Israël en guerre - Jour 471

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2 usines de dessalement auraient falsifié des analyses pour réduire leurs coûts

Un rapport du ministère de l'Energie a révélé que l'usine Sorek a manipulé les niveaux de chlorure avant les prélèvements ; des employés de Palmachim ont falsifié des rapports

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un ouvrier de l'usine de désalinisation Sorek A au sud de Tel Aviv, le 1er novembre 2015. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)
Un ouvrier de l'usine de désalinisation Sorek A au sud de Tel Aviv, le 1er novembre 2015. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

Deux des cinq usines de dessalement d’Israël ont dupé le gouvernement pendant 18 mois en faisant croire que l’eau potable qu’elles produisaient contenait un niveau de chlorure conforme, selon une enquête menée par les ministères de l’Infrastructure nationale, de l’Energie et des Ressources en eau.

Les deux usines sont situées au sud de Tel Aviv, sur la côte méditerranéenne.

L’usine Sorek, la plus importante du pays et l’une des plus grandes du monde à opérer un système d’osmose inversée, a laissé des niveaux de chlorure – l’ingrédient principal dans le sel de mer – quatre fois plus haut que ce qui était spécifié dans l’accord de franchise afin d’économiser l’équivalent de 10 millions d’euros, avant de se faire prendre la main dans le sac.

A l’usine Palmachim, il y a eu des « dizaines de cas » où des niveaux de chlorure ont dépassé de 20 % les limites, un surplus dissimulé derrière des rapports falsifiés.

Une commission d’enquête supervisée par le directeur-général du ministère des Affaires étrangères Udi Adiri a appelé dans son rapport, publié le mois dernier, à « une application efficace et dissuasive » et une « sanction financière conséquente » à l’égard de l’usine Sorek, qui a non seulement profité des économies, mais qui est également tenue de verser 46 millions de dollars d’amende dans le cadre de son contrat avec l’Etat.

La commission a recommandé que les « autorités habilitées » se saisissent de l’affaire pour mener une enquête criminelle.

Manque de vigilance

Le rapport a également fustigé l’Etat qui n’a pas pris ses responsabilités de régulateur avec suffisamment de sérieux. Il n’a pas utilisé les outils mis à sa disposition, comme la vérification aléatoire de la qualité de l’eau et la surveillance approfondie, et les responsables se sont « reposés, plus que nécessaires » sur la crédibilité des rapports des usines de dessalement et n’a pas comparé les données fournies par les usines avec des informations d’autres sources.

« Sans rien enlever au sérieux des résultats, il est important de souligner que l’eau fournie était conforme aux exigences du ministère de la Santé et ne posait aucun risque pour la santé », a déclaré Adiri durant une conférence de presse.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu boit un verre d’eau avant une réunion du cabinet à Jérusalem, le 6 janvier 2019. (Crédit : Gali Tibbon/Pool via AP)

Le niveau de chlorure –  l’eau fournie par Sorek en contenant 90 milligrammes par litre quand le niveau établi par l’Etat est de 20 milligrammes – ne s’approchait pas de la limite de 400 milligrammes par litre établie par le ministère de la Santé au-delà de laquelle l’eau pourrait représenter un danger pour la santé.

Y a-t-il des dégâts ?

Le fait que cette mascarade ait pu durer si longtemps soulève des questions, non seulement sur la gestion des ressources en eau d’Israël mais également sur l’intérêt d’utiliser de l’eau dessalée pour réapprovisionner les sources naturelles d’eau douce comme le lac de Tibériade.

Des militants de l’environnement affirment que la double gestion a déjà fait des dégâts.

L’organisation Adam Teva V’Din a déclaré dans un communiqué que la salinité de l’eau qui émane des usines pourrait éroder les canalisations qui acheminent l’eau vers les foyers, ce qui pourrait coûter cher en entretien et éventuellement atteindre les champs agricoles et endommager les terres et les nappes phréatiques. Côté consommateurs, ils devront faire bouillir davantage d’eau, car l’eau salée met plus de temps à bouillir.

Le communiqué a déploré le fait que les Israéliens dépendent d’infrastructures privées pour la production de leur eau, qui, disent-ils, font passer le profit avant la qualité de l’eau, comme cela vient d’être découvert.

Udi Adiri, directeur général du ministère israélien de l’Energie. (Crédit : capture d’écran YouTube)

L’enquête sur les cinq usines de dessalement, commencée en mai, a été initiée après que des résidents de Holon se sont plaints au début de l’année que l’eau du robinet était jaune, peu après avoir été reliés au réseau Sorek et Palmachim.

Un examen de la qualité de l’eau réalisé par Mekorot, la compagnie nationale de l’eau, qui travaille sous l’Autorité de l’eau au sein du ministère de l’Energie, a mis en lumière ces décalages.

La « procédure de l’échantillon du matin »

L’enquête a mis au jour un système développé par l’usine Sorek que les employés appellent la « procédure de l’échantillon du matin ». Peu avant que l’échantillon d’eau quotidien soit prélevé, les employés modifiaient manuellement et temporairement la procédure de filtrage des sels pour que la teneur en chlorure semble conforme aux limites. En réalité, indique le rapport, l’eau fournie pendant le reste de la journée était différente de l’eau figurant dans les tests et rapports quotidiens.

« La direction de l’usine avait pleinement connaissance de ces démarches », ajoute le rapport.

Elle savait pertinemment que les niveaux de chlorure augmenteraient pendant la journée, mais a choisi de « fermer les yeux » plutôt que de surveiller. Dans quel but ? « Se conformer aux exigences fixées par l’Etat tout en réduisant les coûts opérationnels de l’usine. »

A Palmachim, les rapports des laboratoires ont été falsifiés, ce qui est devenu évident quand la commission d’enquête a obtenu les originaux.

La commission recommande aux usines de tester la qualité de l’eau trois fois par jour plutôt qu’une, et sept fois par semaine ; de garantir que les usines n’aient recours qu’à des laboratoires habilités et que certains tests soient menés de manière indépendante ; que des rapports mensuels signés du directeur-général ou de son adjoint soient remis aux autorités ; que des vérifications aléatoires soient effectuées plus souvent ; que les systèmes informatiques soient mis à niveau pour permettre une meilleure des différents ensembles de données et une meilleure identification des irrégularités et, enfin, une meilleure coordination entre le gouvernement et les instances impliquées dans le dessalement.

Vue d’ensemble de la principale usine israélienne de désalinisation à Ashdod (Crédit : Edi Israel /Flash90)

Pour répondre aux défis posés par la pénurie d’eau de pluie et les années de sécheresse, alors que le climat se réchauffe, Israël a construit cinq usines de dessalement, à Ashkelon, Ashdod, Palmachim, Sorek et Hadera. Elles fournissent 80 % de l’eau potable dans le pays. Mekorot, la compagnie nationale de l’eau reçoit l’eau des usines et l’achemine vers les canalisations.

Une sixième usine, près de celle de Sorel, et une septième, en Galilée occidentale, sont en phase de projet.

IDE Technologies, détenue à parts égales par ALFA Partners et le groupe Delek de Yitzhak Tshuva, détient 50 % des parts dans les usines de Hadera et d’Ashkelon. IDE et Hutchison Water ont détenu la franchise pour construire et exploiter les installations de Sorek. L’année dernière, IDE a vendu sa part à Dan Capital Investments and Infrastructures Ltd., afin de pouvoir se participer à l’appel d’offres visant à financer, construire et exploiter Sorek 2 pendant 25 ans. Les autres candidats sont Hutchison Water et un partenariat entre Afcon, Acciona et Allied Investments.

IDE Technology a déclaré dans un communiqué qu’il « félicite les recommandations de la commission visant à améliorer les mécanismes de surveillance et de contrôle des installations de dessalement par l’État, et est certain que ce contrôle profitera au consommateur et qu’il améliorera également le service fourni. »

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