Avec une coalition alignée, la loi maintenant l’exemption des Haredim sera adoptée
Israel Katz œuvre à obtenir le soutien de la majorité à une loi visant à exclure la plupart des ultra-orthodoxes de l'armée et à maintenir les partis haredim dans le gouvernement
« Sans projet de loi, nous n’avons aucune raison de rester [dans ce gouvernement] », a déclaré cette semaine le ministre du Logement, Yitzhak Goldknopf, au Times of Israel.
Goldknopf, connu pour son opposition farouche à l’enrôlement des hommes ultra-orthodoxes – ou haredim – dans l’armée israélienne, a même réussi à irriter ses collègues ultra-orthodoxes avec ce genre de déclarations militantes.
Récemment, Goldknopf a menacé de voter contre les dispositions du budget de l’État si le projet de loi – qui est essentiellement une loi d’exemption pour presque tous les Haredim – n’était pas accéléré. Bien que Goldknopf, qui dirige le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, ne fasse pas partie de la Knesset – il avait démissionné du Parlement israélien lorsqu’il avait été nommé ministre – Itamar Ben Gvir et d’autres députés du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit ont fait valoir leurs droits lors des votes sur le budget au nom du leader de Yahadout HaTorah.
Goldknopf peut se détendre.
La loi d’exemption sera finalement adoptée.
Le ministre de la Défense, Israel Katz, déploie des efforts considérables pour s’en assurer. Il fait notamment pression sur ses adversaires des partis Likud et HaTzionout HaDatit (notamment le ministre Ofir Sofer et les députés Moshe Saada et Danny Ilouz) ainsi que sur les indécis (les députés du Likud Tali Gotliv et Boaz Bismuth). Ses talents remarquables de persuasion, son expérience politique et le soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu lui permettent d’exercer une pression considérable.
Après avoir rencontré Katz, Gotliv a déclaré au Times of Israel jeudi que « la loi sera certainement adoptée, mais je ne pense pas qu’elle atteindra un texte finalisé aussi rapidement. Tant que les chiffres [que le projet de loi fixe pour l’enrôlement annuel des Haredim] s’alignent sur la capacité de l’armée à intégrer les recrues ultra-orthodoxes, je soutiendrai la loi. Le ministre Katz a une capacité extraordinaire à trouver des solutions et il est à l’écoute de toutes les voix ».
Même l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, renvoyé par Netanyahu le mois dernier pour, entre autres, son insistance à recruter des hommes ultra-orthodoxes et son refus de soutenir un texte législatif qui maintiendrait l’exclusion générale en vigueur depuis des décennies, estime que la loi d’exemption finira par être adoptée.
Les ultra-orthodoxes font état de leur succès escompté dans les célébrations de Hanoukka en cours. Ils reconnaissent que la loi proposée ne prévoit pas d’objectifs de recrutement sérieux par rapport aux besoins réels de l’armée et ils sont prêts à accepter des sanctions et des pénalités permanentes du type de celles qui sont déjà imposées à certains Haredim qui se sont soustraits à l’appel sous les drapeaux. En fin de compte, ils savent que l’armée, qui ne parvient pas à recruter des hommes ultra-orthodoxes, aura encore plus de mal si ou quand cette loi sera adoptée.
« La loi est dans notre poche », a déclaré un haut responsable de Yahadout HaTorah au Times of Israel jeudi.
« Après le départ de Gallant [du ministère de la Défense], Katz a pris le contrôle du projet de loi et vise à le faire passer. Katz est en train de remodeler le tableau parce que les opposants associent sa position à celle du ministère de la Défense. C’est pourquoi [le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, Yuli] Edelstein change [sa position jusqu’alors ferme contre une loi qui perpétuant cette exclusion généralisée] : il n’a plus à faire face à Gallant. »
« Katz présentera une loi avec des objectifs et des sanctions que nous pourrons gérer, ce qui convaincra tout le monde », a déclaré le responsable Yahadout HaTorah.
« Nous resterons discrets sur les sanctions. Aujourd’hui déjà, des sanctions sont appliquées aux déserteurs – ils ne peuvent pas obtenir de permis de conduire, entre autres choses. Nous pouvons nous en accommoder. »
Selon une formulation antérieure adoptée en première lecture à la Knesset en janvier 2022, la proposition de loi controversée abaissait l’âge de l’exemption pour les hommes ultra-orthodoxes, elle fixait des objectifs de recrutement peu élevés et elle imposait des sanctions inefficaces à ceux qui se soustraient au processus de recrutement.
La bataille autour de ce texte au cours de l’année écoulée – une bataille qui s’est intensifiée en raison des tensions au sein de Tsahal dans le cadre de la guerre sur plusieurs fronts menée par Israël – a alimenté la colère de l’opinion publique à l’égard des exemptions de service pour les ultra-orthodoxes et de l’absence de partage équitable des charges. Les amendements proposés risquent d’accroître cette colère, car au lieu de conduire à un recrutement massif de Haredim, ils ne feront probablement qu’augmenter l’évasion sous couvert de la loi.
Le secrétaire d’État Yossi Fuchs a déclaré lors d’une interview accordée à la radio cette semaine que l’armée compterait 10 000 soldats ultra-orthodoxes en plus d’ici deux ans. Cependant, ce chiffre peu élevé présente tout de même un inconvénient : quelques milliers de soldats ultra-orthodoxes servent déjà dans diverses unités de Tsahal. Selon les estimations, 70 000 à 80 000 hommes haredim âgés de 18 à 26 ans sont susceptibles d’être recrutés.
Ofir Sofer, ministre de l’Immigration et de l’Intégration, a déclaré jeudi au Times of Israel qu’il donnait la priorité à la mise en œuvre effective du texte plutôt qu’à des objectifs chiffrés. Si tel est le cas, l’expérience à ce jour n’est pas encourageante. Jeudi, les appelés ultra-orthodoxes du principal centre de recrutement ont refusé de monter dans les bus qui devaient les conduire au bataillon Netzah Yehuda, fondé il y a 25 ans exclusivement pour les Haredim servant comme soldats de combat. Tout le monde sait que ce bataillon ne compte plus aucun soldat ultra-orthodoxe ; seul le nom subsiste.
Le clivage sur le service militaire des Haredim restera aussi profond, si ce n’est plus, lorsque le projet de loi d’exemption sera adopté. Cette question concerne tous les partis politiques et constitue le cheval de bataille du chef de l’opposition, Yaïr Lapid.
Dans un discours prononcé lors d’un débat à la Knesset lundi, Lapid a consacré la majeure partie de son temps de parole à la question de l’enrôlement des ultra-orthodoxes, utilisant des termes durs tels que « discrimination entre le sang et le sang ».
Jeudi, Lapid a déclaré au Times of Israel que les objectifs de recrutement spécifiés dans la nouvelle loi proposée ne seront pas pertinents.
« Dès lors que l’armée déterminera qu’à partir de juin 2026, elle souhaite recruter toutes les personnes [éligibles pour servir] et qu’elle est en mesure de le faire, il ne sera pas possible d’échapper à ces chiffres [maximaux]. »
Cependant, pour l’instant, le projet de loi d’exemption passera en deuxième et troisième lecture malgré les protestations, les campagnes et le tollé au sein de l’opinion publique. Les ultra-orthodoxes célèbrent leur victoire, confiants dans le fait que la loi n’aura pas de véritable impact et qu’elle ne touchera pas à leurs yeshivot. Quant à l’opposition, tout en ripostant, elle espère un miracle de Hanoukka pour arrêter le processus.
Si ce n’est pas le cas, la question sera de savoir comment la Cour suprême, qui avait statué à l’unanimité en juin que le gouvernement devait enrôler tous les hommes ultra-orthodoxes remplissant les conditions requises, traitera les inévitables recours contre une loi qui ne fait rien de tel.
Traduit et édité à partir de l’original du site Zman Yisrael, la version en hébreu du Times of Israel.
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