Allemagne : une remise de prix reportée après des propos controversés sur Gaza
L'auteure juive Masha Gessen "sous-entend qu'Israël a pour objectif de liquider Gaza comme un ghetto nazi", a regretté la Fondation Heinrich Böll
Une cérémonie qui devait récompenser vendredi en Allemagne une journaliste américano-russe a été reportée après ses commentaires jugés « inacceptables » sur le conflit entre Israël et les terroristes palestiniens du Hamas publiés récemment dans un magazine américain.
L’auteure Masha Gessen, collaboratrice du magazine américain New Yorker, devait recevoir le prix Hannah Arendt pour la pensée politique, décerné à Brême, dans le nord de l’Allemagne.
Mais la Fondation Heinrich Böll, qui finance cette récompense dotée de 10 000 euros, a annoncé qu’elle se retirait de l’événement.
La fondation, proche du parti des Verts, a jugé « inacceptables » de récents propos de la lauréate qui, dans un essai publié par le New Yorker le 9 décembre, avait notamment comparé Gaza aux « ghettos juifs dans l’Europe occupée » par les nazis.
L’auteure, elle-même juive, critique aussi dans cet écrit le soutien inébranlable de l’Allemagne à Israël.
« Elle sous-entend qu’Israël a pour objectif de liquider Gaza comme un ghetto nazi », a regretté la Fondation Heinrich Böll dans un communiqué. « Cette affirmation n’aide pas à comprendre le conflit au Proche-Orient », déplore-t-elle, précisant cependant ne pas vouloir un retrait du prix attribué à Masha Gessen.
Une cérémonie aura finalement lieu ce samedi matin « dans un cadre plus restreint », a indiqué l’association « Prix Hannah Arendt pour la pensée politique » qui refuse un « boycott » de Masha Gessen.
Cette récompense est « synonyme d’une culture ouverte du débat, d’une ouverture aux controverses, aux idées désagréables, de nouvelles façons de réfléchir et d’un débat public mené de manière éclairée », pense l’association.
Le gouvernement allemand d’Olaf Scholz, auquel participent les Verts, s’est affirmé comme l’un des soutiens les plus fermes d’Israël depuis l’attaque barbare du Hamas sur son sol le 7 octobre dernier et le début de l’offensive militaire contre le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza, le 27 octobre.
Ce positionnement s’est accompagné de l’annulation, ces dernières semaines, de plusieurs événements culturels en Allemagne après des déclarations de participants jugées anti-Israël.
Cette tendance a nourri les craintes d’une dégradation de la liberté artistique dans un pays hanté par la culpabilité de la Shoah.
De leur côté, les partisans des annulations expliquent qu’il s’agit plutôt de combattre l’antisémitisme qui sévit de plus en plus en Europe depuis le début du conflit entre Israël et la branche palestinienne des Frères musulmans.