Bar : la déclaration sous serment de Netanyahu est « pleine d’inexactitudes »

Le directeur du Shin Bet, Ronen Bar, a réitéré dimanche ses allégations selon lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait pression sur lui pour qu’il agisse illégalement en raison de considérations personnelles et politiques, et a reproché au Premier ministre de ne pas assumer la responsabilité de la politique menée depuis des années pour permettre au Hamas à Gaza d’obtenir des fonds du Qatar.

Dimanche, Netanyahu a rejeté ces allégations et a attaqué Bar dans une déclaration sous serment à la Haute Cour de justice. Dans une déclaration à la presse, Bar a insisté sur le fait que toutes ses affirmations étaient « absolument vraies » et étayées par les documents qu’il avait fournis à la Cour.

« Les déclarations du Premier ministre dans sa déclaration sous serment sont remplies d’inexactitudes, de citations tendancieuses et de demi-vérités, visant à sortir les choses de leur contexte et à altérer la réalité », a déclaré Bar.

La déclaration sous serment de Netanyahu a été déposée auprès de la Haute Cour en réponse à la déclaration sous serment de Bar, déposée la semaine dernière, dans laquelle le chef du Shin Bet accusait le Premier ministre de l’avoir licencié non pas pour des raisons professionnelles, mais parce qu’il avait résisté à des demandes du Premier ministre motivées par des considérations personnelles.

Ces deux documents ont été présentés dans le cadre de requêtes adressées à la Haute Cour, lui demandant d’annuler la décision prise par le gouvernement le 21 mars de licencier Bar sur recommandation de Netanyahu.

La Haute Cour a gelé la décision de licencier Bar, dans l’attente de sa décision sur la question.

Audience des recours déposés contre le licenciement du chef du Shin Bet, Ronen Bar, à la Haute Cour de justice, à Jérusalem, le 8 avril 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH90)

Lors d’une audience sur les requêtes le 8 avril, la Cour a semblé encline à résoudre simplement les problèmes de procédure liés au licenciement de Bar, mais les graves allégations de Bar contre Netanyahu dans sa déclaration sous serment ont semble-t-il, rendu difficile pour la Cour d’ignorer l’essence des requêtes contre le Premier ministre.

Bar a affirmé dimanche que, dans ses remarques concernant la nuit précédant le massacre du Hamas du 7 octobre 2023, Netanyahu « a choisi d’omettre les nombreuses instructions opérationnelles qui ont été données, et a même prétendu à deux reprises que je n’avais pas donné d’instructions pour que les renseignements soient transmis au secrétaire militaire. »

« La vérité est tout autre, comme le montre le journal opérationnel du Shin Bet, soumis au Premier ministre dans le cadre de l’enquête, où il est clairement indiqué que ‘les points principaux de la discussion doivent être transmis au secrétaire militaire : Les points principaux de la discussion doivent être transmis au chef d’état-major et au secrétaire militaire’ ».

Bar a déclaré dans son document original qu’il avait pris des mesures pour alerter l’armée israélienne et les agences de sécurité de la possibilité accrue d’une attaque du Hamas, et qu’il avait informé le secrétaire militaire du Premier ministre à 5h15 le matin du 7 octobre.

Netanyahu a déclaré que Bar n’avait alerté ni lui ni le ministre de la Défense, que son évaluation de l’évolution de la situation en matière de sécurité était extrêmement déficiente et que le résumé de l’évaluation de la sécurité que Bar a envoyé au secrétaire militaire n’est arrivé qu’à 9 h 47, soit plus de trois heures après le début de l’attaque du Hamas.

Bar a ajouté dimanche que « les hauts responsables de la sécurité ont assumé la responsabilité de l’échec du renseignement [le 7 octobre]. Mais le Premier ministre n’a jamais assumé la responsabilité de la politique discrète de financement du Hamas, qui était dictée directement par le Premier ministre. »

« Cet échec politique historique a renforcé le Hamas, érodé la dissuasion et contribué à faire craindre une erreur de calcul dans la prise de décision des hauts responsables de la sécurité cette nuit-là », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, le 4 avril 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Le chef du Shin Bet a affirmé la nécessité d’une commission d’enquête de l’État pour enquêter sur le massacre du 7 octobre – une mesure à laquelle Netanyahu s’est continuellement opposé.

Bar a également réaffirmé son affirmation selon laquelle Netanyahu avait essayé d’éviter de témoigner dans son procès pénal. Bar a affirmé dans sa déclaration sous serment initiale que Netanyahu avait essayé de lui faire soumettre un document de position au tribunal de district de Jérusalem, où le Premier ministre est jugé pour corruption, déclarant que le Premier ministre ne pouvait pas se présenter régulièrement au tribunal pour des raisons de sécurité, car il pourrait y être pris pour cible par les groupes terroristes contre lesquels le pays est en guerre.

Dans sa déclaration sous serment, le Premier ministre a cité des transcriptions dans lesquelles il exprimait son désir de témoigner dans des conditions de sécurité et qui, selon lui, indiquaient qu’il ne voulait pas retarder le procès.

Bar a déclaré dimanche qu’il n’avait pas l’intention de retarder le procès : « La vérité est qu’un document d’opinion m’a été dicté et remis au nom du Premier ministre, que l’on m’a demandé de signer et qui, dans la pratique, interdirait au Premier ministre de témoigner en permanence lors de son procès. Ce phénomène de pression exercée par le Premier ministre pour influencer les opinions professionnelles s’est reproduit à plusieurs reprises.

Dans sa déclaration sous serment, Netanyahu a contesté l’affirmation de Bar selon laquelle il aurait cherché à utiliser les ressources et les autorités de l’agence de sécurité intérieure contre les militants anti-gouvernement, affirmant qu’il n’avait cherché à agir que contre les contrevenants à la loi. Dans le même temps, il n’a pas nié catégoriquement qu’il avait demandé au chef du Shin Bet de lui obéir en cas de crise constitutionnelle.

« La vérité est que j’ai reçu l’ordre de transmettre des informations sur des citoyens israéliens qui étaient des activistes. La vérité, c’est que le Premier ministre m’a demandé de lui obéir, et non à la Cour, en cas de crise constitutionnelle », a ajouté Bar.

L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.