Rafle du Vél d’Hiv : Eric Ciotti confond victimes et collabos

Eric Ciotti, l’ancien président du parti Les Républicains, qui s’est rallié pendant la campagne des législatives au Rassemblement national, a publié sur X mercredi dernier un tweet accompagné d’une photo pour commémorer la mémoire des victimes de la Rafle du Vél d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942.

Le problème ? La photo montre des personnes détenus dans le Vél d’Hiv en août 1944 pour avoir précisément collaboré avec le régime de Vichy.

Dans son message, M. Ciotti écrit : « Les 16 et 17 juillet 1942, le régime de Vichy commettait une véritable abomination en raflant 13 152 juifs pour les livrer aux camps de la mort nazis. La hauteur d’une grande Nation est d’assumer ses fautes. Commémorons la mémoire des victimes du Vél d’Hiv et de l’holocauste ».

Sur la photo en noir et blanc, des centaines de personnes sont entassées à l’intérieur du vélodrome parisien. Or, plusieurs observateurs sur les réseaux sociaux ont pointé le fait qu’il n’existe qu’un seul cliché de la plus importante rafle de Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale : une photo prise de l’extérieur.

De nombreux internautes ont réagi en ironisant sur le rapprochement récent d’Eric Ciotti avec le parti de Marine Le Pen, fondé par d’anciens Waffen-SS.

Pourtant, le député de Nice n’est pas le premier à faire la confusion. Contacté par le journal Libération, l’historien et directeur de recherche au CNRS Laurent Joly confirme : « À sa décharge, il n’est pas le seul à continuer à perpétuer cette erreur, la Dilcrah a fait de même cette année ! ». La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT avait effectivement publié une image similaire en noir et blanc montrant des personnes à l’intérieur du Vélodrome d’Hiver de Paris, avant de supprimer la publication. La page du Crif de Marseille a également partagé la même image que Ciotti en juillet 2023.

L’erreur récurrente avait notamment été commise par l’ancien secrétaire d’État Benjamin Griveaux et le socialiste Benoît Hamon.

La seule photo de la rafle, retrouvée par le chasseur de nazis Serge Klarsfeld, montre des autobus stationnés devant le Vélodrome d’Hiver, où près de 13 000 furent rassemblés avant d’être envoyés à Drancy et dans d’autres camps de transit.

Autobus stationnés à l’entrée du Vélodrome d’Hiver, où près de 13 000 Juifs furent rassemblés avant d’être transportés vers Drancy et d’autres camps de transit. Paris, France, 16-17 juillet 1942 (Bibliothèque Historique de la Ville de Paris)