De « Petit Marco » à secrétaire d’État : Rubio, la ligne dure contre la Chine
Au sein du gouvernement anti-immigration de Donald Trump, ce partisan d'une ligne dure va surtout faire valoir son héritage anticommuniste, hérité de son histoire familiale
Marco Rubio échangeait jadis avec Donald Trump des quolibets de cour d’école. Aujourd’hui il devient le nouveau visage de l’Amérique à l’international, partisan d’une ligne dure, surtout à l’égard de la Chine.
Donald Trump a annoncé nommer l’influent sénateur républicain de Floride de 53 ans au poste de secrétaire d’Etat.
Né à Miami, fils d’immigrés cubains, il devient le premier chef de la diplomatie américaine parlant couramment l’espagnol.
Il est notamment connu pour ses positions diplomatiques fermes face à la Chine: il défend la souveraineté de Taïwan, s’est efforcé de restreindre les opérations commerciales avec Pékin et a fait campagne pour punir l’Etat chinois pour ses actions à Hong Kong et contre la minorité ouïghour.
Marco Rubio est également un fervent soutien d’Israël, s’opposant farouchement à l’Iran et la montée en puissance de son programme nucléaire.
De par son histoire familiale, il s’est élevé contre le gouvernement communiste de La Havane ou contre d’autres pays latino-américains marqués à gauche, comme le Venezuela.
L’influent sénateur, habitué des plateaux de télévision, a un temps été considéré comme l’étoile montante d’un Parti républicain plus modéré, capable de toucher les minorités et les électeurs des banlieues.
Après la réélection de Barack Obama en 2012, il avait ainsi cherché à dépasser les clivages pour remanier le système de l’immigration américaine, afin d’offrir une voie légale plus humaine.
Un programme radicalement différent de celui prôné aujourd’hui par Donald Trump qui a remporté un deuxième mandat en promettant des expulsions massives de migrants.
Lors des primaires républicaines avant la présidentielle de 2016, Marco Rubio s’était porté candidat face au magnat de l’immobilier et s’était ouvertement moqué de son teint et de la taille de ses mains.
« Et vous savez ce qu’on dit des gars avec des petites mains », avait-il raillé, répliquant à des saillies de Donald Trump, lui-même peu avare de ce type d’attaques sur le physique de ses adversaires, et qui le désignait souvent comme le « petit Marco ».
Mais les deux hommes ont depuis enterré la hache de guerre.
« Pragmatisme »
Dans une interview accordée à la chaîne catholique EWTN après la victoire la semaine dernière de Donald Trump face à la démocrate Kamala Harris, le sénateur de Floride a fait écho au président élu en affirmant que les Etats-Unis devaient se concentrer sur leur rivalité avec la Chine.
Sur la guerre en Ukraine, il a également tenu le même discours que Trump en affirmant que Kiev était dans une « impasse » contre la Russie et que les Etats-Unis devaient faire preuve de « pragmatisme » plutôt que de dépenser des milliards de dollars en armes.
« Je n’aime pas ce qu’a fait Vladimir Poutine, et nous nous intéressons à ce qui se passe là-bas », a-t-il précisé. Mais « je pense que l’avenir du XXIe siècle sera défini par ce qui se passe dans l’Indo-Pacifique ».
Au Sénat, il a notamment appelé à armer Taïwan, en passant par des livraisons directes d’équipements militaires américains plutôt que par la vente d’armes.
Et à la suite d’une interview de Donald Trump, laissant penser que l’île devait payer les Etats-Unis pour sa défense, il a insisté sur le fait qu’un nouveau gouvernement du milliardaire soutiendrait Taipei face à Pékin.
« Amérique exceptionnelle »
Marco Rubio a rapidement gravi les étapes en politique, gagnant sa première élection en 1998, cinq ans seulement après avoir fini ses études. Il a également été à la tête de la chambre basse de Floride dès l’âge de 34 ans.
Père de quatre filles, il évoque régulièrement ses origines sociales modestes, avec un père serveur dans un bar et une mère caissière.
Dans une interview au magazine Time en 2012, il évoquait un message de sa mère l’exhortant à ne pas « embêter » les migrants illégaux, affirmant qu’ils étaient « des êtres humains comme nous ».
Dans un gouvernement anti-immigration de Donald Trump, Marco Rubio va surtout faire valoir son héritage anticommuniste.
« Mon grand-père n’a pas appris que l’Amérique était exceptionnelle en le lisant dans un livre, mais en le vivant et le voyant de ses propres yeux », racontait-il dans un livre en 2012.