Le musée d’Israël propose des visites en « capsules » organisées par le personnel
Après des mois de fermeture en raison de la pandémie, le plus grand musée du pays cherche des moyens créatifs de faire revenir les visiteurs
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Le musée d’Israël a rouvert à la mi-août après plusieurs mois de fermeture imposée par le coronavirus, des manifestations du personnel protestant contre d’éventuelles réductions de salaire, et l’arrivée d’une subvention de dernière minute de la part de donateurs américains.
Aujourd’hui, la plus grande institution culturelle du pays est enfin ouverte aux visiteurs, avec une approche sécurisée contre le coronavirus qui comprend des visites « capsules » d’une demi-heure des expositions permanentes et temporaires du musée.
Une centaine de membres du personnel permanent du musée, du directeur aux agents de sécurité, guident les groupes « capsules » – des petites unités familiales ou d’amis qui visitent le musée ensemble. Les visites sont programmées tout au long de la journée et ne nécessitent aucune réservation préalable, mais les visiteurs sont vivement encouragés à acheter leurs billets d’entrée au musée sur Internet.
Certaines des visites guidées sont assurées par les conservateurs de leurs propres expositions. Le directeur Ido Bruno dirige une balade dans le jardin de sculptures, et le directeur du Sanctuaire du Livre offre son point de vue sur les mystérieux parchemins anciens qui se trouvent dans le bâtiment à la blancheur étincelante.
Pour l’instant, seules 2 000 personnes à la fois sont admises dans le musée, un complexe tentaculaire qui en accueille généralement quelque 20 000.
Chaque visiteur se voit contrôler sa température à l’entrée, avant de pouvoir se promener ou accéder à la galerie temporaire du bâtiment principal, où plusieurs bornes affichent la liste des visites à venir en hébreu, arabe, anglais, italien et russe.
« C’est notre maison, c’est très intime, c’est émotionnel – et c’est ça l’idée », a déclaré Tomer Tsur, du département des événements du musée. « Nous n’autorisons que de petits groupes capsules de familles et d’amis, et de cette façon nous nous protégeons et protégeons nos visiteurs. C’est un concept très nouveau pour nous. »
Il y a eu quelque 500 visites depuis la réouverture du musée, la plupart des membres du personnel en proposant au moins deux par jour, a déclaré M. Tsur.
Mardi matin, la commissaire Shirli Ben Dor Evian a dirigé notre groupe « capsule » autour de l’exposition intitulée « Emoglyphes, l’écriture en images, des hiéroglyphes aux emojis », son exposition récemment inaugurée qui compare les hiéroglyphes de l’Égypte ancienne aux icônes des emojis d’aujourd’hui.
L’exposition, située dans l’aile Archéologie, est une fenêtre unique sur les symboles, les messages et la culture de l’Égypte ancienne, juxtaposés avec humour aux icônes colorées et expressives utilisées pour renforcer les messages, créées en 1999 au Japon.
« Pour moi, c’est la chose la plus évidente », a déclaré Ben Dor Evian. « Les hiéroglyphes et les émojis ont la même origine. »
Au fil du temps, les images des Egyptiens ont été remplacées par un système d’écriture composé d’une vingtaine de signes – l’écriture alphabétique qui règne encore aujourd’hui dans la culture occidentale.
Depuis l’entrée de la galerie, où un court film explique le concept de l’exposition, les deux jeunes de 11 ans de mon groupe « capsule » ont été captivés, conduisant Ben Dor Evian sur un chemin aléatoire à travers la galerie, ce qui lui a parfaitement convenu.
L’exposition de quelque 250 objets – dont tous, sauf deux, proviennent de la collection du musée – comprend des scarabées de jade soigneusement gravés, un couvercle gravé d’une momie féminine, ou une ancre ancienne récemment retrouvée dans la mer par l’Autorité israélienne des Antiquités. Elle offre un regard révélateur sur la façon dont la modernité prend ce qui existait dans le passé pour le réorienter.
« Les images nous donnent des idées très précises », a déclaré Ben Dor Evian. « Lorsque vous écrivez avec des images, vous comprenez intuitivement ce qui s’est passé il y a 5 000 ans et ici au XXIe siècle, et c’est beaucoup plus puissant que de simplement écrire avec des mots. »
Visiter la collection avec Ben Dor Evian révèle des choses inattendues et amusantes, notamment grâce à son explication sur la façon dont le coléoptère est devenu un Dieu et un symbole vénéré par les Égyptiens, qui étaient étonnés de la capacité du coléoptère à récupérer le fumier pour faire éclore ses petits. L’image du coléoptère est devenue leur mot pour « devenir », pour sa signification de « vie nouvelle ».
Au terme d’une visite de 35 minutes, Ben Dor Evian a dû se diriger vers sa prochaine séance. Notre groupe s’est attardé quelques minutes de plus, jusqu’à ce qu’un garde vienne nous demander poliment si nous étions prêts à partir, afin de laisser entrer quelques visiteurs de plus dans la galerie.
Les visiteurs sont invités à se promener dans le musée par eux-mêmes ou à entreprendre une autre visite, s’ils le souhaitent. On trouve aussi un jardin de sculptures en plein air pour ceux qui craignent de passer trop de temps à l’intérieur, même avec des masques et une distanciation sociale.
Les cafés sont ouverts, mais avec un menu limité et sans places assises à l’intérieur. La boutique principale du musée est également ouverte.
En ces derniers jours estivaux, avant les inconnues d’une année scolaire qui démarre en période de coronavirus, c’est un moyen facile de passer quelques heures captivantes.