Allemagne : un texte clé sur l’antisémitisme finalisé par les députés
Le texte des parlementaires met en avant "l'ampleur effrayante d'un antisémitisme basé sur l'immigration en provenance des pays d'Afrique du Nord et du Proche et Moyen-Orient"
Les députés allemands vont être saisis d’une résolution, finalisée après d’intenses débats, visant à renforcer la lutte contre l’antisémitisme, notamment dans la sphère éducative et culturelle, ont indiqué samedi des sources parlementaires.
Non contraignant, le texte a pour but de « protéger, préserver et renforcer la vie juive en Allemagne », selon la version consultée par l’AFP.
La résolution doit être soumise la semaine prochaine au Bundestag. Elle est soutenue par les trois partis du gouvernement d’Olaf Scholz (sociaux-démocrates, écologistes, libéraux) et l’opposition conservatrice (CDU) qui ont âprement débattu sur sa formulation du texte.
Ses partisans saluent une clarification nécessaire dans un contexte de grave recrudescence des actes antisémites en Allemagne depuis les événements du 7 octobre 2023 – l’attaque sans précédent du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Des voix critiques redoutent que certaines dispositions du texte restreignent la liberté académique et culturelle.
Le document parlementaire appelle à garantir « qu’aucune organisation ou projet qui propage l’antisémitisme, remet en question le droit à l’existence d’Israël, appelle au boycott d’Israël ou soutient activement le mouvement BDS [anti-Israël Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël] ne bénéficie d’un soutien financier ».
Dans les établissements d’enseignement, la résolution recommande « l’application du droit d’accès aux locaux [académiques], l’exclusion des cours voire le renvoi dans des cas particulièrement graves ».
Les universités allemandes ont été le théâtre de nombreuses manifestations anti-Israël depuis un an et des débats houleux agitent les milieux culturels sur la conduite de la guerre menée par Israël.
Parmi les détracteurs du texte, une centaine d’artistes et d’intellectuels juifs vivant en Allemagne ont estimé, dans une tribune parue cet été, que la résolution « n’atteint pas les objectifs qu’elle s’est fixés. Elle affaiblira, au lieu de la renforcer, la diversité de la vie juive en Allemagne en associant tous les Juifs aux actions du gouvernement israélien ».
Une contre-proposition rédigée par des juristes a par ailleurs reçu depuis fin octobre le soutien de quelque 600 personnalités du monde universitaire, associatif, culturel qui appellent à un texte « protégeant la vie juive sans monter les minorités les unes contre les autres ».
Le texte des parlementaires met en avant « l’ampleur effrayante d’un antisémitisme basé sur l’immigration en provenance des pays d’Afrique du Nord et du Proche et Moyen-Orient », tout en constatant que le phénomène est de « plus en plus manifeste et violent dans les milieux d’extrême droite » et aussi lié à « l’anti-impérialisme de gauche ».