Alerte à la bombe : 2 synagogues de Californie évacuées en plein office de Shabbat
Selon l'ADL, les coupables choisissent leurs cibles en fonction de la disponibilité des offices de prière diffusés en direct, pour voir comment les fidèles réagissent
JTA – Au moins deux synagogues en Californie ont été évacuées pendant les offices de Shabbat au cours du week-end. Cela fait quatre semaines que des trolls en ligne lancent de fausses alertes à la bombe et d’autres menaces à la sécurité des congrégations juives.
Au moins 26 congrégations dans 12 États ont reçu des menaces, selon l’Anti-Defamation League (ADL), qui appelle à la vigilance face à ce déferlement. L’organisation estime que les instigateurs choisissent leurs cibles en fonction de la disponibilité des offices et autres services diffusés en direct, motivés par la perspective de pouvoir voir les fidèles réagir aux menaces en temps réel.
« C’est ce qui arrive lorsque des individus se regroupent derrière leur haine des juifs et utilisent la technologie pour tenter d’optimiser cette haine », a déclaré Oren Segal, vice-président du Centre sur l’extrémisme de l’ADL, à la Jewish Telegraphic Agency.
Les deux synagogues californiennes qui ont été évacuées en réponse aux menaces sont la synagogue Beth Torah, une congrégation réformée de Fremont, qui a vidé son bâtiment vendredi soir, et la synagogue Beth Tikvah, une congrégation réformée de Fullerton, qui a fait de même pendant les offices du samedi. Ces deux congrégations avaient reçu des appels à la bombe anonymes.
La retransmission en direct sur Facebook de l’office à la synagogue Beth Tikvah montre le moment où la menace parvient aux responsables de l’office. « J’ai bien peur que nous devions nous arrêter et quitter le bâtiment tout de suite », entend-on dire le rabbin Mati Kirschenbaum, avant de poser sa main sur l’épaule de la chantre Shannon McGrady Bane pour l’inviter à cesser de chanter. Cette dernière acquiesce, enlève ses écouteurs et quitte le champ de la caméra, tandis qu’un message s’affiche à l’intention des téléspectateurs : « La diffusion doit être interrompue ».
Les synagogues de Beth Torah et Beth Tikvah n’ont pas répondu aux demandes de commentaires lundi.
Deux bureaux de l’ADL et d’autres congrégations religieuses, notamment des églises afro-américaines, ont également fait l’objet de menaces. Le motif principal de ces incidents semble toutefois être l’antisémitisme, a déclaré Segal, citant ce qu’il a appelé « l’antisémitisme vulgaire et classique » qui ressort du langage utilisé dans les appels téléphoniques. Les auteurs ne semblent pas être liés à des groupes antisémites plus importants, a-t-il ajouté.
Les synagogues et autres institutions juives ont déjà fait face à plusieurs vagues de fausses alertes, notamment une série d’alertes à la bombe dans des écoles et des centres communautaires juifs en 2017, qui a par la suite été attribuée à un adolescent juif qui se trouvait en Israël.
Début 2020, des menaces envoyées par courriel à des centres communautaires juifs ont été jugées non crédibles, mais elles ont tout de même provoqué des perturbations dans 23 États.
Selon Segal, bien que le harcèlement antisémite soit devenu un problème plus fréquent pour les synagogues au cours des dernières années, la nature persistante de la vague actuelle « la situe à un niveau au-dessus de la norme ».
L’augmentation du nombre de synagogues diffusant leurs offices en direct depuis la pandémie a ouvert la voie à de nouvelles nuisances. (Un moment marquant pour les synagogues américaines a eu lieu en janvier 2022, lorsqu’un homme armé a pris en otage un rabbin et trois fidèles dans une synagogue du Texas dont l’office était retransmis en direct).
Bien que l’ADL ne recommande pas aux congrégations de cesser de retransmettre leurs offices, Segal a indiqué que les responsables de synagogues devraient être conscients du fait que des « acteurs malveillants » puissent tenter de les manipuler, en particulier à l’approche des fêtes du Nouvel An juif.
« La particularité réside dans le fait qu’il s’agit d’une campagne ciblée utilisant des outils que beaucoup d’entre nous considèrent comme normaux, mais qui sont utilisés à des fins criminelles », a-t-il déclaré. « À l’approche des fêtes du Nouvel An juif, cela représente une raison supplémentaire d’être inquiet et de se montrer et vigilant ».