Manifestations dans les universités contre la refonte du système judiciaire
Pour le chef de l'opposition, Benjamin Netanyahu "conduit l'Israël que nous connaissions à sa perte. Nous vous combattrons et nous gagnerons"
Des manifestations ont eu lieu dimanche dans un certain nombre d’universités à travers le pays contre les projets du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à remanier le système judiciaire.
Des membres du corps enseignant se sont joints aux étudiants lors de certains rassemblements, notamment à Haïfa et à Tel Aviv.
De son côté le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a riposté à Netanyahu en accusant les partenaires de sa coalition d’alimenter l’incitation à son encontre, après qu’un manifestant anti-gouvernement a été arrêté pour une publication sur les réseaux sociaux dans lequel il semblait justifier un assassinat potentiel du Premier ministre.
« La machine empoisonnée de nouveau en marche. Bibi, Smotrich et Ben Gvir pensent qu’ils peuvent nous prêcher la moralité. Au trio faible, raciste et soutenant l’extrémisme, il est temps que vous compreniez que nous ne travaillons pas pour vous, que vous ne nous ferez pas taire et que nous ne prendrons pas de leçons de démocratie de votre part », a déclaré Lapid, en faisant référence au Premier ministre et à ses partenaires de coalition d’extrême-droite.
« Vous conduisez l’Israël que nous connaissions à sa perte. Nous vous combattrons et nous gagnerons », a déploré Lapid.
Enfin la procureure générale adjointe, Avital Sompolinsky, a déclaré dimanche à des députés que les projets du gouvernement visant à remanier le système judiciaire israélien feront du pays « une démocratie plus faible ».
S’exprimant lors d’une réunion de la commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset, Sompolinsky a prévenu que les changements proposés – qui comprennent une forte réduction de la capacité de la Haute Cour à annuler des lois et un contrôle politique total sur les choix judiciaires – ne garantiront pas un bon équilibre entre les trois branches du pouvoir, comme l’assurent ses partisans.
« Le résultat ne permettra pas de parvenir à un système de relations équilibrées, mais supprimera plutôt les freins et contrepoids de la Knesset et du gouvernement », a-t-elle dit.
Le projet de refonte du ministre de la Justice Yariv Levin, qui est soutenu par Netanyahu, prévoit de restreindre de manière importante la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés.
Ces propositions prévoient aussi de donner au gouvernement le contrôle total de la sélection des juges ; de faire disparaître la notion juridique du « caractère raisonnable » du code pénal israélien, une notion sur laquelle s’appuient les magistrats pour juger une législation ou une décision prise par la coalition et elles prévoient également que les ministres seront autorisés à nommer leurs propres conseillers juridiques au lieu de devoir faire appel à ceux qui opèrent sous les auspices du ministère de la Justice.
Le plan a suscité des critiques intenses et des avertissements de la part des plus éminents experts, ainsi que des manifestations massives et des pétitions publiques lancées par des officiels variés, des professionnels et des entreprises privées, qui ont tous averti que ces réformes porteront atteinte à la démocratie et à l’économie.