L’Iran exécute un homme accusé d’espionnage au profit d’Israël
Mohsen Langarneshin a été jugé coupable d'implication dans la mort d'un officier du CGRI en 2022 et d'avoir apporté son soutien à l'attaque du site du ministère de la Défense à Ispahan

Un Iranien, âgé d’une trentaine d’années, condamné pour espionnage et collaboration avec les services secrets israéliens a été exécuté mercredi, ont rapporté les médias d’État iraniens.
Empêtré depuis des décennies dans une guerre de l’ombre avec Israël, l’Iran a exécuté de nombreuses personnes accusées d’avoir des liens avec l’agence de renseignement du Mossad et d’avoir facilité ses opérations dans le pays, notamment des assassinats ou des actes de sabotage visant à compromettre son programme nucléaire.
Selon l’agence de presse du pouvoir judiciaire iranien Mizan, le prévenu, identifié comme Mohsen Langarneshin, était accusé d’implication dans plusieurs affaires, dont la mort d’un colonel du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime iranien en 2022.
L’agence n’a précisé ni la date de son arrestation, ni celle de son procès.
Les parents du supplicié ont veillé toute la nuit à l’extérieur de la prison, exhortant les autorités à épargner leur fils, selon des images partagées sur les réseaux sociaux.
« Priez pour mon enfant, je ne sais pas s’il verra le soleil se lever demain », implore la mère dans une vidéo postée sur X. « Nous avons des preuves de son innocence, mais ils les refusent. C’était un procès injuste! Pourquoi voulez vous exécuter mon enfant ? », dit-elle, en pleurs devant la prison.
Selon la justice iranienne, Mohsen Langarneshin était impliqué dans « l’assassinat » de Sayyad Khodaï, un colonel des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, tué par balles par deux motards le 22 mai 2022, alors qu’il rentrait chez lui dans l’est de la capitale Téhéran.
Quelques jours plus tard, le quotidien américain The New York Times avait écrit qu’Israël avait affirmé aux Etats-Unis être responsable du meurtre de l’officier.
La justice iranienne accusait Mohsen Langarneshin d’avoir « acheté une moto pour surveiller » Sayyad Khodaï.
Ils ont ajouté que l’accusé avait également fourni un soutien opérationnel pour une attaque contre un centre industriel affilié au ministère iranien de la Défense à Ispahan.
Les médias d’État ont rapporté que Langarneshin avait avoué les faits qui lui étaient reprochés. Reuters n’a pas pu joindre un représentant pour commenter ces informations.
Des ONG et défenseurs des droits ont dénoncé mercredi une « exécution extrajudiciaire » suivant un procès « arbitraire ».
En janvier 2024, quatre membres de la minorité kurde avaient été pendus, condamnés pour espionnage au profit d’Israël et accusés d’avoir préparé une opération contre un centre du ministère de la Défense.
En décembre 2023, la justice iranienne avait exécuté un homme dans le sud-est du pays reconnu coupable d’avoir coopéré avec le Mossad.
Un an plus tôt quatre hommes avaient été pendus après leur condamnation à mort pour « coopération » avec Israël.
Un Suédo-Iranien, Ahmadreza Djalali, condamné à la peine capitale en 2017 pour espionnage, est lui sous la menace d’une exécution.
Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de Iran Human Rights (IHR), organisation basée en Norvège, a dénoncé dans le cas de Mohsen Langarneshin une exécution à l’issue d' »un procès arbitraire basé sur des confessions obtenues sous la torture ».
« La machine de mort des autorités iraniennes s’accélère chaque jour », a-t-il dit à l’AFP, dénonçant des « exécutions extrajudiciaires ».
Selon le Abdorrahman Boroumand Center, basé aux Etats-Unis, Mohsen Langarneshin a été jugé par un tribunal révolutionnaire présidé par le juge Abolghasem Salavati, sous sanctions occidentales, et connu pour multiplier les condamnations à mort.
Il « avait démenti toutes les accusations et déclaré que ses aveux avaient été extorqués sous la torture », selon le centre.
« La République islamique sanguinaire a encore exécuté un innocent », a posté sur X l’actrice britannique d’origine iranienne Nazanin Boniadi.
Le nombre d’exécutions capitales en Iran a plus que doublé au cours du premier trimestre 2025 par rapport à la même période l’an dernier, avait indiqué l’IHR le 4 avril. Au 30 avril, l’organisation a recensé au moins 339 personnes exécutées depuis janvier.
Au début de la semaine, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait accusé Israël de chercher à faire échouer les négociations nucléaires entre Téhéran et Washington, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rejetant l’idée d’un accord qui se limiterait à restreindre l’enrichissement de l’uranium par l’Iran, exigeant le démantèlement complet de ses infrastructures nucléaires et de son programme balistique.
L’Iran, qui ne reconnaît pas Israël et a juré de le détruire, soutient des groupes terroristes anti-Israël dans toute la région, tels que le Hezbollah chiite libanais et le Hamas palestinien. Téhéran nie chercher à se doter de l’arme nucléaire malgré un taux d’enrichissement très élevé et pointé du doigt par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de l’ONU.