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Liban : un intellectuel critique du Hezbollah tué par balles

Lokman Slim avait disparu depuis mercredi soir ; il avait souvent été attaqué par la presse pro-Hezbollah pour des positions jugées favorables envers les Etats-Unis

Lokman Slim dans une interview avec MTV Lebanon News le 27 juillet 2013. (Capture d'écran YouTube)
Lokman Slim dans une interview avec MTV Lebanon News le 27 juillet 2013. (Capture d'écran YouTube)

Le militant et intellectuel libanais Lokman Slim, connu pour ses positions critiques envers le mouvement terroriste chiite libanais du Hezbollah, a été retrouvé mort jeudi dans sa voiture dans le sud du pays, tué par balles.

Le chercheur et essayiste de confession chiite, engagé en faveur de la laïcité et de la démocratie et fervent opposant au confessionnalisme qui mine la politique libanaise, avait indiqué par le passé avoir reçu des menaces en raison de ses positions hostiles au Hezbollah. Ce dernier a condamné le meurtre.

L’épouse de Slim, Monika Borgmann, et sa soeur Rasha al-Ameer avaient signalé sa disparition mercredi soir. Il était censé revenir à Beyrouth, où il habite, après avoir rendu visite à un ami dans le sud du Liban, bastion du mouvement chiite.

Slim, 58 ans, a été retrouvé mort dans sa voiture dans la région d’Al-Adoussiyeh, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire sous couvert d’anonymat.

Le corps de Lokman Slim, militant chiite et activiste politique, retrouvé mort, à Addoussieh village, dans le sud du Liban, le 4 février 2021. (Crédit : AP Photo/Mohammed Zaatari)

Le médecin légiste a établi qu’il avait reçu cinq balles dans la tête et une dans le dos, a-t-elle ajouté, évaluant l’heure du décès aux alentours de 02H00 (00H00 GMT) jeudi.

Avant l’annonce du décès, Rasha al-Ameer avait évoqué un kidnapping. « Il avait une position (politique). Pour quelle autre raison pourrait-il avoir été kidnappé ? », avait-elle relevé, sans nommer le Hezbollah.

« Menaces » 

Dans un bref communiqué publié jeudi soir, le Hezbollah a condamné le meurtre et appelé les « appareils judiciaires et de sécurité à agir rapidement pour découvrir et punir les coupables ».

Sur les réseaux sociaux, les hommages ont afflué tandis que la France a condamné « avec la plus grande fermeté » l’assassinat « odieux » de ce francophone et francophile, et appelé « à ce que les faits soient clairement établis », selon la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Le vice-secrétaire d’Etat américain Antony Blinken pendant une conférence de presse en marge d’un sommet international sur la sécurité à Manama, au Bahreïn, le 31 octobre 2015 (Crédit : AP Photo/Hasan Jamali)

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a jugé cet assassinat « lâche et inacceptable ». Dans un communiqué, il a « exhorté les autorités libanaises, y compris les dirigeants politiques et judiciaires, à poursuivre sans retard ni exception ceux qui commettent de tels actes de barbarie ».

L’organisation Human Rights Watch a elle qualifié Slim de « défenseur infatigable (…) pour un Liban juste et démocratique », appelant à une enquête indépendante pour « renverser la culture de l’impunité pour les crimes graves qui continuent depuis la guerre civile ».

Le chercheur, qui a notamment étudié la philosophie à Paris, a beaucoup travaillé sur les problématiques de la mémoire, de la réconciliation et sur la question des disparus après la guerre civile libanaise (1975-1990), à travers son organisation, Umam-DR.

Son meurtre n’est pas sans rappeler l’assassinat de l’historien et intellectuel Samir Kassir, tué en 2005 à Beyrouth.

Samir Kassir, assassiné en 2005 (Crédit : capture d’écran YouTube)

Lokman Slim, qui rencontrait parfois de hauts responsables américains de passage à Beyrouth, a souvent été attaqué par la presse pro-Hezbollah pour des positions jugées favorables envers les Etats-Unis.

Habitué des plateaux de télévision, il dénonçait également le monopole politique des deux poids lourds chiites au sein de la communauté, le Hezbollah – seule faction à ne pas avoir démantelé son arsenal militaire après la guerre civile – et Amal.

Slim avait fustigé en décembre 2019 les dirigeants de ces deux mouvements, après deux rassemblements pour le « menacer » devant son domicile dans la banlieue de Beyrouth.

« Par précaution en cas d’atteinte, verbale ou physique, à venir, contre moi, mon épouse, ma maison ou mes proches, je fais porter l’entière responsabilité (…) de ce qui s’est passé, et de ce qu’il pourrait se passer à Hassan Nasrallah et Nabih Berri », avait-il écrit dans un communiqué, faisant référence au chef du Hezbollah et au chef du parti Amal, également président du Parlement.

Il avait notamment évoqué des affiches collées sur sa maison l’accusant d’être un traître.

« Perte tragique »

A cette époque, peu après le soulèvement populaire d’octobre 2019 dénonçant l’incurie des dirigeants, Beyrouth était le théâtre de heurts réguliers entre partisans des partis chiites et manifestants anti-pouvoir.

Le Premier ministre sortant Hassan Diab a appelé à une enquête approfondie, assurant que « ce crime odieux ne passera pas sans que les responsables n’en rendent des comptes ».

Un représentant de l’ONU au Liban, Jan Kubis, a déploré la « perte tragique » d’un homme représentant « la voix du courage, indépendant et honnête ».

Il a réclamé une enquête « rapide et transparente », espérant qu’elle ne suive pas l’exemple de celle sur l’explosion au port de Beyrouth, il y a exactement six mois, qui n’a toujours pas abouti.

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