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L’Egypte élira finalement son futur président du 10 au 12 décembre

De hauts responsables avaient assuré que le scrutin se tiendrait au printemps mais le délai aurait été raccourci par des considérations économiques

Le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi assistant au sommet de la Ligue arabe à Jeddah, en Arabie saoudite, le 19 mai 2023. (Crédit : Agence de presse saoudienne via AP)
Le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi assistant au sommet de la Ligue arabe à Jeddah, en Arabie saoudite, le 19 mai 2023. (Crédit : Agence de presse saoudienne via AP)

L’élection présidentielle en Egypte aura lieu en décembre et non au printemps 2024 comme le permet la Constitution, un délai raccourci par des considérations économiques dans le pays pris en étau entre inflation et dévaluation, estiment les experts.

« Les électeurs égyptiens voteront dans le pays les 10, 11 et 12 décembre », a annoncé lundi le patron de la Commission électorale, le juge Walid Hassan Hamza. Et « les résultats définitifs seront publiés au journal officiel le 18 décembre ».

Il a également donné un calendrier détaillé du vote : les candidatures devront être déposées en octobre, la campagne électorale aura lieu du 9 au 29 novembre et les expatriés égyptiens voteront du 1er au 3 décembre.

Plusieurs hauts responsables avaient assuré que le scrutin se tiendrait au printemps, le délai maximum prévu par la Constitution et comme cela fut le cas pour la précédente présidentielle en 2018.

Conditions du FMI

Mais pour le politologue Moustapha Kamel al-Sayyed, « il a été organisé plus tôt parce que l’Egypte n’a toujours pas mis en place les réformes réclamées par le Fonds monétaire international (FMI) », qui lui a récemment accordé un prêt sous conditions – la première étant un flottement complet de la livre égyptienne.

« La prochaine visite du FMI pourrait avoir lieu au début de l’année et entraîner une dévaluation qui aura des effets énormes sur la majorité des Egyptiens, (le pouvoir) a donc préféré organiser les élections avant la dévaluation », qui risque d’exacerber la colère sociale, explique-t-il à l’AFP.

Cette présidentielle, la troisième à laquelle pourrait concourir l’actuel président Abdel Fattah al-Sissi, s’annonce déjà sous tension pour le chef de l’Etat, arrivé au pouvoir en déposant l’islamiste Mohamed Morsi en 2013 avant d’être ensuite élu très confortablement en 2014 puis réélu en 2018 face à un unique candidat qui se disait son partisan.

M. Sissi n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature mais devrait le faire prochainement, assurent des experts.

Il se présentera à un moment où le pouvoir d’achat ne cesse de fondre dans ce pays de 105 millions d’habitants : l’inflation caracole à 40 %, la dévaluation de 50 % a fait ces derniers mois bondir les prix des biens – quasiment tous importés en Egypte – et les récentes primes et augmentations annoncées par le président pour fonctionnaires et retraités n’ont eu que peu d’effets.

L’Egypte subit de plein fouet la guerre entre Russie et Ukraine – les principaux fournisseurs de blé du monde dont Le Caire est le premier importateur – et son immense secteur touristique ne s’est jamais vraiment relevé depuis la « révolution » de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak.

La question économique sera le principal enjeu du scrutin de décembre dans un pays où deux tiers des habitants vivent sous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté.

Opposants détenus ou espionnés

Jusqu’ici, un seul candidat est entré en campagne : Ahmed al-Tantawi. Cet ancien député, connu pour ses coups d’éclat au Parlement, dénonce des « crimes » commis par les « forces de sécurité » contre ses équipes et ses partisans. Au moins 35 d’entre eux ont été placés en détention et M. Tantawi a révélé qu’un logiciel espion avait été installé dans son téléphone depuis septembre 2021.

Farid Zahran, à la tête du Parti égyptien démocratique et social, a lui aussi dit son intention de se lancer dans la course, sans avoir jusqu’ici organisé tournées ou meetings.

Un autre opposant, Hicham Kassem, à la tête d’une coalition de partis libéraux, a été récemment condamné à six mois de prison, le privant de toute participation à la campagne et au scrutin.

Alors que l’opposition peine à former un front uni et que les coalitions formées ces derniers mois se divisent, « limiter la campagne du 9 au 29 novembre ne donne pas une large marge de manoeuvre à l’opposition pour mener campagne », ajoute M. Kamel al-Sayyed.

Le pouvoir a récemment lancé en grandes pompes un « dialogue national » censé donner de la voix à l’opposition libérale réduite en lambeaux depuis une décennie – l’opposition islamiste, principalement les Frères musulmans de Mohamed Morsi est, elle, interdite et ses partisans ont été tués, emprisonnés, se sont exilés ou sont désormais interdits de débat public.

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