La guerre provoque une fuite des cerveaux, surtout dans la high-tech – rapport

À la suite de l’attaque brutale du 7 octobre 2023 et au cours des neuf mois de guerre qui ont suivi entre Israël contre le groupe terroriste Hamas, 8 300 employés du secteur technologique ont quitté le pays pour un an ou plus, selon un rapport publié lundi par l’Autorité israélienne de l’innovation.

Parallèlement, le nombre de travailleurs dans le secteur technologique local, également connu sous le nom d’industrie des hautes technologies – la high-tech -, a diminué l’année dernière pour la première fois depuis au moins dix ans, l’incertitude quant à la fin des combats prolongés continuant à peser sur l’économie.

Depuis le début de la guerre et jusqu’en juillet 2024, le nombre d’employés du secteur qui ont quitté Israël pour une relocalisation à long terme a augmenté et s’élève à environ 8 300 personnes, soit environ 2,1 % de la main-d’œuvre locale de la high-tech, soulignant des préoccupations plus profondes concernant l’une des sources les plus importantes de revenus fiscaux du pays, a averti l’Autorité israélienne de l’innovation dans son rapport 2025 sur l’emploi dans le secteur de la haute technologie.

« À une époque où nous sommes confrontés à des défis sécuritaires, politiques et économiques, les données indiquent des problèmes qui requièrent une attention immédiate : stagnation de l’emploi, changement dans la composition des postes et augmentation du volume des délocalisations », a déclaré le président de l’Autorité israélienne de l’innovation, Dror Bin. « Pour assurer l’avenir de la haute technologie israélienne, un effort combiné du gouvernement et de l’industrie est nécessaire – investissement dans le capital humain, amélioration des compétences, retour des employés qui ont quitté Israël, et expansion des activités commerciales ici en Israël. »

La principale contribution du secteur de la haute technologie à l’économie israélienne provient en grande partie des impôts payés par les travailleurs du secteur, et par conséquent, les tendances de l’emploi dans la haute technologie affecteront les recettes de l’État et l’ensemble de l’économie israélienne, a averti l’Autorité israélienne de l’innovation.

Le secteur technologique représente environ un cinquième du produit intérieur brut (PIB) d’Israël, plus de la moitié des exportations et environ un quart des recettes totales de l’État provenant des impôts sur le revenu des salariés et de la fiscalité des entreprises. Selon le rapport, les employés du secteur des hautes technologies représentent environ 11,4 % de la main-d’œuvre israélienne.

Au cours des 18 derniers mois, les startups israéliennes ont été confrontées à l’appel permanent d’employés pour effectuer leur service de réserve, à la pénurie de personnel et à des problèmes de financement dans un contexte d’incertitude permanente quant à la durée et à l’étendue de la guerre, qui a éclaté après que les terroristes du Hamas ont envahi les communautés du sud d’Israël près de la frontière de Gaza le 7 octobre 2023, massacrant quelque 1 200 personnes et en kidnappant 251 autres.

Illustration : Un centre de développement high-tech à Herzliya, le 30 octobre 2020. (Crédit : Gili Yaari/Flash90)

Au cours de cette période difficile, de nombreuses entreprises israéliennes du secteur de la haute technologie ont continué à préférer investir dans la technologie et à réduire les investissements dans les domaines de la gestion et des opérations dans le pays. Les compagnies aériennes étrangères ayant interrompu leurs liaisons avec Israël pendant la majeure partie des mois de guerre de l’année dernière, il est devenu difficile de faire affaire et de lever des fonds, et de nombreuses start-ups et entreprises technologiques israéliennes ont encouragé leurs employés à s’installer sur leurs marchés cibles aux États-Unis et en Europe.

« Pour mettre fin à la ‘fuite des cerveaux’ des employés de haute technologie d’Israël, il est important de stabiliser l’environnement commercial incertain découlant de la sécurité actuelle et de la situation politique en Israël », a déclaré l’Autorité israélienne de l’innovation. « En outre, il est également possible d’envisager une mise à jour de la structure des avantages fiscaux et des incitations pour les Israéliens de retour au pays, qui les incite actuellement à rester à l’étranger pendant des périodes prolongées. »

Le rapport de l’Autorité israélienne de l’innovation montre que plus de la moitié de la main-d’œuvre des entreprises israéliennes de haute technologie est actuellement basée en dehors d’Israël. Si les postes de direction, de R&D et de production sont encore principalement occupés en Israël, dans des domaines tels que la vente, le marketing et le service à la clientèle, la plupart des salariés sont employés en dehors d’Israël.

L’analyse du rapport basée sur les données de l’Autorité de la population et de l’immigration sur les départs d’Israéliens en âge de travailler (25-64 ans) a révélé qu’immédiatement après l’assaut du 7 octobre, le nombre d’employés de la technologie qui ont déménagé a doublé et a atteint un pic de 1 207 individus par mois avant de se modérer pour atteindre une moyenne de 826 par mois l’année dernière.

La tendance à la migration des travailleurs israéliens de la technologie est antérieure à la guerre, les départs augmentant jusqu’à 571 employés de la haute technologie en déplacement à long terme par mois dans les mois précédant le 7 octobre 2023. L’exode a été stimulé par les nombreuses protestations contre la réforme judiciaire controversée du gouvernement et les craintes qu’elle ne nuise à la réputation d’Israël en tant que démocratie stable et plaque tournante pour les investissements et les affaires. À titre de comparaison, de mai à décembre 2022, le nombre moyen d’employés du secteur technologique qui ont quitté le pays pour une délocalisation à long terme était de 479 par mois.

L’Autorité israélienne de l’innovation s’est inquiétée du fait qu’en 2024, le nombre de travailleurs israéliens de haute technologie a diminué d’environ 5 000 personnes, pour la première fois depuis au moins une décennie, après que l’emploi dans le secteur a stagné en 2022 et s’est arrêté.

Des employés de la tech manifestent contre le projet de réforme judiciaire, à Tel Aviv, le 7 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

En 2024, le nombre d’employés dans le secteur de la haute technologie en Israël a diminué de 1,2 %, soit environ 5 000 employés, pour atteindre 390 000 personnes par rapport à l’année précédente. En décembre 2024, le nombre de postes vacants dans le secteur de la haute technologie s’élevait à environ 17 000, ce qui marque un retour potentiel à la croissance, selon l’Autorité israélienne de l’innovation.

L’Autorité israélienne de l’innovation a appelé le gouvernement à investir dans l’enseignement nécessaire à l’acquisition de compétences technologiques, notamment en mathématiques, en informatique et en anglais.

« Il est impératif d’investir dans l’éducation dans ces domaines pour tous les groupes de population et tous les âges, dans toutes les régions d’Israël », a souligné l’Autorité israélienne de l’innovation. « Cette nécessité est d’autant plus évidente que les entreprises technologiques sont de plus en plus demandeuses d’employés, comme le montre le nombre de postes à pourvoir dans le secteur israélien de la haute technologie [et que] les entreprises israéliennes de haute technologie ‘délocalisent’ des postes de R&D à l’étranger. »

Sur les 390 000 personnes employées dans l’industrie des hautes technologies en Israël, environ 250 000 travaillent dans des entreprises technologiques israéliennes – privées et publiques – et environ 90 000 dans des entreprises multinationales. Les 50 000 travailleurs restants sont employés dans des entreprises de technologies de l’information qui fournissent des services technologiques.

Une analyse des fonctions occupées par les employés des entreprises privées israéliennes a montré que les cadres supérieurs (vice-président et plus) sont plus nombreux en Israël qu’à l’étranger. En outre, environ 57 % des salariés occupant des fonctions liées aux produits sont employés en Israël.

Illustration : Israel Aerospace Industries organisant une conférence spéciale axée sur l’intégration des professionnels haredim dans des rôles technologiques, le 6 avril 2025. (Crédit : Israel Aerospace Industries)

Toutefois, dans le domaine du marketing, des ventes et des relations avec la clientèle, environ 75 % des employés des entreprises privées israéliennes travaillent à l’étranger, selon les données recueillies. En outre, les entreprises privées israéliennes emploient environ la moitié de leur personnel de R&D à l’étranger. L’année dernière encore, ces entreprises ont recruté environ 4 500 employés en R&D et plus de 2 000 employés en opérations commerciales à l’étranger.

Le rapport indique également que l’écart salarial entre les employés du secteur technologique et le reste de l’économie a continué à se creuser l’année dernière. En 2024, le salaire moyen dans l’industrie des hautes technologies était de 32 300 NIS, soit 2,8 fois le salaire moyen dans l’économie.