Affrontements entre Palestiniens, soldats et civils israéliens à un avant-poste
Un membre de la police des frontières a été légèrement blessé ; un Israélien et un Palestinien ont été arrêtés ; les 2 parties se sont jetées des pierres et ont attaqué les soldats
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Des centaines de Palestiniens ont affronté des habitants d’implantation et les forces israéliennes de sécurité dans la journée de jeudi, dans le centre de la Cisjordanie, alors qu’ils manifestaient contre l’établissement d’un nouvel avant-poste situé à proximité sur des terres qui, disent-ils, leur appartiennent.
Un agent de la police des frontières a été légèrement blessé dans ces affrontements. Les Israéliens et les Palestiniens se sont jetés des pierres, et ont également attaqué les forces de sécurité. Un communiqué de la police des frontières n’a pas précisé qui était à l’origine du jet de pierre qui a blessé l’agent touché.
Des groupes activistes palestiniens avaient organisé une marche de protestation depuis le village de Turmus Aya, à travers la vallée de Shiloh et vers une colline appelée Geulat Tzion – c’est le nom que lui ont donné les habitants d’implantation.
Des structures illégales avaient été installées là-bas par des Israéliens désireux d’établir un avant-poste à plus d’une dizaine d’occasions, ces dernières années, mais les forces de sécurité étaient intervenues à chaque fois.
Au début du mois, plusieurs nouvelles structures sont apparues, attisant la colère des Palestiniens, autrefois propriétaires de ces terres saisies par l’Etat pour des raisons de sécurité.
Geulat Tzion est situé sur ce qu’Israël considère comme des terrains appartenant à l’Etat. Sous les termes de la loi israélienne, le gouvernement peut exproprier des terres si elles semblent ne pas avoir été travaillées pendant une certaine période de temps. Les Palestiniens rejettent pour leur part ces confiscations.
Pour les Palestiniens, les avant-postes autour de Shiloh ont rendu l’agriculture dans le secteur très difficile. L’armée israélienne ferme souvent les terres avoisinantes pour prévenir les affrontements avec les habitants d’implantations que les villageois palestiniens accusent de harcèlement et d’intimidation dans leurs champs.
Les habitants d’implantations, quant à eux, clament que ces frictions sont provoquées par les Palestiniens, qui sont poussés par les ONG israéliennes de gauche.
Les Palestiniens sont partis de Turmusaya et se sont trouvés face aux soldats israéliens qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour tenter de disperser la marche, a fait savoir la porte-parole de Yesh Din, Sharona Weiss, présente lors de la manifestation.
Généralement, l’armée israélienne ne permet pas de larges rassemblements de Palestiniens en Cisjordanie – qu’elle considère comme un trouble à l’ordre public.
L’armée israélienne a finalement laissé les Palestiniens continuer leur route vers Geulat Tzion. Néanmoins, quand ils sont arrivés sur une colline adjacente, les forces de sécurité israéliennes ont, une fois encore, utilisé des méthodes de dispersion.
Une séquence montre des Palestiniens jeter des pierres sur les soldats et sur les agents de la police des frontières. Les forces de l’ordre ont indiqué dans une déclaration que des pétards ont également été lancés sur leurs troupes.
C’est à ce moment-là, a dit Weiss, que des dizaines d’habitants d’implantations sont arrivés sur les lieux et qu’ils ont également commencé à jeter des pierres sur les Palestiniens.
Selon le site d’information officiel de l’Autorité palestinienne, Wafa, deux hommes ont été blessés par des balles de caoutchouc et des dizaines ont été intoxiqués par les gaz lacrymogènes.
Au cours de la scène chaotique qui s’est déroulée, un véhicule de l’armée israélienne est entré dans une ambulance palestinienne. Il n’a pas été rapporté s’il y avait eu des blessés lors de cet incident.
La police des frontières a expliqué avoir arrêté un Israélien et un Palestinien au cours de la confrontation mais un membre de Yesh Din a expliqué que, selon lui, une dizaine de jeunes Palestiniens avaient été appréhendés.
Tandis que ce membre de l’organisation de gauche a expliqué que les deux parties avaient jeté des pierres, l’armée n’a employé que des outils de dispersion d’émeutes à l’encontre des Palestiniens.
La police des frontières a expliqué dans un communiqué que les habitants d’implantations comme les Palestiniens présents sur le site avaient violé une ordonnance de zone militaire fermée.
Des dizaines d’Israéliens se trouvaient dans le secteur après avoir été invités par les activistes de Geulat Tzion, qui avaient organisé un événement pour les familles avec des châteaux gonflables géants pour les enfants.
« Le peuple d’Israël a l’exclusivité du droit à sa terre. En vertu de ce droit, nous monterons sur la crête du sud de Shiloh pour y renforcer la présence juive et empêcher la construction d’une nouvelle ville arabe », disait le prospectus invitant les habitants d’implantations à la fête.
De plus, jeudi, la police des frontières a fait savoir qu’elle avait arrêté trois Palestiniens soupçonnés d’être impliqués dans des activités terroristes. Les forces de sécurité ont mené une opération dans leurs domiciles de Beit Liqya, à côté de Ramallah, où ils ont trouvé des dispositifs explosifs. La prolongation de la détention des suspects, qui sont âgés d’une trentaine et d’une quarantaine d’années, pendant 12 jours supplémentaires a été décidée par la cour militaire d’Ofer.
Les affrontements de jeudi sont survenus vingt-quatre heures après que des groupes israéliens des droits de l’Homme ont fait savoir qu’un groupe d’habitants d’implantations qui portaient un masque et qui était armés de pieds-de-biche ont agressé un groupe d’activistes, avec parmi eux un rabbin octogénaire, qui aidaient des agriculteurs palestiniens à faire leurs récoltes, dans le nord de la Cisjordanie.
Sur les cinq bénévoles blessés, quatre étaient en visite – originaires des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de pays européens, a fait savoir un militant de Yesh Din. Le rabbin Moshe Yehudai, activiste israélien de l’organisation des Rabbins pour les droits de l’Homme, souffre de coups aux bras et à la tête. Il a été évacué et pris en charge au centre médical Meir, de Kfar Saba, avec un bras cassé.
Le groupe Rabbis for Human Rights recrute des bénévoles pour accompagner les Palestiniens qui, selon lui, subissent régulièrement des intimidations et des violences lorsqu’ils se rendent dans leurs champs situés à proximité d’implantations dans toute la Cisjordanie.
Un communiqué de l’implantation de Yitzhar, mercredi, a attribué l’incident aux « provocations causées par les activistes d’extrême-gauche » qui, avec les Palestiniens, se sont approchés de l’implantation – ce que le communiqué a qualifié de « danger sécuritaire ».