6 ONG palestiniennes, liées au FPLP, classées organisations terroristes
Le ministère de la Défense appelle la communauté internationale à "couper tous les contacts" avec ce type d'organisations qui détournent - entre autres - des fonds européens
Le gouvernement israélien a annoncé vendredi avoir placé sur sa liste des « organisations terroristes » six ONG palestiniennes liées au groupe terroriste du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).
L’Etat hébreu et l’Union européenne (UE) considèrent depuis des années le FPLP, groupe armé palestinien d’obédience marxiste, comme une organisation terroriste. De nombreuses personnes liées à ce mouvement, qui compte aussi une branche politique, ont été écrouées ces dernières années, dont Salah Hamouri.
« Ces organisations font partie d’un réseau d’organisations qui, sous couvert d’activités internationales, dépendent du FPLP pour soutenir ses objectifs et promouvoir ses activités », est-il écrit dans un communiqué du bureau du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz.
Parmi les six ONG palestiniennes placées sur liste noire par le ministère israélien de la Défense figurent les organisations dites de défense des droits humains al-Haq et Addameer, qui défend les prisonniers palestiniens en Israël.
« Ces organisations sont liées à la direction du FPLP qui appelle à la destruction d’Israël par des actes terroristes » et elles « bénéficient d’aides d’Etats européens et d’organisations internationales obtenues de manière frauduleuse », a dénoncé M. Gantz.
Le service israélien de renseignement intérieur avait accusé en mai des ONG en Cisjordanie d’avoir détourné des fonds de « plusieurs pays européens », dont la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et la Grande-Bretagne, au profit du FPLP.
Un responsable sécuritaire israélien avait alors assuré que « des dizaines de millions de dollars » avaient été transférés sans « qu’aucun des gouvernements ne sache où allait l’argent ».
« Cet argent a permis au FPLP de financer les familles des prisonniers et des auteurs d’attentats, de payer des salaires à ses membres, de renforcer ses activités terroristes et de diffuser son idéologie », a affirmé vendredi le ministère de la Défense, appelant la communauté internationale à « couper tous les contacts » avec ce type d’organisations.
Les Etats-Unis, grand allié d’Israël, ont affirmé qu’ils « allaient consulter leurs partenaires israéliens pour obtenir plus d’informations concernant les fondements » de la décision israélienne.
« Le gouvernement israélien ne nous a pas prévenus », a déclaré le porte-parole du Département d’Etat américain Ned Price devant des journalistes. « Nous considérons que les droits humains, les libertés fondamentales et une société civile forte sont cruciales », a-t-il ajouté.
Mais samedi, un responsable israélien du ministère de la Défense a assuré que « les autorités au sein de l’administration américaine avaient été tenues au courant ». Cette source requérant l’anonymat a de nouveau souligné les liens entre les six ONG et le FPLP, les accusant de contribuer « à la levée de fonds, au blanchiment d’argent et au recrutement de militants » pour le FPLP.
L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas l’a qualifiée « d’assaut perturbant contre la société civile palestinienne ».
Le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme dans les Territoires palestiniens s’est dit « alarmé » par la décision israélienne, accusant l’Etat hébreu de mener « une longue campagne stigmatisant ces organisations et d’autres » ONG et restreignant « leur capacité à mener leurs tâches cruciales ».
Amnesty International et Human Rights Watch ont également dénoncé une décision « épouvantable », « injuste » et « alarmante » qui « menace » le travail de certaines des ONG palestiniennes « les plus importantes ».
« Il s’agit d’une décision politique, pas sécuritaire, qui s’inscrit dans une longue campagne menée par Israël contre les ONG palestiniennes afin de les faire taire », a commenté auprès de l’AFP Shawan Jarareen, directeur d’al-Haq.
L’ONG israélienne controversée B’Tselem a jugé la décision des autorités israéliennes « digne des régimes totalitaires ».