Goldknopf menace de quitter la coalition sans loi sur la conscription avant le budget
Le chef de Yahadout HaTorah dit ne pas s’opposer à la conscription des Haredim qui n’étudient pas dans les yeshivot et déplore les coupes budgétaires qui affectent ses électeurs

Le président de Yahadout HaTorah, Yitzhak Goldknopf, a menacé mardi de quitter la coalition, affirmant que son parti ultra-orthodoxe ne continuerait pas à faire partie du gouvernement si un projet de loi exemptant du service militaire les Haredim étudiant dans des yeshivot n’était pas adopté avant l’approbation du budget de l’État pour 2025.
« Il ne fait aucun doute que la loi sur la conscription sera adoptée avant que le gouvernement n’approuve le budget… [mais] si ce n’était pas le cas, nous quitterions le gouvernement », a déclaré Goldknopf, le ministre du Logement, au quotidien Makor Rishon.
« Nous ne resterons pas dans le gouvernement sans une loi sur la conscription », a-t-il averti.
Goldknopf a également précisé que, contrairement à de nombreux responsables rabbiniques et politiques ultra-orthodoxes, il ne s’opposerait pas à l’enrôlement des Juifs haredim qui ne sont pas inscrits à plein temps dans une yeshiva.
« Qu’ils fassent leur service militaire ! Cela ne nous regarde pas », a-t-il déclaré. « Notre projet de loi ne protège pas ceux qui n’étudient pas la Torah. La loi sur la conscription doit s’appliquer aux Haredim qui n’étudient pas. »
Bien que la coalition ne s’effondrerait pas si Yahadout HaTorah quittait le gouvernement, celui-ci deviendrait beaucoup plus vulnérable avec une majorité restreinte de 61 sièges à la Knesset, sur un total de 120. De plus, tout échec à adopter le budget d’ici mars déclencherait de nouvelles élections.
Les propos de Goldknopf confirment des informations précédentes selon lesquelles il avait menacé de voter contre le budget 2025 si un projet de loi sur l’exemption militaire des Haredim n’était pas adopté dans les semaines à venir.

Le ministère des Finances a publié lundi une version préliminaire de la loi sur les accords économiques — un précurseur du budget annuel de l’État — destinée à recueillir les commentaires du public avant sa présentation au cabinet.
D’après la presse israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait assuré aux ultra-orthodoxes que son gouvernement présenterait un projet de loi facilitant les exemptions du service militaire pour les hommes haredim d’ici la fin du mois.
En juin, la Haute Cour de justice avait statué qu’il n’existait aucune base juridique pour exempter les Haredim de la conscription, une pratique en vigueur depuis des dizaines d’années. Suite à cette décision, Tsahal a envoyé des avis de conscription à plusieurs milliers de jeunes ultra-orthodoxes, provoquant des protestations et une opposition farouche de la part des chefs religieux et politiques ultra-orthodoxes.
Le projet de loi, destiné à régulariser la situation, est actuellement bloqué au sein de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. Son président, Yuli Edelstein (Likud), a déclaré que la loi ne serait adoptée que si un « large consensus » était atteint.
Lors d’une conférence la semaine dernière, Edelstein a affirmé que, quel que soit le projet de loi adopté, il ne satisferait aucune des deux parties, mais qu’il serait néanmoins une « bonne loi » qui permettrait de mobiliser les effectifs supplémentaires nécessaires pour Tsahal.
S’adressant à Makor Rishon, Goldknopf a répondu aux critiques appelant à une répartition plus équitable du « fardeau » du service militaire dans la société israélienne, déclarant que la nation avait besoin à la fois d’étudiants en Torah et de soldats.
« Pensez-vous que tous ceux [au sein de la population] qui doivent faire leur service militaire le font ? », a-t-il demandé.
Il a ajouté que les Haredim « souffraient » des coupes dans les budgets des yeshivot et des subventions publiques pour les garderies. Cet été, la Haute Cour a interdit à l’État de financer les yeshivot ultra-orthodoxes dont les étudiants devraient être dans l’armée, affirmant que ces fonds étaient liés à des exemptions militaires qui n’existent plus.

Par ailleurs, en août, le procureur général adjoint Gil Limon a informé le ministre du Travail et des Affaires sociales Yoav Ben Tzur que, d’ici le 30 novembre, son ministère devrait mettre fin aux subventions de garderie pour les enfants des étudiants ultra-orthodoxes de yeshivot qui jusque-là avaient bénéficié d’exemptions du service militaire.
Dans son interview de mardi, Goldknopf a également défendu Netanyahu face aux critiques concernant sa gestion des questions de sécurité qui ont mené au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, affirmant que c’est une « erreur de blâmer Netanyahu pour tout ». Il s’est également opposé au procès en cours contre Netanyahu, déclarant qu’il était important de « permettre au Premier ministre de diriger le pays librement ».
Goldknopf a ajouté qu’il « soutiendra tout accord » visant à libérer les 101 otages encore aux mains du Hamas à Gaza, mais que le chef du groupe terroriste, Yahya Sinwar, « n’est pas prêt à négocier un quelconque accord avec [nous] ».
« Malheureusement, la guerre continue et, selon mes informations, Israël va mener une offensive contre le Hezbollah et Gaza comme jamais auparavant. Je pense qu’il y aura aussi une guerre avec l’Iran. La situation est en train de s’aggraver. Nous devons faire comprendre à nos ennemis qu’ils n’ont aucun intérêt à nous attaquer », a-t-il affirmé.

En réponse à Goldknopf, Yorai Lahav-Hertzanu (Yesh Atid) a déclaré qu’ « aucun service de communication au monde ne saurait expliquer comment, alors que nous sommes engagés dans la guerre la plus difficile de notre histoire, le gouvernement promulgue une loi prévoyant une exemption générale de conscription pour 70 000 Haredim jeunes et en bonne santé ».
« Ce n’est pas seulement une atteinte à l’égalité, c’est une atteinte à la sécurité d’Israël, car Tsahal a besoin de milliers de soldats supplémentaires pour défendre les frontières du pays. Où allons-nous les trouver ? », a-t-il ajouté.