Israël en guerre - Jour 473

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Interview

A 88 ans, « l’ambassadeur » du Venezuela en Israël est impatient de travailler

Grand rabbin de Caracas durant 44 ans, Pynchas Brener est prêt pour une nouvelle carrière. Mais Jérusalem ne le reconnaît que comme "représentant spécial" de Juan Guaido

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le rabbin Pynchas Brener, le 9 décembre 2019 (Crédit : Raphael Ahren/Times of Israel)
Le rabbin Pynchas Brener, le 9 décembre 2019 (Crédit : Raphael Ahren/Times of Israel)

La carte de visite du rabbin Pynchas Brener dit qu’il est « l’ambassadeur » du Venezuela en Israël, même si Jérusalem et Caracas n’entretiennent pas de relations diplomatiques. En haut à gauche, apparaît le sceau officiel de l’ambassade vénézuélienne au sein de l’Etat juif – une ambassade qui n’existe pas.

Comment cela est-il possible ? Le président par intérim auto-proclamé Juan Guaido a nommé Brener en août pour occuper le poste d’ambassadeur. Ce dernier, arrière-grand-père, a servi comme grand-rabbin ashkénaze durant près d’un quart de siècle.

En d’autres mots, Brener est un envoyé en attente – pour le moment où le pays établira des relations avec l’Etat juif, si ces relations doivent être mises en place.

« Comment établissez-vous des relations diplomatiques ? Vous nommez un ambassadeur, il nomme un ambassadeur. Vous savez, c’est pas à pas. Un premier pas a été fait », a dit Brener dans un entretien paru lundi.

« Mais il y a également la reconnaissance de deux peuples – le peuple d’Israël et le peuple du Venezuela. Nous avons beaucoup de choses en commun – nous aimons la liberté, nous voulons tous les deux le respect des droits de l’Homme, il y a tellement de choses que nous avons en commun », a ajouté le rabbin devenu diplomate.

Israël, les Etats-Unis et plus de 50 pays ont reconnu Guaido comme leader légitime du Venezuela, mais tant que le président Nicolas Maduro continuera à régner, l’Etat juif rechignera à reconnaître Brener comme ambassadeur – le considérant plutôt comme un envoyé ou un représentant spécial.

« Pendant 60 ans, le Venezuela et Israël ont entretenu des relations diplomatiques. Israël a aidé le Venezuela avec des solutions d’irrigation, pour des problèmes médicaux. L’Etat juif, en particulier maintenant, est devenu un pays leader, dans de nombreux domaines dans le monde – et le Venezuela a donc beaucoup à gagner d’une aide apportée par Israël », explique Brener, s’exprimant auprès du Times of Israel en marge d’une conférence de partisans d’Israël organisée à Jérusalem.

« D’un autre côté, le Venezuela est un pays très riche en ressources naturelles. Nous avons les plus importantes réserves pétrolières dans le monde. Il y a toutes sortes de minéraux au Venezuela à utiliser ».

Fin janvier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans une déclaration laconique de 24 mots, a reconnu « les nouvelles autorités du Venezuela ».

Le président de l’Assemblée nationale du Venezuela et « président par intérim » autoproclamé du pays, Juan Guaido (au centre), accompagné de son épouse Fabiana Rosales (à sa droite), s’adresse à une foule de militants de l’opposition lors d’une manifestation à Caracas, le 26 janvier 2019.

Deviendra-t-il alors ambassadeur dès que le régime du Maduro sera
renversé ?

« Je suis l’ambassadeur aujourd’hui – je serai reconnu par Israël comme ambassadeur », insiste-t-il.

Brener, qui, en tant que grand-rabbin pendant 44 ans, a accueilli dans sa maison de nombreux leaders vénézuéliens, notamment Hugo Chavez, a été désigné envoyé en Israël par Guaido – une nomination qui a été par la suite confirmée par l’Assemblée nationale.

Le pape François avec le rabbin Pynchas Brener, ancien grand-rabbin ashkénaze du Venezuela, durant une audience privée dans le studio du souverain pontife au Vatican, le 16 février 2015 (Crédit : AP Photo/L’Osservatore Romano, Pool)

Le ministre des Affaires étrangères de Guaido, Julio Borges, qui s’est également rendu à la conférence organisée à Jérusalem par la Fondation des alliés d’Israël, cette semaine, a dit au Times of Israel que son gouvernement est heureux de faire avancer les liens avec l’Etat juif tout en soulignant que la balle était désormais dans le camp de Jérusalem.

« Nous avons une forte volonté de mettre en place des liens avec Israël », dit-il. « Nous attendons que le rabbin Brener soit reconnu comme représentant du gouvernement du président Guaido. Nous aimerions que le gouvernement israélien le reconnaisse pleinement – mais cela ne s’est pas encore fait. Nous aimerions qu’Israël songe à faire un pas en avant et que le pays reconnaisse pleinement le rabbin Pynchas Brener en tant qu’ambassadeur du président Guaido en Israël ».

Borges, politicien vénézuélien vétéran actuellement basé à Bogota, en Colombie, a souligné que le Venezuela était prêt à mettre en place des « liens diplomatiques pleins et entiers » avec Israël. « Mais nous attendons une réponse officielle de la part du gouvernement israélien concernant l’acceptation formelle du rabbin Pynchas Brener en tant qu’ambassadeur », précise-t-il.

« Jusqu’à présent, il n’est reconnu que comme représentant du gouvernement du président Guaido. C’est une différence. Donc on attend. Et quand ça arrivera, nous serons désireux d’ouvrir une ambassade en Israël. C’est un processus lent ».

Julio Borges, président de l’Assemblée nationale du Venezuela d’alors, lors d’une conférence de presse devant le bâtiment de l’Assemblée nationale de Caracas, le 31 juillet 2017 (Crédit : AFP Photo/Federico Parra)

Tandis qu’il se trouvait à Jérusalem, Borges a rencontré des responsables du ministère des Affaires étrangères mais il n’a pas obtenu d’entretien avec le ministre des Affaires étrangères Israel Katz. Il s’est rendu à une réunion avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à laquelle tous les délégués de la Fondation des alliés d’Israël avaient été invités.

Le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem a répondu à une demande du Times of Israël en déclarant qu’Israël reconnaissait Juan Guaido comme président intérimaire et que le rabbin Brener était son « représentant spécial ».

Brener, qui est né en Pologne, a grandi au Pérou et fait ses études dans une yeshiva de New York City ainsi qu’à l’université de Columbia avant de devenir grand-rabbin à Caracas. Il vit actuellement à Miami, en Floride, pour vivre aux côtés de ses enfants, petits-enfants et arrières-petits enfants.

Depuis sa nomination en août, l’ambassadeur a rencontré des confrères de Guaido, des hommes d’affaires et autres qui pourraient favoriser les relations bilatérales, et ce, même en l’absence de relations diplomatiques officielles.

« J’essaye d’établir des relations culturelles, même économiques pour l’avenir, pour le jour d’après, parce que le Venezuela sera un excellent endroit pour investir », a-t-il dit; « Parce qu’il y a beaucoup à faire, parce que beaucoup de choses n’ont pas été faites ces vingt dernières années. »

Si le Venezuela ouvre une ambassade en Israël, il se rendra immédiatement en Israël pour diriger la mission, a déclaré Brener.

L’ambassade sera-t-elle à Tel Aviv ou à Jérusalem ? « Nous en parlerons quand nous y serons. Vous savez, petit-à-petit », a-t-il répondu. Brener n’a pas évoqué l’emplacement de la future ambassade quand Guaido l’a appelé pour lui annoncer sa nomination en tant qu’ambassadeur en Israël.

« Nous n’en avons pas parlé, mais vous pouvez bien imaginer, en tant que rabbin, où est mon cœur, et nous ferons de notre mieux pour que [l’ambassade] soit à sa juste place en Israël », a-t-il dit.

Le rabbin Pynchas Brener, ancien grand rabbin ashkénaze du Venezuela. (Crédit : Gil Shefler/JTA)

Bien que Brener, 88 ans, n’ait jamais rencontré Guaido en personne, il parle de lui en terme très élogieux. « C’est quelqu’un de génial. Un jeune homme, 35 ans, progressiste, visionnaire, pragmatique, amoureux de la liberté et de la libre concurrence, vous savez, les valeurs que nous avons.’

Mais est-ce qu’il réussit ce que les Américains appellent le « kishke test » ? En d’autres termes, comprend-il ou apprécie-t-il la communauté juive ?

« Je pense que oui. Vous savez, les Vénézuéliens sont très ouverts, et la communauté juive y a prospéré pendant de très nombreuses années », a dit Brener.

« Malheureusement, ce gouvernement rend la vie impossible au Venezuela… Le salaire minimum actuel est entre cinq et huit dollars par mois. Comment vit-on de ça ? C’est très difficile. »

Le gouvernement Maduro distribue des colis alimentaires à ses fidèles, mais des enfants meurent encore de malnutrition et les malades chroniques ne bénéficient pas des soins dont ils ont besoin, s’est-il désolé. « La situation actuelle est très difficile, et elle doit prendre fin. Un changement s’impose, c’est inévitable. »

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