans un lycée public à Deerfield l’année prochaine.
Plus que tout, il aime les liens qu’il crée avec ses camarades de cours d’hébreu, qui sont tous juifs.
« Nous avons construit une petite communauté au sein de l’école », a dit Rosen. « Dans le couloir, parfois, on s’appelle par nos noms hébraïques, et c’est comme si personne d’autres ne savait ce qu’on dit, mais on a l’impression d’avoir nos propres petites relations. »
Rosen est l’un des 680 élèves de la région de Chicago qui étudient l’hébreu dans les écoles publiques, selon l’iCenter, un groupe basé à Chicago qui promeut l’éducation sur Israël. Si l’on exclut les écoles juives, près de 1 400 étudiants de tout le pays étudient l’hébreu dans les écoles publiques – et près de la moitié d’entre eux se trouvent à Chicago. Neuf des 22 écoles publiques américaines qui proposent l’hébreu sont situées dans la région de Chicago, selon un nouveau rapport du Consortium for Applied Studies in Jewish Education (CASJE). Les autres se trouvent notamment dans le Minnesota, l’Ohio, le Texas, New York.
La plupart des élèves américains qui étudient l’hébreu quotidiennement le font dans des écoles juives. Un nombre important d’entre eux – à New York, en Floride et ailleurs – fréquentent également des établissements avec immersion en hébreu. Mais un nombre croissant d’élèves étudient la langue dans des écoles publiques traditionnelles.
Les inscriptions en cours d’hébreu dans les écoles publiques de Chicago ont augmenté de plus d’un tiers en trois ans, passant de quelque 500 en 2016 à 680 aujourd’hui, selon la fédération juive locale. L’association CASJE – un groupe d’universitaires, d’enseignants et de donateurs qui s’emploient à améliorer la qualité de l’enseignement juif – affirme que le nombre d’élèves en cours d’hébreu issus des écoles publiques augmente également dans tout le pays.
Les cours d’hébreu dans les écoles publiques sont largement similaires à l’enseignement des autres langues étrangères. Mais les parents juifs et les dirigeants de la communauté juive locale les apprécient car ils permettent aux élèves de maintenir le lien avec leur identité juive. La grande majorité des élèves des programmes de Chicago sont Juifs, disent les enseignants.
« C’est une occasion pour eux d’être avec des étudiants juifs pendant un cours par jour », a déclaré Helene Herbstman, dont la fille a étudié l’hébreu à l’école publique et qui a aidé à recruter d’autres parents pour les programmes d’hébreu au nom de la fédération juive locale. « Le contenu était davantage axé sur Israël. Vous apprenez à parler un hébreu de conversation. Quand on sort des programmes de bar mitzvah [dans les synagogues], on ne parle pas hébreu. »
Les lycées de la métropole de Chicago disposent de programmes d’hébreu depuis les années 1970, mais le nombre d’écoles a augmenté au cours des dernières décennies, en grande partie grâce aux efforts de Peter Friedman, un cadre de la fédération juive locale, qui est décédé plus tôt cette année.
Friedman et Herbstman ont fait un sondage auprès des synagogues de la région pour savoir si les parents appuieraient les programmes d’hébreu dans leurs écoles publiques, puis ils ont encouragé ces parents à faire pression sur les conseils d’administration de ces écoles pour qu’elles instaurent ces programmes.
Aujourd’hui, sept écoles du secondaire de la banlieue de Chicago qui comptent une importante communauté juive proposent des cours d’hébreu, la plus grande étant Deerfield High avec environ 180 étudiants en cours d’hébreu. L’année dernière, deux collèges de Deerfield ont également commencé à proposer des cours d’hébreu. Un lycée semble éliminer progressivement le programme.
Anne Lanski, fondatrice et directrice générale de l’iCenter, qui organise des cours de perfectionnement professionnel pour les enseignants d’hébreu, a déclaré que les cours d’hébreu dans les écoles publiques ont connu un certain essor dans la région parce que la majorité des écoles du secondaire juives de la ville sont orthodoxes, ce qui explique qu’une grande partie de la communauté juive cherche un enrichissement juif ailleurs.
« Nous n’avions pas de lycée qui n’était pas orthodoxe de notre temps », a dit Lanski. « Donc les enfants qui voulaient continuer à s’engager ont fourni un public » pour les cours d’hébreu.
En plus d’apprendre l’hébreu lu, écrit et parlé, les cours portent sur Israël. Dans la classe de Rosen au collège Shepard, les élèves jouent au Taki, une version israélienne du jeu de cartes Uno, et apprennent le Krav Maga, l’art martial israélien. Le lycée Niles North, dans la banlieue historiquement juive de Skokie, propose un programme d’échange où les élèves se rendent en Israël pendant 10 jours et accueillent à leur tour un groupe israélien en visite dans leur école.
« Il ne s’agit pas seulement d’une langue – elle doit être liée à un pays et à un peuple », a déclaré Yaffa Berman, qui a enseigné l’hébreu à Deerfield High pendant huit ans. « Nous devons ressusciter la langue d’une manière qui la rende culturelle. Il faut qu’elle ait un aspect pratique. Il faut qu’elle raconte une histoire. »
Les enseignants évitent d’aborder directement le conflit israélo-palestinien, bien qu’ils discutent de l’armée israélienne et de la politique intérieure d’Israël. Cette année, la classe de Shepard s’est familiarisée avec les élections israéliennes et ses deux principaux candidats. Ils ont également découvert l’uniforme des soldats israéliens et les différentes divisions de l’armée. Une classe du secondaire a étudié l’opération de sauvetage d’otages menée par Israël en 1976 à l’aéroport d’Entebbe en Ouganda.
« [Après l’assassinat d’Yitzhak] Rabin, tous les enfants venaient en classe en attendant, et en sachant qu’il n’y avait nulle part ailleurs » où discuter de la nouvelle, a dit Lanski, qui enseignait l’hébreu dans une école publique de Chicago. « Ils savaient qu’en arrivant en cours d’hébreu, ils pourraient en parler. »
Etant donné que l’hébreu est la langue officielle d’Israël et qu’Israël est l’Etat juif, l’enseignement de cette langue implique inévitablement d’aborder le judaïsme, ce qui nécessite un certain équilibre dans une école publique.
Afin de respecter les directives de l’école publique, les enseignants maintiennent les discussions axées sur la culture. Berman, par exemple, a donné à ses élèves des soufganiyot, les beignets à la confiture que l’on mange traditionnellement à Hanoukka, mais n’a pas allumé la ‘hanoukkia ni récité de bénédiction. Osnat Lichtenfeld, qui enseigne l’hébreu au collège Shepard, doit rappeler aux enfants de ne pas poser de questions sur leurs bar-mitsva ou bat-mitsva en classe.
Mais Sharon Avni, qui a co-écrit le rapport du CASJE avec Avital Karpman, a déclaré que chaque cours de langue suscite une sorte de tension culturelle et religieuse.
« La religion se manifeste tout le temps à l’école publique », a déclaré Avni, professeur de langue et de littérature. « Si vous assistez à un cours d’espagnol, ils peuvent parler d’une fête qui est célébrée, et qui est très liée à l’Église catholique. Je ne dis pas nécessairement qu’ils traitent de choses juives [dans les cours d’hébreu], mais ce n’est pas comme si la religion n’existait pas dans l’enseignement public ».
Les partisans de l’hébreu dans les écoles publiques ne s’inquiètent pas du manque de contenu explicitement religieux. Pour eux, il suffit que les élèves aient une session par jour pendant laquelle ils se connectent à la langue – et les uns aux autres.
« Ce qui est important en hébreu, c’est que vous restiez en contact avec la communauté juive », a dit Herbstman. « Avec de moins en moins de personnes fréquentant la synagogue, et de plus en plus de familles quittant la synagogue après la bar mitzvah, c’est le seul lien que votre enfant aura encore avec Israël. »
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