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A Istanbul, l’université gagnée par les violences entre pro et anti-djihadistes

Un mois après de violentes échauffourées, des unités antiémeute stationnent toujours devant l'université avec véhicules blindés et canons à eau, prêtes à intervenir

Une jeune manifestante turque criant contre la police le 13 mars 2014 (Crédit : AFP)
Une jeune manifestante turque criant contre la police le 13 mars 2014 (Crédit : AFP)

« Nous étions au milieu d’une zone de guerre ». Après les rues de nombreuses villes de Turquie, l’université d’Istanbul a, à son tour, été le théâtre de violents incidents entre pro et antijihadistes, qui ont causé la stupeur de nombreux étudiants.

Les premiers affrontements avaient éclaté le 26 septembre, lorsque des partisans du groupe Etat islamique (EI), qui assiège la ville de syrienne kurde de Kobané, se sont opposés à un rassemblement antijihadiste organisé par des militants d’extrême gauche sur le campus de la faculté de sciences humaines, dans le district de Beyazit.

Ce jour-là, une dizaine de personnes, armées de bâtons, de couteau ou de hachoirs de boucher, certaines masquées, ont fondu sur les manifestants.

Etudiante en arts dramatiques, Aslihan Celebi y était. Un mois après, elle est encore choquée par ce brusque déchaînement de violence.

« C’était un raid brutal, ils s’en sont pris non seulement aux gauchistes mais à tous les étudiants », se souvient la jeune femme de 22 ans. « Ils ont commencé par chanter l’hymne de l’EI, crié ‘Dieu est grand’ et attaqué tous ceux qui étaient là sans faire de différence », poursuit-elle, « ils ont même frappé le serveur de la cafétéria ».

Les islamistes ont déchiré une banderole qui proclamait « nous ne resterons pas spectateurs des massacres d’EI », avant qu’une furieuse bataille rangée ne les oppose à leurs adversaires, blessant grièvement un étudiant.

Depuis, le campus de Beyazit est sous haute tension. Les échauffourées se sont multipliées et la police y a procédé à des descentes musclées ponctuées de multiples arrestations. Aujourd’hui encore, ses unités antiémeute sont stationnées devant l’université avec véhicules blindés et canons à eau, prêtes à intervenir.

Anil Orun a fait les frais début octobre d’une de leurs opérations musclées et, selon lui, très partisanes.

« La police a fait le tour des salles de cours à la recherche des étudiants de gauche », raconte l’étudiant en histoire de 22 ans. « Ils nous ont insultés, visés avec leurs armes et menacés de tirer des balles en caoutchouc et même des balles réelles si nous leur résistions », ajoute-t-il, « ils ont même frappé certains d’entre nous à terre ».

« Longue histoire de tensions »

Début octobre, de graves émeutes ont secoué la Turquie, surtout dans ses villes du sud-est à majorité kurde, opposant des jeunes kurdes qui dénonçaient le refus du gouvernement islamo-conservateur d’Ankara d’intervenir pour aider Kobané à des groupes d’islamistes ou de nationalistes. Elles ont fait plus de 30 morts.

Les affrontements qui ont éclaté à l’université d’Istanbul ont ressuscité le souvenir des violences entre étudiants d’extrême gauche et d’extrême droite qui agitaient les campus turcs avant le coup d’État de 1980.

Même amoindries, ces rivalités ont persisté, notamment dans la faculté de Beyazit.

« Notre université à une longue histoire de tensions droite-gauche. Mais c’est la première fois que l’on voit des heurts entre gauchistes et islamistes », explique un étudiant, Ugur Diner, 20 ans. « Tout ça, c’est parce que la police, l’administration de l’université et le parti au pouvoir protègent les islamistes », accuse-t-il.

« Certains sont venus d’autres universités pour nous provoquer, et tous n’étaient même pas étudiants », renchérit Aslihan Celebi. « Ils s’en sont pris aux étudiantes. Ils nous ont traitées de ‘salopes’ et de ‘putes' », ajoute-t-elle, « pour eux, le simple fait de s’asseoir à côté d’un garçon justifie ces attaques ».

La police comme l’administration de l’université n’ont pas donné suite aux demandes d’entretien sollicitées par l’AFP.

Dans une déclaration au magazine religieux Haksöz, le groupe responsable de l’attaque du 26 septembre a fièrement revendiqué ses actes. « Si quelqu’un doit rendre des comptes, ce ne seront pas ceux qui mènent le djihad mais les collaborateurs et les impérialistes qui se cachent derrière l’Otan, l’ONU et les Etats-Unis ».

Ces incidents à répétition ont alourdi le climat dans les amphithéâtres du campus de Beyazit. « J’ai peur que des affrontements reprennent à tout moment », confie Elif Ogut, une étudiante recouverte d’un foulard islamique, « ils (les prodjihadistes) ne nous représentent pas, leurs idées ne sont pas celles de la majorité ».

« La paix n’existe plus au sein de l’université », regrette lui aussi Alican Yesilcimen, étudiant en histoire. « Ces étudiants devraient régler leurs différends hors d’ici, ils n’ont pas le droit de détourner notre éducation ».

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